NAPOLEON III
Publié le 16/05/2020
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NAPOLEON III
«Je crois en Dieu et en moi», écrivait le prince Louis-Napoléon Bonaparte en 1837.
Cette confiance en soi devait lemener de l'exil au pouvoir.
Troisième fils de Louis Bonaparte (lui-même frère de Napoléon et roi de Hollande) etd'Hortense de Beauharnais, fille de l'impératrice Joséphine, il était né à Paris, aux Tuileries, le 20 avril 1808.
Elevépar sa mère au château d'Arenenberg, en Suisse, nourri par elle des souvenirs de l'épopée impériale, il entra, en1830, à l'école d'artillerie et du génie de Thoune.
L'année suivante, il participa à l'agitation révolutionnaire enRomagne.
En 1832, après la disparition du duc de Reichstadt, il se posa en successeur de l'Empereur.
Il devaitaffirmer ses prétentions en 1836, en tentant vainement de soulever la garnison de Strasbourg.
Exilé en Amérique, ilen revint en 1837 pour s'installer en Angleterre et tenta, en 1840, à Boulogne-sur-Mer, un nouveau coup de mainqui fut un lamentable échec.
La Chambre des pairs le condamna à la prison perpétuelle.
Incarcéré au fort de Ham, ily lut beaucoup et écrivit sa brochure sur l'Extinction du paupérisme.
Il s'évada en 1846 et gagna la Grande-Bretagne, où une riche Anglaise, miss Howard, mit sa fortune au service de ses ambitions.Après la révolution de 1848, élu dans huit départements, il fut autorisé à venir siéger à l'Assemblée constituante.
Ily fit une médiocre impression, mais cela le servit.
Il parut insignifiant et rassurant aux chefs du «parti de l'ordre»,qui, effrayés par les journées de juin, étaient en quête d'un candidat d'union inoffensif.
«Ce dindon qui se croit unaigle, ce crétin que l'on mènera», disait Thiers.
Tout en ralliant les conservateurs, cet homme secret, habilemanoeuvrier, sut aussi séduire les ouvriers par de vagues déclarations sur l'inégalité.
D'autre part, la légendenapoléonienne lui assura l'appui d'une grande partie de l'armée.
C'est ainsi que, le 10 décembre 1848, il fut éluprésident de la République à une majorité écrasante.Le prince laissa au «parti de l'ordre», majoritaire à l'Assemblée législative élue en mai 1849, la responsabilité demesures maladroites : expédition à Rome, loi électorale, loi restreignant la liberté de la presse.
Le prince-présidentsut regrouper autour de lui les mécontents et les ambitieux.
Des voyages triomphaux en province accrurent sapopularité.
En plusieurs endroits, on cria «Vive l'empereur !».
N'ayant pu obtenir une révision constitutionnelle quiautorisât sa réélection à la présidence, il entra en conflit avec l'Assemblée.
Le coup d'Etat du 2 décembre 1851 allaitlui permettre d'éliminer les députés opposants, de rétablir le suffrage universel et de préparer la restauration del'Empire.
(à suivre)
«Si je l'avais épousé, dit de Louis-Napoléon Bonaparte la princesse Mathilde, je lui aurais cassé la tête pour savoirce qu'il y avait dedans !» Cet homme secret croit tenir de la Providence une mission.
Simple, bienveillant, soucieuxdes classes laborieuses, il y a en lui à la fois un rêveur romantique et un homme de 1848.
Son intelligence estcertaine mais «confuse, remplie de grandes pensées mal appareillées».Après le plébiscite du 21 décembre 1851, il promulgue, le 14 janvier 1852, une Constitution taillée sur mesure.
Elle luidonne la présidence pour dix ans et tous les pouvoirs.
Quelques mois plus tard, constatant que «la France semblebien vouloir revenir à l'Empire», il en propose le rétablissement, à la suite d'un sénatus-consulte, massivementapprouvé le 21 novembre (7 800 000 oui contre 250 000 non), et se fait proclamer empereur le 2 décembre sous lenom de Napoléon III.Il exerce le pouvoir sans partage.
Les ministres ne dépendent que de lui.
Le Corps législatif, qui vote les loispréparées à l'initiative de l'exécutif par le Conseil d'Etat, est de tout repos.
Grâce au système des «candidaturesofficielles», les élections assurent au pouvoir d'écrasantes majorités : trois opposants élus en 1852, cinq (dont JulesFavre et Emile 0llivier) en 1857.
L'Université est mise au pas, la presse muselée, la vie politique réduite à néant.
Lespromesses sociales et le puissant développement économique rendent plutôt légères aux Français les restrictions deliberté.
De plus, la gloire militaire des débuts du règne lui assure une indiscutable popularité.
La guerre de Crimée(1854-1856), terminée par le brillant Congrès de Paris (février-avril 1856), vaut à Napoléon III et à la France ungrand prestige international.
La courte mais meurtrière campagne d'Italie en faveur de l'unité italienne (avriljuin1859), couronnée sur le plan français par le rattachement de Nice et de la Savoie (traité de Turin, mars 1860),marque l'apogée du règne.L'Empire connaît cependant des difficultés intérieures.
Après l'attentat d'Orsini (14 janvier 1858), une «loi de sûretégénérale» renforce les moyens répressifs du régime.
Mais la politique italienne de Napoléon III, contraire aux intérêtstemporels du pape, lui fait perdre l'appui des catholiques conservateurs.
La victoire des Piémontais à Castelfidardosur les zouaves pontificaux de Lamoricière (18 septembre 1860) accroît leur désaffection.
D'autre part le traité delibre-échange avec l'Angleterre (23 janvier 1860) mécontente les industriels.
Cette érosion des piliers du régime vainciter l'empereur à faire des ouvertures aux libéraux.
Le 24 novembre 1860, un décret donne au Corps législatif le droit de voter une Adresse en réponse au discours dutrône (ce qui permettra de critiquer— bien modérément — l'action du gouvernement, donc l'empereur), rétablit lapublication du compte rendu in extenso des débats, étend le droit d'amendement et institue des ministres sansportefeuille pour représenter le gouvernement auprès des assemblées.
Puis, le 31 décembre 1861, un sénatus-consulte remet en action le contrôle budgétaire.
Ainsi se manifeste l'évolution vers un Empire libéral.Aux élections de 1863, malgré un appui donné aux candidats officiels, 2 000 000 de voix vont à l'opposition, quicompte 32 députés, dont Thiers et Berryer.
Morny et la faction libérale de la majorité poussent l'empereur à plus deréformes encore.
Le 23 juin, l'anticlérical Victor Duruy est appelé à l'Instruction publique, que pendant cinq ans ils'efforcera de libéraliser.
Napoléon se sépare de Persigny et, le 18 octobre, appelle Rouher comme porte-parole dugouvernement.
Le 11 janvier 1864, Thiers revendique les «libertés nécessaires» : liberté individuelle, liberté de lapresse, de l'électeur, de l'élu, de la majorité.
Napoléon III octroie, en avril 1864, le droit de grève et de coalition.Emile 011ivier, attiré par Morny, s'éloigne des républicains et se rapproche du régime.
Une vie politique renaît, mais,donnant l'impression de se faire arracher les réformes, l'empereur n'en tire pas le bénéfice escompté.
A l'extérieur,.
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