Nigeria

« 1 / 2 5 octobre 1966 Série B-51 Fiche No 1384 Nigeria 1.

Le Nigeria, le plus peuplé des pays d'Afrique (55 millions d'habitants) est composé de peuples antagonistes, héritiers de frontières tracées à l'époque coloniale.

Organisé sur une base fédérale, en 1960, lors de l'indépendance, il fut souvent cité comme une réussite de la décolonisation et un modèle démocratique en Afrique.

De violentes crises en démontrèrent la fragilité.

En 1966, le seul choix semblait être entre l'éclate­ ment en plusieurs nations ou le maintien d'une fédération lneHicace.

2.

L'UnHed Africa Company, compagnie à charte, fut à l'origine de cet immense territoire (928 000 km 2 ) consolidé ensuite par un brillant administrateur britannique, lord Lugard.

Ses quatre divisions actuelles correspondent à des ethnies, des religions et des degrés de développement diHérents.

Le Nord, le plus peuplé (29,8 millions d'habitants) et donc majoritaire au Parlement fédéral, est féodal et islamisé.

Les trois régions du Sud (Occident, Moyen-Occident et Orient) sont animistes ou christianisées.

Elles s'industrialisent et se modernisent.

Le syndicalisme progresse.

Mais elles ne sont pas unies et des rivalités tribales y opposent Yoroubas de l'Ouest et Ibos de l'Est.

3.

Sur une base régionale, les partis politiques traduisaient ces antagonismes.

Le NPC (Northern People's Congress) du Nord s'opposait à l'Action Group, dominant dans l'Ouest et au NCNC (National Convention of Nigerian Citizens), majoritaire dans l'Est.

Chacun tendant au monopole par tous les moyens dans sa région cherchait également à susciter l'opposition dans lés autres.

Sur~ le plan fédéral, l'unité ne fut maintenue que grâce à l'habileté du premier ministre sir Abubakar Tafewa Balewa, un Nordiste, et au prestige panafricain du président Nnamdi Azikiwe, un Sudiste.

4.

Les fêlures de l'édifice se multiplièrent (emprisonnement en 1962 du chef Awolowo, premier ministre de la région occidentale et ennemi déclaré du Nord, grèves donnant au Sud conscience de sa force, boycott des élections de 1964, irrégularités et corrup­ tion lors des scrutins).

Néanmoins les Nordistes parvenaient à dominer le Parlement.

5.

L'armée décida d'intervenir et prit le pouvoir en janvier 1966.

Ce fut une revanche du Sud et le plus sanglant des coups d'Etat militaires africains.

Plusieurs centaines de personnes furent exécutées, parmi lesquelles sir Abubakar et sir Ahmadu Bello, artisan de l'indépendance et chef spirituel non seulement du Nord mais de l'islam.

Triomphant, le général J.

Arguiyl lronsi, ancien élève de Sandhurst, décréta (mai 1966) l'abolition du fédéralisme.

Il fut renversé et exécuté à son tour deux mois plus tard.

Son successeur, le colonel Yakabu Gowon, s'est engagé à rétablir le régime fédéral.

6.

Riche en hommes, le Nigeria l'est aussi en ressources (arachides, cacao, bois, huile de palme).

Ses meilleurs atouts sont les ressources hydro-électriques et le pétrole (12 millions de tonnes prévues en 1967) ainsi que le gaz naturel que l'on envisage d'exporter vers l'Angleterre.

Mais les convulsions politiques et les menaces d'éclatement risquent de compromettre l'avenir.

Le pétrole, de découverte récente, pourrait renforcer les sentiments séparatistes dans les régions du Sud si elles refu­ saient de partager cette richesse avec les zones moins favorisées. 2 / 2. »