Neuroleptiques
Publié le 15/05/2020
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1 / 2 22 février 1967 Série C-17 Fiche N• 1630
Neuroleptiques
1.
L'une des perspectives les plus fécondes de la psychiatrie moderne est indisso ciable du développement de la psycho-pharmacologie.
La chimiothérapie psychia
trique possède aujourd'hui des moyens de plus en plus étendus pour modifier la conscience morbide.
L'une des catégories les plus importantes de ces drogues a
reçu le nom générique de neuroleptiques.
2.
L'idée d'employer des substances chimiques pour guérir des malades mentaux
remonte aux temps les plus anciens.
Hippocrate utilisait déjà l'opium pour soigner
des délires.
Au Moyen Age, le laudanum était connu pour son action sur la mélancolie.
Ces drogues, auxquelles étaient venues s'ajouter la cocaïne et la morphine, ont été
abandonnées par suite des dangers immenses de toxicomanie qu'entraînait leur
utilisation chez les névrosés.
La chimiothérapie devait être transformée par la décou verte de deux substances végétales: la réserpine et la chlorpromazyne.
Extraites de
la rauwolfia, plante qui pousse sur les premiers contreforts de l'Himalaya, ces deux
drogues constituent les premiers et les plus importants des médicaments
psycho tropes.
3.
Les neuroleptiques apparaissent comme un groupe de drogues ayant pour fonc tion générale de calmer l'anxiété et de réduire les délires.
Ils se caractérisent par
cinq proprié~és fondamentales: ils entraînent la réduction des troubles psychotiques,
suppriment les psychoses expérimentales.
Ils ont une action sédative puissante mais
sans effet hypnotique, une action inhibitrice, et leur lieu d'action est la zone sous corticale du cerveau.
Ces drogues permettent de réduire les expériences délirantes
aiguës; cette propriété des neuroleptiques est sans aucun doute la plus fondamentale.
A
eJie seule, elle évite l'internement, protège le malade contre lui-même, et prévient
la pénétration des phantasmes à l'intérieur de sa conscience dissociée.
Elles sup priment l'anxiété morbide, l'angoisse, et sous des formes dérivées constituent la
plus grande partie des ..
tranquillisants "·
4.
Les neuroleptiques ne sauraient être considérés comme l'équivalent de la psycho thérapie.
Leur mode d'action demeure symptomatique.
Ils ne permettent pas d'agir sur les causes mêmes de la maladie mais seulement de réduire ses effets.
Leur
utilisation a néanmoins bouleversé toute l'organisation de la psychiatrie contempo
raine, en supprimant de nombreux internements.
L'asile ou l'hôpital psychiatrique
tend de plus en plus à être remplacé par l'hôpital de Jour.
Le malade peut poursuivre
son métier et vivre parmi sa famille.
Un centre médical lui administre chaque 'jour
une certaine dose de neuroleptiques, évitant la formation de délires.
5.
Si cette découverte a bouleversé la psychiatrie, l'usage des neuroleptiques ne
va pas sans éveiller de nombreuses inquiétudes.
En réduisant les délires, Ils masquent
la gravité des troubles et rendent souvent le diagnostic très difficile.
Certains malades
ne sont jamais à l'abri d'une explosion délirante soudaine.
Absorbée comme " tran quillisants "• ils offrent à des milliers d'individus, en Amérique notamment, la seule possibilité d'échapper à l'angoisse qui ravage les masses anonymes, celles que les
sociologues ont nommé: ..
the lonely crowd " (la foule solitaire).
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