Mexique (1990-1991) L'enracinement au Nord
Publié le 20/09/2020
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Mexique (1990-1991)
L'enracinement au Nord
"La dictature parfaite, ce n'est ni le communisme, ni l'Union soviétique, ni
Fidel Castro: c'est le Mexique.
Car c'est la dictature camouflée." Ces propos,
tenus en septembre 1990 à Mexico par Mario Vargas Llosa, écrivain et homme
politique péruvien peu suspect de gauchisme, provoquèrent un beau scandale.
S'ils forçaient quelque peu le trait - le Mexique n'est certes pas une dictature
- ils avaient néanmoins le mérite de souligner que le régime n'entre
certainement pas non plus dans la catégorie des démocraties, et que cela est
aujourd'hui totalement anachronique.
Comment être le champion de la modernité -
ambition affichée de l'équipe du président Carlos Salinas de Gortari - lorsque
l'on n'arrive pas à se défaire, en matière politique, des mécanismes archaïques
grâce auxquels le parti-État (Parti institutionnel révolutionnaire, PRI)
contrôle depuis 1930 la société civile?
La modernité recherchée est d'abord d'ordre économique.
Depuis sa prise de
fonctions en décembre 1988, quelques mois après une élection dont la régularité
avait fortement été contestée, C.
Salinas de Gortari a poursuivi avec beaucoup
de détermination et de cohérence son objectif premier: passer d'un modèle de
développement étatique (industrialisation par substitution d'importations)
devenu contre-productif à un modèle d'économie ouverte, entièrement orientée
vers les échanges extérieurs et reposant sur le dynamisme de l'initiative
privée.
Les dernières privatisations
Le bilan de l'année 1990 a été sur ce point plutôt encourageant: le taux de
croissance (3,4%) a, comme en 1989, été supérieur à celui de la population
(2,1%), les investissements étrangers (4,4 milliards de dollars) ont augmenté de
14,3% par rapport à 1989, d'importants retours de capitaux ont été constatés, le
service de la dette (9,2 milliards de dollars) a été allégé, la confiance des
marchés financiers internationaux s'est confirmée, les exportations ont crû de
17% (surtout les produits non pétroliers).
L'économie a cependant continué à faire montre de plusieurs signes de fragilité:
une inflation de 29,9% (contre 19,7% en 1989), une balance commerciale
déficitaire pour la troisième année consécutive (près de 3 milliards de dollars
contre 8,5 milliards d'excédent en 1987).
Pour faire face à ce déficit, le
gouvernement a lancé, début 1991, un ambitieux programme de promotion des
produits mexicains sur les marchés extérieurs ("Programme des 100 jours") visant
à accroître de 10% à 12% les exportations dans l'année.
Il devait par ailleurs
parachever la politique de privatisation des entreprises publiques menée tambour
battant depuis 1985.
A la fin de l'année 1991, il semblait probable que, parmi
les grandes entreprises d'État, seule la PEMEX, chargée de l'extraction et de
l'exploitation des ressources pétrolières, demeurerait publique.
Mais pour
combien de temps? On pouvait se le demander, malgré les assurances réitérées du
pouvoir de ne pas porter atteinte à ce mythe du régime qu'a constitué la
nationalisation des compagnies pétrolières en 1938.
La crise du Golfe, ouverte.
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