N’est-ce que collectivement que nous pouvons être heureux ?
Publié le 16/04/2024
Extrait du document
«
Dissertation
N’est-ce que collectivement que nous pouvons être heureux ?
Il semble que la recherche du bonheur soit commune à tous les hommes, et que chacun de
leurs actes et choix soit la preuve de ce dessein collectif.
Or, la grande question qui anime l’humanité
est de savoir comment atteindre cet état absolu, et si cette quête universelle ne peut réussir que
collectivement.
Nous nous demanderons si le bonheur, dont la définition est au coeur du problème, est
un état qui se concrétise dans la communauté, par un sentiment commun et partagé, ou si, au contraire,
il s’agit d’un état intérieur et personnel qui n’a pas de lien avec l’autre, ou encore s’il s’agit d’un
rapport plus complexe qui se situerait dans un compromis entre un espace intime et collectif.
L’homme est un être social, peut-être même l’être le plus social qui soit comme le montre sa
capacité à se former en sociétés, à construire collectivement une culture et à se reconnaître dans un
groupe.
Il apparaît donc difficile qu’il puisse être heureux sans le concours de ces semblables sans
lesquels il peinerait à se définir.
En effet quel homme pourrait jouir de cet état de plénitude qu’est le
bonheur sans pouvoir le partager avec autrui, cet autre qui est indispensable à sa construction.
L’expression « Le bonheur n’est réel que s’il est partagé » que le personnage Christopher McCandless
dans le film Into the Wild note dans son carnet juste avant de mourir, illustre parfaitement cette idée
que le bonheur ne peut advenir sans la possibilité de le partager avec l’autre, généralement avec des
amis qui sont le moyen le plus évident d’être heureux.
En effet après avoir expérimenté la solitude en
s’écartant de la société, le jeune homme, reclus dans une caravane au coeur de la nature croit atteindre
une sorte de plénitude avant que celle-ci ne devienne un poids qui, contraint de rester isoler à cause de
la montée des eaux d’une rivière, fera son malheur.
Et pour cause, il n’aura pas pu partager cette
expérience.
D’autres expressions populaires telle que « l’argent ne fait pas le bonheur » sont autant de
manières de montrer que le bonheur ne se trouve pas dans quelques biens que l’on posséderait mais
plutôt dans le partage avec les autres.
Le bonheur serait donc d’avantage une vertu, à savoir une qualité
que l’homme aurait à se porter vers le bien.
Ce serait donc d’avantage un état qui prône le bien, tant
pour soi que pour les autres.
Ainsi le bonheur ne se manifesterait que collectivement, dans le partage
avec les autres.
Aristote explique dans L’éthique à Nicomaque que « l’homme vertueux aura besoin
d’amis qui recevront de lui des témoignages de sa bienfaisance » pour à son tour être heureux.
C’est
dans cette reconnaissance de l’autre que l’homme vertueux pourrait se reconnaître en tant que tel et
ainsi être heureux à son tour.
L’homme a donc besoin de l’autre, car il est « un animal politique et
naturellement fait pour vivre en société », c’est-à-dire qu’il ne peut être pleinement que dans un rapport
avec les autres qui sont ses semblables.
David Hume va même plus loin dans son Traité de la nature
humaine en disant que l’homme « sera toujours misérable tant que vous ne lui aurez pas donné au
moins une personne avec qui il puisse partager son bonheur, et de l’estime et de l’amitié de laquelle il
puisse jouir ».
Il explique ici clairement cette reconnaissance mutuelle nécessaire pour être heureux
dans la société des hommes.
Bien que nous ayons vu que l’homme, en tant qu’être social, a besoin de l’amitié de ses pairs
pour prétendre au bonheur, car celui-ci se manifesterait dans le partage, il n’en reste pas moins que le
bonheur, qui se caractérise par un état de plénitude pérenne, par opposition au désir dont la satisfaction
provoque un plaisir éphémère, ne peut se réduire à des moments de partage avec les autres dans un
rapport vertueux que caractérise l’amitié, mais plutôt à un état stable qui concerne l’individu seul, dans
son intériorité.
Ainsi, il semblerait que l’homme
Antoine Ollivier
heureux pourrait être celui qui se suffit à lui-même et dont l’état ne dépendrait pas de causes
extérieures.
L’homme ne pourrait être heureux que dans la plus grande solitude, car le monde extérieur qui
change perpétuellement ne lui permettrait pas de prétendre à cette stabilité propre à l’état de bonheur
alors que seul, plongé en son for intérieur, il resterait dans une présence à lui-même qui lui permettrait
d’être heureux.
De nombreuses pratiques d’ascèse sont employées depuis longtemps pour atteindre le
bonheur.
Qu’il s’agisse de cette recherche de l’éveil chez les bouddhistes ou d’autres pratiques
méditatives comme les retraites spirituelles qui sont de plus en plus pratiquées dans nos sociétés
contemporaines ; toutes prônent une plongée en soi, dans son intériorité pour prétendre à une forme
d’état de plénitude.
Ainsi l’accès au bonheur se trouverait en soi, et pour l’atteindre l’individu devrait
se libérer du monde extérieur qui est en perpétuel mouvement et dans lequel aucune stabilité n’est
envisageable.
Jean-Jacques Rousseau exprime parfaitement cette idée dans Les rêveries du promeneur
solitaire.
Il présente le monde comme « un flux continuel » où « rien {ne} garde une forme constante et
arrêtée, et nos affections qui s’attachent aux choses extérieures passent et changent nécessairement
comme elles » ce qui nous empêche d’être dans le présent et nous plonge toujours dans un regret propre
au passé ou un désir propre à l’avenir, en somme « rien de solide à quoi le coeur puisse s’attacher ».
Il
donne ensuite sa méthode pour accéder à « un bonheur suffisant, parfait et plein » et celui-ci se
trouverait dans ses instants de promenades méditatives au cours desquelles la solitude devient un lieu
permettant d’être entièrement dédié à sa propre existence, parasité par aucune cause extérieure et ainsi
d’accéder à cet état qui dure où l’on « se suffit à soi-même comme Dieu ».
En somme pour jouir du
bonheur il faudrait toucher à cette forme d’absolu, de....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Pascal a dit : « Ceux à qui Dieu a donné la religion par sentiment du coeur sont bien heureux et bien légitimement persuadés. Mais ceux qui ne l'ont pas, nous ne pouvons la leur donner que par raisonnement en attendant que Dieu la leur donne par sentiment du coeur. » Vous montrerez comment Pascal a suivi ce dessein dans les Pensées.
- Dissertation : Avons-nous le devoir d’être heureux ?
- Fiche ultime bonheur (attention : ne rend pas heureux)
- ETRE HEUREUX EST CE SATISFAIRE TOUS SES DESIRS
- Dissertation être heureux est-ce réaliser tous ses désirs ?