Naissance de l'ordinateur.
Publié le 14/02/2024
Extrait du document
«
1 Introduction
L’homme a toujours eu besoin de compter.
Au cours de la Préhistoire, il ne savait calculer
qu’à l’aide de cailloux (latin : calculi) ou de ses mains, qui furent sans doute les premières
calculatrices de poche.
On trouve des traces de symboles et de chiffres dans
certaines civilisations de l’Antiquité, quelques millénaires avant notre ère.
Chinois, Égyptiens,
Sumériens, Babyloniens, Grecs ou Romains, tous avaient des symboles
numériques et des méthodes pour compter et calculer.Ces systèmes de numération
s’inspiraient naturellement du nombre de doigts; c’est ainsi que les Romains, par exemple,
établirent des symboles spéciaux pour indiquer 5 et 10 unités (V et X).
Dans certaines
civilisations pieds-nus utilisant les mains et les pieds pour compter, le nombre 20 était parfois
choisi comme base de numération.
Dans certaines régions asiatiques, on comptait en se
servant des articulations des doigts ou des
phalanges, d’où des numérations en base 12, 14, 15, 24, 30, 60, etc.
Les doigts ont servi à nos
ancêtres pour compter et pour effectuer toutes sortes
d’opérations arithmétiques.
On retrouve des traditions de calcul digital chez les anciens
Égyptiens, les Grecs et les Romains, mais aussi chez les Chinois, les Aztèques du Mexique
précolombien, les Indiens, les Persans, les Arabes, etc.
Curieusement, on utilise, en langue
anglaise, le terme de calcul digital dans la nouvelle science informatique, le mot digit ayant le
sens de chiffre.
En français, on parlera plutôt de calcul numérique pour éviter un contresens.
Dans les ordinateurs, on utilise des bits(le terme bit est la contraction de l’expression anglaise
binary digit), l’écriture binaire des nombres ne comportant que les deux chiffres 0 et 1.
La
plus naturelle et la plus répandue des numérations était celle qui comptait en base 10 et elle
nous est parvenue à travers les siècles avec ses symboles introduits par les Indiens, modifiés
et complétés par les Arabes.
Notre système décimal actuel est le résultat de cette évolution et
des moyens mis en œuvre pour lui donner des formes adaptées à l’expression écrite et orale et
aux méthodes de calcul.
Si le système décimal est celui de l’immense majorité des hommes, il ne faut pas oublier que
d’autres sont toujours utilisés, tel le système sexagésimal (base 60) pour exprimer lesmesures
du temps, tout comme celles des arcs et des angles.
L’origine du systèmesexagésimal remonte
aux Sumériens.
Au cours de l’histoire, on trouve aussi souvent le nombre 12 à la base de
nombreux systèmes de comptage et de mesure, par exemple dans la division du jour en
heures.
Parallèlement à cette évolution des signes, chiffres, calculs mentaux et manuels, on
assistait au développement d’outils, de systèmes, de machines pour simplifier et accélérer les
1
calculs nécessaires, par exemple pour garder la trace des transactions commerciales ou des
cycles astraux et pour faire face aux besoins croissants des paysans, de l’armée et d’une
société en pleine évolution.
2 Développement historique et conceptuel
Il y a 2 000 ans, les civilisations méditerranéennes utilisaient l’abaque pour leurs calculs.
Bien avant l’ère chrétienne, les Chinois comptaient à l’aide de bouliers et dans certains
pays (Russie, Chine, Japon, etc.) on en trouve encore plusieurs sortes couramment
utilisées dans les commerces, les banques, etc.
Mais il fallut attendre le XVIIe siècle,
époque de grandes effervescences intellectuelles, pour voir apparaître des systèmes de
calcul plus rapides et plus automatiques.
Les débuts furent lents et difficiles.
La numération romaine, utilisée en Europe pendant le premier millénaire de notre ère,
n’était pas une numération positionnelle; c’est-à-dire que la position des chiffres dans
la représentation d’un nombre n’était pas associée à des poids implicites (unités,
dizaines, centaines, etc.) permettant une écriture des nombres plus compacte
(MDCCCLXXIII = 1873) et une grande simplification des calculs.
Les Romains ne
connaissaient pas le zéro ! L’étonnante idée du zéro vint à l’esprit des Indiens et des
Arabes quelques siècles après Jésus-Christ.
Le chiffre zéro fît son apparition en Europe
dans un manuscrit célèbre sur les chiffres indiens, écrit par le mathématicien AlKhwarizmi vers l’an 820 après J.-C.
(les savants de Babylone connaissaient
apparemment une numération en base 60, positionnelle, avec le chiffre zéro, déjà au
IIIe siècle avant J.-C.).
Les chiffres arabes sont adoptés en Europe au cours du XIe siècle,
mais il faut attendre le milieu du XVIe siècle pour voir des ouvrages traitant de méthodes
arithmétiques.
Au Moyen Âge, la culture était l’affaire des moines et la diffusion de l’arithmétique était
limitée à quelques privilégiés ayant accès aux rares traités de l’époque.
Les besoins en
calcul augmentant sans cesse, des sociétés secrètes se chargeaient de résoudre les
problèmes de comptabilité des commerçants.
À l’aube du XVIIe siècle, des savants
commencèrent à s’intéresser aux systèmes d’aide au calcul.
En 1614, le mathématicien écossais John Neper présente sa théorie des logarithmes.
Les
tables de Neper, qui transformaient des multiplications compliquées en de simples
additions, donnèrent naissance à la règle à calcul, un outil pratique et efficace créé en
1620.
Neper inventa aussi un système non logarithmique (pour simplifier les
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multiplications) basé sur le simple déplacement de tiges (Bâtons ou Os de Neper).
En
1623, Wilhelm Schickard construit à Tuebingen en Allemagne, la première machine àcalculer
en appliquant le principe du déplacement de tiges développé par Neper.
Sa
machine se perd au cours de la guerre de Trente Ans; de ce fait, on ne sait pas exactement
si, et éventuellement de quelle manière elle fonctionnait.
Les quelques dessins qui nous
sont parvenus semblent prouver que Schickard avait utilisé des roues chiffrées et s’était
attaqué au problème de la retenue.
Bien que le principe des roues dentées et autres
engrenages fût connu depuis des siècles (astrolabes, horloges des églises, etc.), les
techniques de construction étaient primitives et la fiabilité résultante assez modeste.
Schickard se plaint d’ailleurs de ses problèmes de mécanique dans ses lettres à Kepler,
où l’on trouve de précieuses indications sur la conception de sa machine.
À partir de ses
dessins, une réplique de la machine, améliorée pour être fonctionnelle, fut construite en
1971.
En 1642, à Paris, Pascal présente une machine qui peut additionner et même soustraire
des nombres de six chiffres.
En dix ans, il en construit plus de cinquante versions dont
certaines peuvent calculer avec huit chiffres.
Des exemplaires sont conservés à Paris.
Son
système est basé sur une série de roues dentées figurant les colonnes décimales.
Le
problème de la retenue est résolu de la manière suivante : chaque roue peut dépasser le
chiffre 9 en effectuant une rotation complète et en décalant d’un cran la roue
immédiatement supérieure.
Pascal a réalisé sa première machine, la Pascaline, alors qu’il
n’avait que 19 ans.
La machine de Pascal pouvait en principe exécuter des opérations plus complexes, telle
la multiplication, par des méthodes compliquées d’additions répétitives.
Mais il faudra
attendre 1673 pour voir apparaître une calculatrice capable d’exécuter automatiquement
les quatre opérations arithmétiques.
Ce sera l’œuvre d’un génie allemand, Leibniz, qui
ajoutera aux mécanismes de la Pascaline un chariot mobile et une manivelle permettant
d’accélérer et d’automatiser l’exécution des additions et des soustractions répétitives
exigées par les multiplications et les divisions.
Les principes des machines de Pascal et
de Leibniz seront adoptés dans la conception des machines à calculer pendant près de
trois siècles!
Leibniz, qui avec Newton est à l’origine du calcul différentiel et intégral, inventa aussi
le système binaire sous sa forme moderne (des numérations base 2 existaient déjà en
Chine dans l’Antiquité) avec ses deux chiffres 0 et 1, et souligna la puissance et la
simplicité de l’arithmétique binaire, qui sera finalement adoptée par la plupart des
3
ordinateurs contemporains.
Des exemples de numérations utilisées au cours de l’histoire
sont résumés dans la table.
On peut à juste titre considérer le XVIIe siècle comme un tournant dans le
développement de la connaissance scientifique.
Des géants tels Galilée, Newton et
Leibniz sont à l’origine d’une véritable révolution intellectuelle qui propulsa l’Europe
au premier plan dans le développement des mathématiques et dans leur application aux
sciences naturelles, dépassant ainsi les Arabes, les Indiens et les Chinois.
C’est au
XVIIe siècle qu’on a conceptualisé les bases de la science moderne et c’est là qu’on trouveles
racines de ce grand développement d’idées qui conduira à l’ordinateur.
Table : Différents systèmes de comptage
BASE 1 : comptage avec les doigts, cailloux, entailles
BASE 2 : système binaire : logique symbolique, ordinateurs
BASE 5 : système quinaire : Aztèques
BASE 7 : notes musicales, jours de la semaine
BASE 8 : système octal : premiers ordinateurs
BASE 10 : système décimal : adopté par l’Homme
BASE 12 : gamme des notes et demi-tons;
monnaie et mesures anglaises; mois; heures (2 fois 12)
BASE 16 : système hexadécimal : ordinateurs
BASE 20 : comptage sur les doigts des mains et des pieds; Mayas
BASE 24 : heures du jour
BASE 60 : degrés, minutes et secondes; angles; savants de Babylone
3 Progrès au XIXe siècle
En 1728, le mécanicien français Falcon construit une commande pour métier à tisser à
l’aide d’une planchette en bois munie de trous.
C’est la première machine capable
d’exécuter un programme....
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