nature.
Publié le 08/12/2021
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nature. n.f., ensemble de ce qui existe et qui n'est pas issu des interventions de l'homme.
1. PHILOSOPHIE :
les divers sens du mot « nature » paraissent tous avoir pour origine commune l'idée du
développement d'un être vivant selon des caractères prédéterminés. Ce mot dérive de la
même étymologie que le verbe « naître ». La phusis, ou nature, est souvent pour les
Grecs anciens une totalité vivante universelle, dont l'homme lui-même ferait partie
intégrante. Mais le terme nature désigne maintenant de façon commune l'ensemble
constitué par les minéraux, les végétaux et les animaux, c'est-à-dire qui ne résulte pas de
l'art ou de la technique. Il n'existe à l'heure actuelle que peu de traces de la nature originelle
à la surface de la Terre : pôle Sud, lambeaux de forêts primitives... (voir le dossier
protection de la nature).
Le terme nature sert aussi à nommer l'ensemble des propriétés qui définissent un être
quelconque de façon intemporelle. Il est alors synonyme du mot essence. Ainsi sera-t-il
question de l'essence de l'homme aussi bien que de la nature humaine ou de la nature de
l'homme. La nature peut aussi être comprise comme ce qui obéit à un ordre et à des lois
que les sciences dites de la nature se chargent de découvrir. La notion ainsi entendue vise
l'ensemble des phénomènes soumis au déterminisme, par opposition à toute réalité
métaphysique ou encore à ce qui relève de la liberté de l'homme. Enfin, les sciences de
l'homme opposent la nature et la culture, comme s'opposent ce qui est inné ou donné à
l'humanité, ou à l'individu, et ce qui est construit ou institué au cours de l'existence
individuelle et collective.
Dans une perspective religieuse, la notion revêt volontiers un sens normatif. Bonne ou
mauvaise, providentielle ou hostile, innocente ou perverse, la nature est tantôt ce qu'il faut
suivre, tantôt ce qu'il faut fuir ou maîtriser. Imprégnée de vie et de sacralité pour les Grecs,
elle garde un aspect providentiel pour les chrétiens, dans la mesure où elle est création
divine. Mais elle est aussi ce que l'homme peut et doit dominer du fait de son propre
pouvoir créateur et civilisateur. Le débat sur la nature de l'homme révèle la même
ambivalence. Opposera-t-on une nature animale ou une perversité originelle, en tant que
mauvaise nature, à un principe de moralité et de spiritualité ? Ou bien décèlera-t-on dans la
nature un principe d'innocence, de pureté initiale et de sagesse objective, auquel on
opposera alors l'usage pervers de la liberté et les dépravations de l'existence sociale et
historique ? À la question de savoir si la nature est un critère positif ou négatif, peut se
substituer la mise en question de l'idée même de nature humaine. La question : l'homme
possède-t-il ou non une nature ? recevra des réponses variables, selon qu'on entendra par
là une essence intemporelle, des traits biologiques et psychologiques permanents, ou
encore une condition humaine universelle, philosophiquement définie. De l'idée d'une nature
riche en caractéristiques et gouvernant toute l'existence de l'homme, la pensée
contemporaine s'oriente plutôt vers celle d'une « artificialité » (culture) toujours croissante
dans le mode d'être et d'agir de l'humanité. Dès lors, l'homme devient le créateur de sa
propre condition, et, choisissant ce qui le définit mais ne l'enferme pas, il n'a plus de nature
donnée mais une nature qui ne s'effectue que dans et par sa liberté et son histoire.
Complétez votre recherche en consultant :
Les corrélats
animisme
déterminisme
essence - 1.PHILOSOPHIE
François - François d'Assise
liberté
loi naturelle
milieu naturel
naturalisme - 1.PHILOSOPHIE
protection de la nature
Rousseau Jean-Jacques
Thomas d'Aquin
2. LITTÉRATURE :
la nature occupa une position importante dans les oeuvres de l'Antiquité depuis les Travaux
et les Jours d'Hésiode (VIIIe siècle avant J.-C.) jusqu'à la célèbre pastorale de Longus
Daphnis et Chloé (IIe siècle après J.-C.), en passant par les Bucoliques de Virgile (Ier siècle
avant J.-C.) ou le traité poétique De la nature de Lucrèce (Ier siècle avant J.-C.). Partie
prenante du sacré, la nature et les travaux qui la modèlent sont une manière de
communiquer avec ce qui existe au-delà de l'homme. Mais la révolution copernicienne de la
fin de la Renaissance renversa les liens entre visible et invisible, humain et sacré : la nature
n'est plus désormais ce qui comprend l'homme, mais ce que les hommes vont désormais
s'acharner à dominer (que ce soit par la science ou par la technique). Pour la Pléiade (Du
Bellay avec ses Jeux rustiques, 1558, ou Ronsard avec ses Élégies, 1584), elle n'est déjà
plus qu'un thème poétique, objet d'observation analytique. La Fontaine, avec ses Fables,
est sans doute celui chez qui ce déplacement de sens est le plus facilement repérable,
avant que le Siècle des lumières n'octroie à la nature une vertu inédite, celle de l'origine
perdue, de l'immédiateté aux choses et aux êtres, comme on le discerne chez Rousseau
et Bernardin de Saint-Pierre (Paul et Virginie, 1787). C'est à ce moment qu'apparut le
mythe du « bon sauvage », exaltation de la vie primitive loin des corruptions de l'ordre
social.
À la poésie revint la tâche d'établir la nature à la fois comme objet de description et
comme lieu de communion. C'est ainsi que le romantisme chercha dans la nature un lieu
d'épanchement du moi, que le symbolisme y chercha les arcanes de la modernité (en
faisant de la nature le lieu privilégié d'une nouvelle esthétique), alors que le naturalisme ou
le réalisme ne concevaient la nature qu'à l'horizon de l'exactitude d'une description. Au XX e
siècle, la relation à la nature a pris un tour plus « culturel » (chez Francis Ponge en
particulier) ou plus cosmologique (chez René Char ou Paul Claudel).
Complétez votre recherche en consultant :
Les corrélats
classicisme - Littérature - Les règles du classicisme
poésie - Poésie de la nature et nature de la poésie
poésie - Poésie et subjectivité
symbolisme - Le symbolisme en littérature
nature. n.f., ensemble de ce qui existe et qui n'est pas issu des interventions de l'homme.
1. PHILOSOPHIE :
les divers sens du mot « nature » paraissent tous avoir pour origine commune l'idée du
développement d'un être vivant selon des caractères prédéterminés. Ce mot dérive de la
même étymologie que le verbe « naître ». La phusis, ou nature, est souvent pour les
Grecs anciens une totalité vivante universelle, dont l'homme lui-même ferait partie
intégrante. Mais le terme nature désigne maintenant de façon commune l'ensemble
constitué par les minéraux, les végétaux et les animaux, c'est-à-dire qui ne résulte pas de
l'art ou de la technique. Il n'existe à l'heure actuelle que peu de traces de la nature originelle
à la surface de la Terre : pôle Sud, lambeaux de forêts primitives... (voir le dossier
protection de la nature).
Le terme nature sert aussi à nommer l'ensemble des propriétés qui définissent un être
quelconque de façon intemporelle. Il est alors synonyme du mot essence. Ainsi sera-t-il
question de l'essence de l'homme aussi bien que de la nature humaine ou de la nature de
l'homme. La nature peut aussi être comprise comme ce qui obéit à un ordre et à des lois
que les sciences dites de la nature se chargent de découvrir. La notion ainsi entendue vise
l'ensemble des phénomènes soumis au déterminisme, par opposition à toute réalité
métaphysique ou encore à ce qui relève de la liberté de l'homme. Enfin, les sciences de
l'homme opposent la nature et la culture, comme s'opposent ce qui est inné ou donné à
l'humanité, ou à l'individu, et ce qui est construit ou institué au cours de l'existence
individuelle et collective.
Dans une perspective religieuse, la notion revêt volontiers un sens normatif. Bonne ou
mauvaise, providentielle ou hostile, innocente ou perverse, la nature est tantôt ce qu'il faut
suivre, tantôt ce qu'il faut fuir ou maîtriser. Imprégnée de vie et de sacralité pour les Grecs,
elle garde un aspect providentiel pour les chrétiens, dans la mesure où elle est création
divine. Mais elle est aussi ce que l'homme peut et doit dominer du fait de son propre
pouvoir créateur et civilisateur. Le débat sur la nature de l'homme révèle la même
ambivalence. Opposera-t-on une nature animale ou une perversité originelle, en tant que
mauvaise nature, à un principe de moralité et de spiritualité ? Ou bien décèlera-t-on dans la
nature un principe d'innocence, de pureté initiale et de sagesse objective, auquel on
opposera alors l'usage pervers de la liberté et les dépravations de l'existence sociale et
historique ? À la question de savoir si la nature est un critère positif ou négatif, peut se
substituer la mise en question de l'idée même de nature humaine. La question : l'homme
possède-t-il ou non une nature ? recevra des réponses variables, selon qu'on entendra par
là une essence intemporelle, des traits biologiques et psychologiques permanents, ou
encore une condition humaine universelle, philosophiquement définie. De l'idée d'une nature
riche en caractéristiques et gouvernant toute l'existence de l'homme, la pensée
contemporaine s'oriente plutôt vers celle d'une « artificialité » (culture) toujours croissante
dans le mode d'être et d'agir de l'humanité. Dès lors, l'homme devient le créateur de sa
propre condition, et, choisissant ce qui le définit mais ne l'enferme pas, il n'a plus de nature
donnée mais une nature qui ne s'effectue que dans et par sa liberté et son histoire.
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Les corrélats
animisme
déterminisme
essence - 1.PHILOSOPHIE
François - François d'Assise
liberté
loi naturelle
milieu naturel
naturalisme - 1.PHILOSOPHIE
protection de la nature
Rousseau Jean-Jacques
Thomas d'Aquin
2. LITTÉRATURE :
la nature occupa une position importante dans les oeuvres de l'Antiquité depuis les Travaux
et les Jours d'Hésiode (VIIIe siècle avant J.-C.) jusqu'à la célèbre pastorale de Longus
Daphnis et Chloé (IIe siècle après J.-C.), en passant par les Bucoliques de Virgile (Ier siècle
avant J.-C.) ou le traité poétique De la nature de Lucrèce (Ier siècle avant J.-C.). Partie
prenante du sacré, la nature et les travaux qui la modèlent sont une manière de
communiquer avec ce qui existe au-delà de l'homme. Mais la révolution copernicienne de la
fin de la Renaissance renversa les liens entre visible et invisible, humain et sacré : la nature
n'est plus désormais ce qui comprend l'homme, mais ce que les hommes vont désormais
s'acharner à dominer (que ce soit par la science ou par la technique). Pour la Pléiade (Du
Bellay avec ses Jeux rustiques, 1558, ou Ronsard avec ses Élégies, 1584), elle n'est déjà
plus qu'un thème poétique, objet d'observation analytique. La Fontaine, avec ses Fables,
est sans doute celui chez qui ce déplacement de sens est le plus facilement repérable,
avant que le Siècle des lumières n'octroie à la nature une vertu inédite, celle de l'origine
perdue, de l'immédiateté aux choses et aux êtres, comme on le discerne chez Rousseau
et Bernardin de Saint-Pierre (Paul et Virginie, 1787). C'est à ce moment qu'apparut le
mythe du « bon sauvage », exaltation de la vie primitive loin des corruptions de l'ordre
social.
À la poésie revint la tâche d'établir la nature à la fois comme objet de description et
comme lieu de communion. C'est ainsi que le romantisme chercha dans la nature un lieu
d'épanchement du moi, que le symbolisme y chercha les arcanes de la modernité (en
faisant de la nature le lieu privilégié d'une nouvelle esthétique), alors que le naturalisme ou
le réalisme ne concevaient la nature qu'à l'horizon de l'exactitude d'une description. Au XX e
siècle, la relation à la nature a pris un tour plus « culturel » (chez Francis Ponge en
particulier) ou plus cosmologique (chez René Char ou Paul Claudel).
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classicisme - Littérature - Les règles du classicisme
poésie - Poésie de la nature et nature de la poésie
poésie - Poésie et subjectivité
symbolisme - Le symbolisme en littérature
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