Myron
Publié le 16/05/2020
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MyronVe siècle av.
J.-C.
Myron d'Eleuthères est pour nous le sculpteur du Discobole, c'est-à-dire qu'il est défini par la représentation del'effort : l'athlète est saisi dans le mouvement même du lancer, lorsqu'il s'apprête à envoyer le disque de bronze à lamanière grecque par un violent moulinet du bras droit.
Cette analyse de spécialiste, évocatrice d'effort et deviolence, échappe résolument au réalisme ; le visage, s'il témoigne de la concentration d'esprit du champion, restegrave et serein, excluant toute idée de souffrance comme d'émotion ; les muscles des jambes, ceux du torse et desbras gardent, dans leur contraction, une souplesse merveilleuse ; nulle crispation, pas de torsion ni de sailliebrutales, rien qui dénature l'harmonie humaine, qui altère la courbe parfaite de la ligne ; ce désintérêt pour tout cequi serait excès ou expression personnelle correspond à une volonté classique.
Ce classicisme apparaît encore dansle choix du moment : l'effort est à son terme, résumant la préparation et les mouvements initiaux, suggérant déjà ladétente, la course aérienne du disque et la victoire ; bref, la pose retenue est l'évocation la plus générale, la plusintelligible et en même temps la plus sensible du thème choisi.
Ce n'est pas un arrêt avant la détente finale, ce n'estpas non plus un instantané quasi photographique surprenant, mais arrêtant le mouvement en cours ; une analyseprécise de l'anatomie montre l'irréalité de la pose et son caractère de composition ; en fait, l'attitude du Discoboleest un composé de trois mouvements successifs : la main tenant le disque rappelle le geste précédent, le corps esttendu dans l'effort, et le mouvement de la jambe gauche annonce la détente et la retombée du corps en avant.
Cetirréalisme voulu traduit la continuité de l'effort : au lieu de se figer dans l'instant, l'action est multiple et suggère ladurée.
Ce mouvement courbe, d'une nouveauté hardie, comme l'équilibre instable et difficile qui lui répond, a uncaractère exceptionnel dans l'art grec ; une telle science de l'anatomie, au service d'un tel art du vivant, rendmalaisée toute variation sur un thème unique, comme épuisé par une représentation parfaite.
Le groupe d'Athéna etMarsyas témoignait d'une recherche aussi originale dans le mouvement de recul du satyre étonné et admiratif, maisil n'y eut pas d'autre Discobole..
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