NODIER: vie et oeuvre

« NODIER CHARLES NODIER naquit à Besançon.

Sous la Terreur, son père présida le tribunal criminel de cette ville.

L'enfantconçut une vive aversion pour les excès révolutionnaires et il devait même plus tard se signaler par son zèleroyaliste.

Après bien des mésaventures dues à son naturel imprudent et à son amour du paradoxe, il trouve enfinson équilibre.

En 1824, il devient conservateur de la bibliothèque de l'Arsenal.

Dans son salon, il réunit chaquedimanche des écrivains et des artistes, dont les uns (Guiraud, Soumet, Chênedollé) gardent encore des liens avec leclassicisme et dont les autres, les plus nombreux (Lamartine, Émile et Antony Deschamps, Hugo, Vigny, Sainte-Beuve, Musset), formeront bientôt l'école romantique.

C'est un hôte charmant et un conteur exquis.Après 1830, il se sent dépassé par le mouvement romantique, dont il désapprouve les outrances.

Il s'efface et s'isoledans son monde intérieur.

Car Nodier fut, comme son héros de La Fée aux miettes, un « lunatique volontaire ».

Pleind'enthousiasme, mais découragé par la vie, il n'évita « la tentation de la révolte qu'en cédant à celle de l'évasion »(P.-G.

Castex).* PRINCIPALES ŒUVRES Les Proscrits (1802), Le Peintre de Salzbourg (1803), Jean Sbogar (1818). De ces trois romans les deux premiers sont fortement marqués par l'influence de Werther.

Le troisième conte lesaventures et les amours 0 d'un bandit au grand coeur. Smarra ou les Démons de la nuit (1821). Conte fantastique, où les personnages sont en proie à des visions de cauchemar, qu'ils prennent pour desévénements réels. Trilby ou le Lutin d'Argail (1822) : conte. Le lutin Trilby est amoureux de Jeannie, la femme du pêcheur Dougal.

Il ne peut obtenir d'elle un aveu d'amour.Pourtant elle lui est profondément attachée.

En voyant s'accomplir les exorcismes qui enfermeront Trilby pour milleans dans le tronc d'un arbre, elle tombe morte. Du fantastique en littérature (1830). De la palingénésie humaine et de la résurrection (1832). La Fée aux miettes (1832) : conte. La Fée aux miettes est une vieille mendiante, pour laquelle un jeune homme s'est pris d'affection.

Il finit parl'épouser.

Elle lui apparaît alors sous les traits de Belkiss, la reine de Saba et il vivra près d'elle, confondant les deuximages, jusqu'au jour où il sera enfermé comme lunatique à l'hospice de Glascow.

C'est là que l'auteur prétend l'avoirentendu raconter son aventure.Inès de las Sierras (1837).

La matière de ce conte est faite surtout d'apparitions auxquelles l'auteur donne ensuitedes explications plausibles. • UN AMATEUR DE FANTASTIQUE Vers 1820, l'oeuvre de Nodier traduit le goût de l'époque pour les inventions fantastiques.

Ce goût s'atténuera peu àpeu.

Mais il subsiste chez Victor Hugo,dans les premières poésies de Musset, les romans mystiques de George Sand, les nouvelles de Mérimée.Nodier pense que notre « vie de dérision et d'erreur » n'a de sens que si l'homme est destiné à se transformer enune créature moins imparfaite.

La création n'est pas achevée.

Des cendres du genre humain naîtra bientôt une raced'êtres supérieurs, sorte d'anges qui peupleront la terre.

A partir de 1832, l'oeuvre de Nodier vulgarise cette notionde « palingénésie humaine », dogme essentiel de la religion romantique.D'une manière générale, Nodier exalte le rêve comme source de bonheur pour l'homme et comme thème d'inspirationpour l'écrivain.

Il crée ainsi une tradition littéraire qui aura de nombreux continuateurs : Nerval, Lautréamont, lessurréalistes, Alain-Fournier, Giraudoux.. »