Montoire
Publié le 16/05/2020
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Montoire (24 octobre 1940)
Une mesure pour rien.
Dès son entrée en fonction, le maréchal Pétain comprend qu'il lui faut négocier un allégementdes conditions d'armistice.
Son principal ministre, Pierre Laval, trouve heureusement un interlocuteur bien disposé:c'est Otto Abetz, ambassadeur du Reich à Paris, beaucoup plus francophile que son entourage.
Abetz rêve deréconcilier durablement l'Allemagne et la France; Laval va audacieusement à sa rencontre; le maréchal voit là uneamorce de dialogue.
Laval voudrait rencontrer von Ribbentrop, ministre allemand des Affaires étrangères; il obtientl'appui d'Abetz; les dispositions d'Hitler sont justement favorables: désirant intervenir en Afrique contre les Anglaiset les gaullistes, il aurait besoin du concours français.
D'autre part, pour atteindre directement le Maroc, laWehrmacht doit traverser la zone française libre et le territoire espagnol; le chancelier doit donc obtenir leconsentement de Pétain et de Franco.
Ce dernier répugne à se compromettre avec l'Allemagne, craignant laréaction britannique; il le fait savoir à Pétain le 2 octobre.
Mais le Führer compte sur une rencontre personnelle avecle maréchal et le caudillo pour les convaincre.
Il prend donc rendez-vous avec Franco à Hendaye pour le 23 octobreet charge Abetz de lui ménager une entrevue avec les Français à l'étape de l'aller et du retour.Abetz convoque Laval, l'emmène et lui révèle qu'il va rencontrer non pas Ribbentrop, mais Hitler lui-même.
Laval està la fois stupéfait et séduit.L'entrevue a lieu en gare de Montoire, près de Tours; Hitler exprime au ministre français son désir de rencontrer lemaréchal.
Rentré à Vichy, Laval persuade Pétain d'accepter cette «occasion unique».Mais, entre-temps, n'ayant pu s'entendre avec Franco, Hitler a renoncé à ses projets méditerranéens; il reçoitcependant Pétain honorablement...
Et c'est la fameuse poignée de main qui, pour beaucoup de Français, comprometgravement le maréchal.Sondé par Hitler, Pétain refuse d'envisager une guerre contre l'Angleterre; mais il relève que la solidité d'une paixfuture dépend de la générosité de l'Allemagne.
Que celle-ci la manifeste en libérant les prisonniers et enassouplissant le régime d'occupation.
Hitler reste de glace.
Le maréchal accepte alors l'idée d'une «collaboration»franco-allemande; ce terme, fort vague dans son esprit, fera plus tard fortune selon le sens que chacun lui donnera.De cette ambiguïté, le régime de Vichy, quoi qu'il ait voulu, restera prisonnier jusqu'au bout..
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