Nathalie Sarraute, Enfance p 12-13, l'incipit
Publié le 18/05/2020
Extrait du document
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Nathalie Sarraute, Enfance
p 12-13, l'incipit
Situation :
Notre extrait est intégré à là première séquence du roman, cette première séquence constitue l'incipit.
La séquence est composée de deux parties.
La première partie met en place un dialogue d'ordre méta
littéraire entre deux voix qui procèdent à une remise en question du genre autobiographique.
Ces deux voix
discutent autour de la difficulté du projet autobiographique de l'enfance.
Sarraute procède a un
démantèlement de son processus d'écriture et pose les bases de son esthétique.
La deuxième partie de la
séquence constitue le versant pratique : Sarraute se lance dans la narration du premier souvenir d'enfance et
met en mot l'irruption du premier tropisme.
Les indications concernant le contexte de se premier souvenir
ne sont pas très précis : on apprend que la petite Nathalie âgée de « cinq ou six ans » passe ses vacances en
Suisse, « à Interlaken ou Beatenberg », seule avec son père.
« Une jeune femme » est chargée de s'occuper
d'elle et de lui apprendre l'allemand.
C'est une scène de transgression, malgré les interdictions en allemand
de la jeune femme, le petite Nathalie plonge des ciseaux dans la soie d'un fauteuil.
Sarraute revient en détail
sur les émotions et les impressions qui ont précédé l'acte libérateur.
Mouvements :
1er mouvement : du début à « dans la corbeille » : Avertissement de l'enfant / de la narratrice.
2eme mouvement : de « Mais elle redresse la tête » à « Si, je le ferai...
» : Explicitation de la narratrice
des effets de l'interdiction sur l'enfant avec un effet de gradation.
3eme mouvement : de « Voilà, je me libère...
» jusqu'à la fin : Apothéose de la tension dramatique,
geste libérateur de l'enfant.
Axes de lecture :
« Ich werde es zerreissen » « Je vais le déchirer » … je vous en avertis, je vais franchir le pas, sauter
hors de ce monde décent, habité, tiède et doux, je vais m'en arracher, tomber, choir dans l'inhabité, dans le
vide...
Parole de Sarraute enfant sont intégré à l’énoncé, elles sont retranscrites au discours direct, isolé par des
guillemets.
La phrase est dite en allemand dans un premier temps, puis traduite en français.
Pourquoi avoir garder
l'allemand ? C'est la langue dans laquelle s'est exprimée l'enfant, il y la volonté de retranscrire fidèlement la
scène.
Selon Gosselin, l'utilisation de l'allemand « présentifie le passé », c'est à dire qu'il permet de revivre
au présent une scène passé.
En prononçant ces mots, Sarraute les restitue dans le présent de l’énonciation.
Plus tôt dans le texte, Sarraute précise qu'elle n'a jamais prononcé ces paroles depuis la scène en
question, la voix critique est surprise qu'elle puisse encore s'en souvenir et surtout qu'elle ai pu apprendre
ces mots.
Cette précision redonne toute leur importances à ces mots allemand : ils semblent renaître avec.
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