Mexique (1989-1990) Les sirènes du Nord
Publié le 20/09/2020
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Mexique (1989-1990)
Les sirènes du Nord
Dès sa prise de fonctions, le 1er décembre 1988, Carlos Salinas de Gortari avait
su créer la surprise dans la plupart des domaines, bousculant nombre de tabous
et de structures sur lesquels s'appuyait depuis un demi-siècle le régime le plus
stable d'Amérique latine.
Certes, pour beaucoup de changements, l'impulsion
avait été donnée par l'administration précédente, où il occupait le poste de
ministre des Finances.
Mais l'accélération a été brutale, et les mutations
enclenchées paraissent souvent irréversibles.
C'est le cas tout d'abord de l'économie, dont l'ouverture, la dérégulation et
l'intégration progressive au marché nord-américain ont été menées avec
détermination.
D'importantes barrières douanières demeuraient malgré l'adhésion
au GATT (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce) en 1986.
Elles
ont été démantelées, et la plupart des réglementations tatillonnes qui
freinaient l'activité économique ont été abolies.
La stratégie de retour à la
confiance a porté ses fruits.
Les investissements nationaux ont fortement
progressé (+10,7% en 1989) principalement dans les maquiladoras (sous-traitance)
et dans les secteurs tournés vers l'exportation.
Le programme de privatisation a
changé de dimension.
Après les quelque 800 (sur un total de 1 155) petites
entreprises publiques retournées au privé sous l'administration De la Madrid
(1982-1988), ce sont des fleurons du secteur étatique qui ont été concernés:
téléphone, compagnies d'aviation, industrie hôtelière, une grande partie de la
pétrochimie, autoroutes, la sidérurgie annoncée pour la fin de l'année 1990...
Retour à la confiance économique
Le capitalisme mexicain, hier surtout financier et spéculatif, devient
industriel et expansif: CEMEX (ciment) et VITRO (verre) ont racheté des
entreprises nord-américaines, devenant ainsi respectivement les quatrième et
troisième producteurs mondiaux de leur secteur, PEMEX (pétrole) a acquis un
réseau de distribution en Espagne...
La confiance des entrepreneurs mexicains
semble donc être réelle, même si le retour des capitaux expatriés (estimés à 84
milliards de dollars, dont 3 seraient revenus) a été moins rapide qu'espéré.
La plupart des grands indicateurs ont été en 1989 positifs: croissance de 2,5%
(1,1% en 1988, 4% espérés en 1990), inflation maîtrisée (19,7% contre 51,7% en
1988, 159,2% en 1987), grâce surtout à la reconduction régulière du "pacte de
solidarité économique" (gouvernement-patronat-syndicats) d'autocontrôle des prix
et des salaires.
Seule la balance commerciale est restée préoccupante.
Après
plusieurs années de solde largement positif, elle a été légèrement déficitaire
(0,7 milliard de dollars), malgré la reprise des cours du pétrole et la
croissance des exportations non pétrolières, insuffisantes cependant pour
couvrir l'explosion des importations de biens de consommation.
Par ailleurs, la
croissance rapide des importations agricoles a souligné la crise d'un secteur
aux structures obsolètes, déficitaire depuis de nombreuses années, et que le
pouvoir, par crainte des conséquences politiques, ne semblait pas vouloir
aborder de front..
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