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Microlectures Scarmentado Voltaire

Publié le 27/02/2008

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voltaire

Micro Lectures sur Scarmentado, de Voltaire

 

Micro Lecture n=°1

 

 

 

I.                   Le rapport entre l’histoire et le protagoniste

 

1- Dans ce conte, Voltaire, établit un lien entre les démêlés qu’il rencontre avec ses contemporains et l’histoire de Scarmentado. Il le fait via la référence à ‘un poète médiocre qui n’était pas médiocrement dur, nommé Iro’, Iro étant l’anagramme de ‘Roi’, rappelant les démêlés que l’auteur a eut avec le poète Pierre-Claude Roy, ce dernier ayant critiqué avec virulence son ‘Temple du goût’ et s’étant affirmé comme un sérieux rival dans le genre de l’éloge poétique. Ici, Voltaire rend compte de la médiocrité pu poète par la répétition du vocable ‘médiocre’. Dans le conte, les anagrammes de noms de personnes réelles étaient, par tradition, un moyen très courant pour les attaquer.

 

 

2- Voltaire fait voyager Scarmentado en Asie et en Afrique. Il choisit donc une ville européenne comme ville d’où le héros est originaire, de façon à ce que celui-ci ait un regard plus critique sur les pays qu’il visite. Scarmentado, comme Voltaire, a une éducation européenne, il a donc une vision extérieure sur l’environnement qui l’entoure. De plus, Candie était un modèle de stabilité au niveau gouvernemental, ce qui permet à Voltaire de critiquer d’avantage les sociétés qu’il fait visiter à son héros.

 

 

3- Voltaire choisit de s’attarder sur les généalogies attribuées à Scarmentado par le poète Iro pour rompre avec une sorte de tradition dans le conte, qui est de faire descendre les héros de milieux modestes ou ridicules, comme  Candide, bâtard de la sœur de monsieur le baron Thunder-ten-tronckh, « l’esprit le plus simple ». Voltaire s’attarde également sur ces généalogies pour souligner l’hypocrisie du poète Iro.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

II.                 Rome, la France et l’Angleterre

 

 

 

1- C’est le père de Scarmentado qui l’envoie en voyage. Et la première étape de ce voyage est Rome. Ce voyage était une tradition aristocratique nommée ‘Le Grand Tour’. Les jeunes nobles visitaient toutes les grandes places d’Europe. Par son titre, on voit que le conte fait office d’un récit de voyage, voire d’un roman d’initiation : Scarmentado, le ‘maigre d’esprit’, acquiert donc ses connaissances au fil de son voyage.

 

 

2- Ce conte fait référence à de nombreux évènements historiques, mêmes s’ils n’eurent pas forcément lieu durant les périodes où Voltaire date les voyages de son héros. A Rome, avec Monsignor Profondo,  le père Aconiti , le père Poignardini et la signora Fatelo, Voltaire dénonce les actions des personnes de l’Eglise (‘Elle était courtisée par…jeunes profès’). En France, il dénonce la violence engendrée par les guerres de pouvoir et de religion, deux entités étroitement liées selon Voltaire, notamment avec l’allusion à la Saint-Barthélemy. Enfin, en Angleterre, il revient sur les manigances de certains catholiques ayant pour projet de tuer le roi protestant Jacques Ier et sa famille, ‘parce qu’ils ne prenaient jamais d’eau bénite et qu’ils ne croyaient pas au trou de saint Patrice ’.

 

 

3- Voltaire se permet de modifier les dates des évènements qu’il cite, pour les inclure dans la période des voyages de Scarmentado. Il s’accorde cette liberté, tout d’abord parce que Voltaire écrit un conte et non un ouvrage historique, ensuite de manière à pouvoir exprimer nombre d’injustices face auxquelles il s’oppose.

 

 

 

III.             L’exercice de la satire

 

 

 

1- Les cibles de la satire de Voltaire sont les religions et ceux qui les exercent. A Rome, les profès tentent d’obtenir les faveurs d’une courtisane et profitent de ses charmes. La France et l’Angleterre sont déchirées par les guerres de religions : ‘C’étaient là les libertés de l’Eglise gallicane’, ‘les mêmes querelles y excitaient les mêmes fureurs’.

 

 

2- L’ironie est très certainement le procédé le plus et le mieux utilisé par Voltaire pour faire part de sa satire.

 

 

3- Scarmentado, censé voyager pour ‘apprendre toutes les vérités’, assiste aux débauches romaines, et même s’il se désole de trouver une France et une Angleterre meurtries par des conflits de religions, Scarmentado dit être ‘dans un âge où tout cela lui paraissait fort plaisant’. Le lecteur, au contraire, ressort scandalisé et épouvanté de ces voyages.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Micro Lectures sur Scarmentado, de Voltaire

 

Micro Lecture n=°2

 

 

 

I.                   Scarmentado en Asie

 

1- Scarmentado se rend en Chine afin d’échapper à la Perse et aux problèmes de religion car son interprète lui a assuré que la Chine était le pays où l’on vivait ‘librement et gaiement’. Arrivé là-bas, il est le témoin de la dispute totalement pathétique opposant Jésuites et Dominicains. Ils se querellent sur la manière de faire la révérence, les premiers voulant que les Chinois saluent leur père et leur mère faire à la mode de la Chine alors que les seconds veulent que la révérence se fasse à la manière romaine. Scarmentado est accusé d’être l’espion du Pape, et est donc arrêté puis interrogé par sa Majesté tartare. Il est finalement relâché pour être envoyé à Macao.

 

 

2- Les cibles de la satire voltairienne sont ici les Jésuites, les Dominicains et sa Majesté tartare. A travers eux, Voltaire dénonce les rites religieux et le pouvoir dictatorial. Il utilise l’ironie, avec la querelle du salut, ainsi que l’hyperbole (‘Sa Sacrée Majesté tartaro-chinoise’) pour établir sa satire dans cet extrait. Avant de repartir pour l’Europe, Scarmentado pense et dit que ce fut ‘ l’aventure la moins funeste de sa vie’

 

 

3- Son navire se rend en Inde, pour cause de remise en état de ce bateau. Lorsqu’il arrive en Chine, son interprète lui avait assuré que c’était le pays où l’on pouvait vivre ‘librement et gaiement’ ; en Inde, la cour du grand Aureng-Zeb est un lieu dont on dit ‘des merveilles dans le monde’. De plus, comme en Chine, la barbarie est présente avec Aureng-Zeb : il a ‘empoisonné son père’ et ‘égorgé un de ses frères’. Il dénonce ainsi le pouvoir tyrannique, comme en Chine. Voltaire utilise toujours les mêmes procédés, c'est-à-dire l’ironie et l’hyperbole.

 

 

 

 

 

 

 

II.                Scarmentado en Afrique

1- Scarmentado se dirige vers l’Afrique après s’être enfui d’Inde avec un Français, se rend en Afrique, car c’est la seule destination qui manquait à son voyage (‘Il me restait à voir l’Afrique’).2-

 

2- Le vaisseau de Scarmentado est pris par des pirates nègres. Par un système d’inversion des rôles (se sont normalement les blancs qui enlèvent les noirs pour les réduire en esclavage), Voltaire dénonce le caractère crapuleux des fondements de l’esclavage, notamment avec la phrase de comparaison entre les deux civilisations : ‘Vous avez le nez long…’. Il dénonce aussi le caractère barbare et impitoyable de l’esclavage : ‘Vous nous achetez aux foires…’. L’efficacité de sa démonstration repose donc sur cette inversion dominants / dominés afin de montrer au lecteur l’inhumanité d’hommes blancs refusant l’abolition de l’esclavage.

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