Non ignora mali miseris succurrere disco / J'apprends à secourir les malheureux en femme qui sait ce qu'est le malheur
Publié le 02/01/2022
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Non ignara mali miseris s11cc11rrere disco
J'apprends à secourir les malheureux en femme qui sait ce
qu'est le malheur
Il s'agit de l'un des vers de Virgile les plus célèbres et les plus difficiles
à traduire
(Enéide, 1, 630) en raison de la force du disco final : c'était
par ces mots que Didon
ten11~nait son discours de bienvenue à Enée et
à ses compagnons, sur des accents dignes de la plus belle des tragédies
grecques, en leur confiant que les épreuves personnelles qu'elle avait
dû traverser lui avaient appris à comprendre la souffrance d'autrui.
Nombreuses furent les reprises de ce vers au Moyen-Age,
à l'époque
11 1(ldeme et à l'époque contemporaine.
d'autant que ce vers et l'huma-
11;1,1.-.
qu'il exprime, se prêtaient particulièrement à une interprétation
chrétienne : cf.
Raoul Ardent
(Homiliae, Pl 155, 14 79b ), André de
Saint-Victor
(Expositiones historicae in libros Salomonis.
Expositio
J,iJtorica in parabo/is, 2259) et Hildebert de Lavardin (Sermones,
f'/J 171, 661 d), qui l'utilisait pour souligner que les grands pécheurs,
tel saint Paul, étaient souvent devenus les plus grands des apôtres.
Notre fo1111ule fut aussi répertoriée pa1111i les sentences médiévales par
Walther ( 17888a) et elle prit
un relief particulier dans la préface de
l"Anatomie de la mélancolie de Robert Burton, et dans l'Emile (4) de
J.-J.
Rousseau, qui la commentait de la façon suivante:
On ne plaint
;,,mais dans autrui que les maux dont on ne se croit pas exempt soi
,,,éme ; elle fut également reprise par Giambattista Varesco dans le
li\·ret d'Jdoménée roi de Crète de Mozart (1, 10: Ahi, troppo, amico,
cl,1//e miserie mie instrotlo / io fui a intenerinni a/le miserie altrui).
Les
citations furent nombreuses dans la littérature des dix-neuvième et
,·ingtième siècles: cf.
François-René de Chateaubriand
(Mémoires,
1..
1, 10) ; A.
Manzoni (Du Roman historique, 2, 1 ; Fermo et Lucia,
3 ..
8); Francesco Domenico Gut;t,azzi (Beatrice Cenci, 2), où ces mots
s ;
A.
Lang (A Monk of Fife, 2, 10) ; A.
France (Le livre de mon ami.
lVouvelles amours, 3) et surtout l'Ulysse de Joyce (3).
Mais ce vers ser
'il aussi de devise à une institution des Etats pontificaux fondée le 16
décembre 1846 et baptisée Pio Jstituto di Soccorso pei Medicl,
('hirorgi e Farmacisti di Roma, >), ainsi qu'au
jeune Piero Calamandrei et
à diverses familles de la noblesse anglo
saxone (les
Diamo~ les Savage, les Smyth et les Soltan), et au clan
des McMillan du Nouveau Mexique..
»
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