Montaigne
Publié le 15/05/2020
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Montaigne
Moraliste pénétrant, l'une des intelligences les plus ouvertes de son époque, Montaigne a fondé avec les Essais lalittérature personnelle, l'observation psychologique et l'esprit critique : c'est en même temps un écrivain artiste etspontané, extrêmement séduisant.
Montaigne, gentilhomme et ancien magistrat unit l'expérience du monde à une vaste culture littéraire et morale.
Michel Eyquem de Montaigne (1533-1592) avait reçu dès sa première jeunesse une éducation choisie.
Devenumagistrat, il démissionna en 1570 et se retira dans son château de Montaigne en Périgord, sans pour cela romprecommerce avec le monde : il écrit alors les Essais, fait un grand voyage à travers la France, l'Europe centrale etl'Italie, et accepte en 1581 la charge de maire de Bordeaux.
Il s'occupa sans zèle mais sans négligence de sesdevoirs civiques et familiaux, connut malgré les troubles et la maladie une vieillesse paisible et mourut avec sérénité.
Ce fut un caractère enjoué et heureux qui n'eut guère d'autre chagrin que la perte d'un ami très cher, Étienne de laBoétie.
Les Essais sont le résumé des lectures de Montaigne et le tableau de ses idées.
Ce ne sont pas des Mémoires ; Montaigne nous donne, au lieu de l'histoire de sa vie, celle de ses opinions.
Les Essais (publiés en 1580) sont en quelque sorte un recueil d'articles où l'auteur parle de tout sans méthode, desépisodes de l'histoire ancienne, de l'ambition, de la peur, de l'amitié, des événements contemporains, de ladécouverte de l'Amérique, de l'intelligence des animaux, des accidents qui lui sont arrivés, de ses goûts particuliers,etc.
Cependant, la substance de la plupart des chapitres est empruntée à l'histoire ou à la morale, et il s'inspirelargement de deux auteurs anciens : Plutarque et Sénèque.
Le scepticisme et l'épicurisme sont au fond la doctrine de Montaigne.
Il est impossible d'analyser le livre de Montaigne, mais sa doctrine peut se résumer dans la formule suivante qu'il alaissée lui-même : « apprendre à se connaître soi-même, à bien mourir et à bien vivre ».
L'étude de l'homme : se connaître soi-même.
• L'auteur.
C'est là l'originalité essentielle du livre des Essais : « Je suis moi-même la matière de mon livre.
»Montaigne, exposant ses idées et ses goûts, nous montre sa « nonchalance », ses contradictions apparentes, etproclame avec complaisance un égoïsme systématique et aimable pourtant : « se prêter à autrui et ne se donner àpersonne.
»
• Le monde.
Mais puisque « chaque homme porte en soi la forme entière de l'humaine condition », Montaigne a étéamené à étudier la nature humaine en général : il trouve l'homme « ondoyant, inconstant et divers » ; il a étésurtout frappé de la diversité des coutumes et de la fragilité de nos opinions, que suffit à prouver par exemple ledésaccord des philosophes.
Il a la plus piètre opinion de la raison humaine ; aussi il garde sur toutes les questionsd'ordre intellectuel une extrême réserve, un scepticisme discret mais profond qu'il a développé abondamment dans YApologie de Raymond Sebonde (Il, 12).
Ce n'est pas un incrédule, mais, se tenant à égale distance de l'affirmationet de la négation, il prend pour devise « Que sais-je? »
L'idée de la mort : « Que philosopher c'est apprendre a mourir.
» La pensée de la mort avait toujours vivementinquiété Montaigne et il a eu du mal à s'accoutumer à cette éventualité.
Cependant, fort des leçons de Lucrèce etSénèque, il s'est « exercité » à en supporter l'idée ; une syncope consécutive à une chute de cheval lui a mêmeappris qu'on ne devait pas trop souffrir en mourant et il a conclu que « la mort est moins à craindre que rien, s'il yavait moins que rien ».
Il a de parti pris laissé de côté la possibilité d'une existence future, heureuse oumalheureuse.
Une fois écartée la seule pensée qui pût gâter la joie de l'existence, il ne s'agissait plus que de bienvivre.
La morale : Bien vivre.
Le précepte : « Bien vivre » peut s'entendre de deux manières et comprend simultanémentles règles de la morale et l'art d'être heureux :
• Envers les autres, « la grande règle des règles » sera pour chacun de se conformer aveuglément à la coutume deson pays, si peu raisonnable qu'elle soit au fond ; un tel principe évite l'incertitude, sauvegarde l'ordre public etMontaigne a la « nouvelté » en horreur.
D'ailleurs il admire la vertu, les actes de stoïcisme, fait l'éloge de l'amitié,déteste le mensonge, l'opiniâtreté et l'intolérance : « C'est mettre nos opinions à bien haut prix que d'en faire cuireun homme tout vif.
»
• Envers soi-même, la grande affaire sera de « jouir loyalement de son être ».
Montaigne entend par là que l'on doit,en vivant avec confort et modération, sans se passionner pour rien, tirer le meilleur parti possible de la possessionde ses amis, de ses livres et de sa santé.
S'il est stoïcien d'imagination, il est épicurien par ses goûts : « Pour moi,j'aime la vie et la culture.
».
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