Montaigne eut l'occasion, en 1562, de rencontrer une ambassade d'Indiens du Brésil.
Publié le 22/05/2020
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Montaigne eut l'occasion, en 1562, de rencontrer une ambassade d'Indiens du Brésil.
Quelle thèse défend-il dans cet extrait ?
[...] Je trouve, pour revenir à mon propos, qu'il n'y a rien de barbare et de sauvage en ce peuple, à ce qu'on m'en a rapporté, sinon que chacun appelle barbarie ce qui n'est pas conforme à seshabitudes.
À vrai dire, nous n'avons pas d'autre critère de la vérité et de la raison que l'exemple et l'idée des opinions et des usages du pays où nous sommes.
Là est toujours la parfaitereligion, la parfaite forme de gouvernement, la façon parfaite et accomplie de se comporter en toutes choses.
Ils sont sauvages, de même que nous appelons sauvages les fruits que la nature,d'elle-même et de son propre développement, a produits : tandis qu'à la vérité, ce sont ceux que nousavons altérés par notre artifice et détournés de l'ordre commun, que nous devrions appeler plutôt sauvages.
En ceux-là sont vives et vigoureuses les vraies — et les plus utiles et les plusnaturelles — vertus et propriétés que nous avons abâtardies en ceux-ci et que nous avons accommodées au plaisir de notre goût corrompu.
Et pourtant, la saveur même et la délicatesse setrouvent, selon notre goût excellentes, et dignes des nôtres, dans divers fruits de ces contrées-là qui ne sont pas cultivées.
[...]Michel de Montaigne, Essais, Livre I, 31 : « Des cannibales », 1580 -1588.
a) Il dénonce le point de vue européen sur le Nouveau Monde.b) Il appelle à la tolérance.c) Il propose une vision optimiste de l'homme.
· réponse a)Cet extrait dénonce le regard méprisant et dévastateur que les Européens portent sur le Nouveau Monde depuis sa découverte, à la fin du XVe siècle.
Ici, les Indiens du Brésil sont l'occasion pour le philosophe humaniste de remettre en cause l'un des fondements de lacolonisation de ce continent par les puissances européennes : la volonté affichée d'apporter la civilisation à ceux qui ne sont considérés que comme des sauvages, c'est-à-dire des sous-hommes.
Montaigne se fait le défenseur de ces peuplades opprimées en les comparantaux fruits de leurs pays qui perdent complètement leur goût lorsqu'on tente de les cultiver en Europe..
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