Mexique (1995-1996) Aucune alternative crédible
Publié le 20/09/2020
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Mexique (1995-1996)
Aucune alternative crédible
Après la tempête monétaire provoquée par la crise du peso fin 1994 et début 1995
(une dévaluation de 15 % avait provoqué une fuite des capitaux et une chute de
la valeur du peso), le gouvernement d'Ernesto Zedillo espérait un début de
sortie de crise pour le second semestre 1995, grâce à un plan d'austérité
drastique et au soutien exceptionnel (48 milliards de dollars) accordé par le
Fonds monétaire international.
Avec une chute de 6,9 % du PIB en 1995, il
n'était pas sûr que 1996 voie le retour de la croissance.
Une grande partie de
la population connaissait désormais la misère, le chômage ou le sous-emploi.
De
plus, une très grande sécheresse, survenue en 1996 dans le nord du pays, a fait
chuter la production céréalière.
Entre janvier 1995 et juin 1996, 1,7 million
d'emplois auront été supprimés, 60 % de la population vivant en deçà du seuil de
pauvreté (dont 20 % dans une pauvreté extrême).
La baisse de pouvoir d'achat des
bas salaires a été de 80 % entre 1980 et 1996, 10 millions de Mexicains n'étant
plus affiliés à aucun système de protection sociale.
Les hauts revenus ont pour
leur part continué d'augmenter.
Le Mexique est ainsi demeuré le pays le plus
inégalitaire d'Amérique latine, les 20 % les plus pauvres ne percevant que 3 %
des revenus.
Le pays a cependant connu peu de grèves, de manifestations ou de révoltes.
Le
développement rapide de l'économie informelle (concernant environ 20 % de la
population active et à l'origine de 30 % du PIB), la force des réseaux de
solidarité familiale et le contrôle exercé par les syndicats corporatistes liés
au pouvoir l'expliquent en partie, ainsi qu'un sentiment général d'impuissance
devant l'absence de propositions alternatives crédibles.
Mais cette croissante
pauvreté s'est accompagnée d'une impressionnante hausse de la délinquance,
bénéficiant souvent de la participation ou de la complicité de policiers.
De très mauvaises performances économiques
Le Mexique aura servi de laboratoire aux réponses néo-libérales face à une crise
en grande partie provoquée par la volatilité du marché mondial des capitaux.
Comme dans les années 1982-1988 sous le gouvernement de Miguel de la Madrid
Hurtado, le gouvernement du président E.
Zedillo s'est employé à appliquer
scrupuleusement les recommandations des créanciers internationaux.
Pour
accroître ses ressources, l'État a augmenté le taux de la TVA (passé de 10 % à
15 %) tout en continuant à se désengager de l'économie.
Après les entreprises,
pour l'essentiel privatisées sous les deux gouvernements précédents (à
l'exception du mythique secteur pétrolier, nationalisé en 1938), le retrait de
l'État s'est manifesté dans les infrastructures (concession de quatre ports,
projets dans les chemins de fer, les aéroports, les satellites) et la protection
sociale (la loi sur la sécurité sociale du 21 décembre 1995 a créé des fonds de
pension volontaires et l'État étudiait les possibilités de se désengager de
l'assurance maladie).
En dépit de ces efforts d'orthodoxie néo-libérale et de la récession programmée,
les performances de l'économie ont été très mauvaises en 1995: inflation de 52 %.
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