Mexique (1983-1984) L'effondrement n'a pas eu lieu
Publié le 20/09/2020
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Mexique (1983-1984)
L'effondrement n'a pas eu lieu
L'état du Mexique n'était sans doute pas aussi alarmant qu'on s'est plu à le
crier en 1983.
Et un an après, le pays était peut-être moins sorti d'affaire que
d'aucuns ont bien voulu l'affirmer.
La source de l'erreur a été la même dans les
deux cas: trop centrer l'analyse sur la situation économique - et en particulier
financière - sans voir (en 1983) les aspects politiques et (en 1984) les
problèmes sociaux.
La crise fut pour ainsi dire "révélée" en 1982 avec une brutalité extrême, alors
que le rêve pétrolier commençait à peine à porter ses fruits.
Les manifestations
les plus connues (et les plus frappantes) ont été les multiples dévaluations qui
ont fait passer le dollar de 25 pesos en janvier à 150 en décembre, le passage
du taux d'inflation de 28,7 à 98,8%, la chute du taux de croissance de +8,1% à
-0,5%.
Dans le même temps les importations passaient de 24,2 milliards de
dollars à 14,5 et le pays découvrait qu'il était avec 80 milliards de dollars de
dette le second pays le plus endetté du monde.
Le gouvernement du président Lopez Portillo donnait l'indication de son désarroi
en imposant le 1er septembre 1982 la nationalisation des banques et le contrôle
des changes, deux mesures radicalement en contradiction avec la politique
économique suivie au cours du sexennat.
Son successeur Miguel De la Madrid n'a pas manqué, dès son arrivée au pouvoir le
1er décembre 1982, de dire que la situation était encore plus grave qu'on avait
bien voulu l'avouer aux Mexicains.
C'est alors que les observateurs
internationaux ont cru le pays au bord du gouffre.
Le vieillissement du Parti
révolutionnaire institutionnel (PRI) au pouvoir depuis plus de cinquante ans,
les scandales de la corruption, l'incapacité de s'adresser aux couches moyennes
chaque jour plus importantes et la poussée révolutionnaire en Amérique centrale
ont fait craindre le pire.
Certains hommes politiques des États-Unis voyaient
déjà le communisme en arme à leur frontière.
Mais l'effondrement n'a pas eu lieu, même si le PNB a diminué de 4,5% en 1983.
La rigueur économique y est pour quelque chose, et pourtant les experts
financiers se tromperaient s'ils ne voyaient qu'elle.
Le président De la Madrid
s'est offert le luxe inédit d'être encore plus austère que ne le lui demandait
le FMI (le déficit du secteur public a été ramené de 15,9% du PIB en 1982 à 8,4%
en 1983, les importations ont été réduites à 9,2 milliards de dollars,
l'inflation à 91,9%, et la balance commerciale a enregistré un excédent
considérable de 11,8 milliards de dollars), mais il n'a pu le faire que grâce à
la solidité du PRI et au rôle considérable que jouent les syndicats officiels
dans le parti.
Le gouvernement a dû avaler quelques couleuvres, notamment dans
sa lutte contre la corruption, mais le mouvement ouvrier a contenu ses bases.
Il
a pu faire accepter une réduction du pouvoir d'achat allant de 40% à 70% selon
les couches sociales et les régions, mais qui n'a épargné personne.
Cinquante-cinq ans de pratique du gouvernement confèrent une certaine expérience
dont les dirigeants mexicains ont su tirer avantage.
L'équipe De la Madrid a.
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