Modigliani
Publié le 15/05/2020
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MODIGLIANI
1884-1920
L ORSQ.UE, en 1906, Modigliani arriva à Paris, il avait vingt-deux ans et apportait un bagage
artistique assez limité.
Il avait étudié à Livourne, sa ville natale, et à Venise, dans le milieu des
épigones des Macchiaioli florentins,
et peignait avec un réalisme facile, sans style personnel.
Il était certes plein d'un grand élan et animé par un idéal héroïque, puisé dans la lecture de
Nietzsche, idéal qui s'accordait fort mal avec la mesquinerie de la peinture apprise.
Face à la
disproportion entre ses aspirations et les moyens de réalisation, il s'abstint de toute manifestation
improvisée
et superficielle et partit pour Paris.
Tout le monde sait, de reste, quelle a été à Paris,
dans les années
1906 à 1914, la ferveur créatrice et dans quelle mesure cette ferveur a décidé du
destin de l'art contemporain, jusqu'à nous.
Les improvisations géniales abondaient, on explorait
de nouvelles terres promises aux conquêtes de la peinture : celles-:là mêmes où devaient pénétrer
ceux qu'on a appelés Fauves, Cubistes, Expressionnistes, Futuristes.
Modigliani
ne s'encadre dans aucun de ces groupes.
Il se laisse mûrir, sans hâte, étudie
Cézanne en 1908 et 1909, s'en assimile les volumes chromatiques et la rigueur de sa construction,
regarde Picasso et acquiert une énergie du dessin qui est, en soi, une valeur d'art, regarde Brancusi
et les sculptures nègres et comprend l'importance de la simplification plastique, qui rend plus
intense l'expression fantastique.
Mais
surtout il apprend ce que Paris seul pouvait alors enseigner,
à savoir
la nécessité de se libérer de l'illustration anecdotique, afin que l'œuvre d'art accède à une
vie propre, indépendante de motifs extérieurs, littéraires ou historiques.
Modigliani
n'a pas encore pris le chemin qui devait faire sa grandeur, et pourtant il crée,
dès lors, des œuvres originales,
hautement significatives.
Ce sont ces sculptures de 1910-1912,
où se révèle un sentiment des courbes et des proportions fantastiques, d'une transcendante élégance.
Et ce sont encore ses dessins ou détrempes de 1913-1914, représentant des Cariatides, où l'énergie
plastique
et la puissance du mouvement des formes parviennent à des effets surprenants : on peut
bien dire que le rythme des courbes dépasse là toute intention décorative, par la construction
d'images encore inédites
et plus vivantes que n'importe quel objet naturel.
Dans les sculptures et
les cariatides, l'originalité est complète, encore que la personnalité de l'artiste ne se soit pas encore
entièrement dégagée.
Là-dessus survient
la guerre, approfondissant la misère physique et morale du monde où vit
Modigliani.
L'alcool, les drogues
et la maladie minent le beau jeune homme, qui commence à
avoir
hâte de produire.
Il a étudié et médité, mais a aussi détruit, à de rares exceptions près, ses
travaux antérieurs à 1914.
La guerre venue, il dépend de plus en plus de sa peinture pour vivre.
C'est alors qu'il rencontre le poète polonais Léopold Zborowski, qui devient son marchand et
vend lui-même à un marchand plus puissant que lui, Paul Guillaume.
Entre 1915 et 1917, Modi
gliani expose en privé, en 1919, au Salon d'Automne et à la Hill Gallery de Londres.
Le 25janvier
1920, il meurt..
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