Mers-el-Kebir
Publié le 10/12/2021
Extrait du document
Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Mers-el-Kebir. Ce document contient 502 mots. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système d’échange gratuit de ressources numériques ou achetez-le pour la modique somme d’un euro symbolique. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en : Ressources gratuites
3 juillet 1940 - Le feu fut ouvert le 3 juillet 1940 à 16 h 57. A 17 h 15 tout était terminé. Trente six salves, soixante-trois tonnes d'acier et d'explosifs avaient déchiqueté dans la rade de Mers-El-Kébir (Algérie) une flotte à l'ancre, incapable de répliquer avec ses canons tournés vers la côte. 1 200 morts dont 977 à bord du cuirassé Bretagne. A l'horizon s'éloigne la flotte anglaise de l'amiral Somerville, mission accomplie mais peu fière de cette désastreuse victoire. L'opération " Catapult " est terminée. Elle avait commencé la nuit précédente : des commandos britanniques s'étaient emparés par la force, dans les ports anglais, des navires de guerre et de commerce français. Dès que le gouvernement Pétain avait annoncé son intention de demander un armistice, les Britanniques s'étaient inquiétés. Si la flotte française, la deuxième du monde, puissante et moderne, tombait entre les mains des nazis, la Grande-Bretagne, affaiblie et isolée, qui ne comptait plus que sur la Royal Navy et sur ses jeunes pilotes de chasse, se trouvait dans une situation critique. Lors des pourparlers d'armistice, Hitler avait affirmé solennellement qu'il ne toucherait pas aux navires français nécessaires à la défense de l'empire et ne réclamerait rien en ce domaine lors de la paix. Mais que valait, pensait Churchill, la parole d'un gouvernement vaincu, sans parler de celle d'un dictateur vainqueur ? On tira de sa retraite l'amiral Somerville, plus souple que ses camarades même s'il multiplia ses efforts pour éviter le pire. On le somma d'exécuter sa terrible mission. En face de lui, l'amiral Gensoul, honnête marin, eut peine à croire à la " trahison " des alliés d'hier, perdit du temps, ne sut pas finasser. Les transmissions avec Darlan, parti vers Clermont-Ferrand sur des routes encore encombrées par les réfugiés, durèrent des heures, et Gensoul abrégea son rapport sur les conditions posées par Somerville : se rallier, se saborder, gagner pour être désarmé un port anglais ou - il ne le signala pas - se rendre aux Antilles, où la flotte démilitarisée serait placée sous contrôle - alors neutre - des Américains. Roosevelt, si favorable qu'il fut au maréchal Pétain, approuva l'opération de Mers-El-Kébir. De Gaulle, dans une situation impossible, ménagea de son mieux l'horreur française et la susceptibilité anglaise : " Il n'est pas un Français, déclare-t-il, qui n'ait appris avec douleur et avec colère que des navires de la flotte française avaient été coulés par nos alliés. Cette odieuse tragédie (...) n'est pas un combat glorieux. Eh bien, ces navires, je le dis sans ambages, il vaut mieux qu'ils aient été détruits. " Mais, pour l'opinion française, le choc fut terrible. Il faudra des années pour que beaucoup de partisans de la lutte pardonnent à nos anciens alliés le massacre des marins français. A Vichy, Pierre Laval usa aussitôt du deuil et de la fureur quasi généraux pour obtenir des parlementaires qu'ils votent les pleins pouvoirs à Pétain. JEAN PLANCHAIS Le Monde du 5 juillet 1990
3 juillet 1940 - Le feu fut ouvert le 3 juillet 1940 à 16 h 57. A 17 h 15 tout était terminé. Trente six salves, soixante-trois tonnes d'acier et d'explosifs avaient déchiqueté dans la rade de Mers-El-Kébir (Algérie) une flotte à l'ancre, incapable de répliquer avec ses canons tournés vers la côte. 1 200 morts dont 977 à bord du cuirassé Bretagne. A l'horizon s'éloigne la flotte anglaise de l'amiral Somerville, mission accomplie mais peu fière de cette désastreuse victoire. L'opération " Catapult " est terminée. Elle avait commencé la nuit précédente : des commandos britanniques s'étaient emparés par la force, dans les ports anglais, des navires de guerre et de commerce français. Dès que le gouvernement Pétain avait annoncé son intention de demander un armistice, les Britanniques s'étaient inquiétés. Si la flotte française, la deuxième du monde, puissante et moderne, tombait entre les mains des nazis, la Grande-Bretagne, affaiblie et isolée, qui ne comptait plus que sur la Royal Navy et sur ses jeunes pilotes de chasse, se trouvait dans une situation critique. Lors des pourparlers d'armistice, Hitler avait affirmé solennellement qu'il ne toucherait pas aux navires français nécessaires à la défense de l'empire et ne réclamerait rien en ce domaine lors de la paix. Mais que valait, pensait Churchill, la parole d'un gouvernement vaincu, sans parler de celle d'un dictateur vainqueur ? On tira de sa retraite l'amiral Somerville, plus souple que ses camarades même s'il multiplia ses efforts pour éviter le pire. On le somma d'exécuter sa terrible mission. En face de lui, l'amiral Gensoul, honnête marin, eut peine à croire à la " trahison " des alliés d'hier, perdit du temps, ne sut pas finasser. Les transmissions avec Darlan, parti vers Clermont-Ferrand sur des routes encore encombrées par les réfugiés, durèrent des heures, et Gensoul abrégea son rapport sur les conditions posées par Somerville : se rallier, se saborder, gagner pour être désarmé un port anglais ou - il ne le signala pas - se rendre aux Antilles, où la flotte démilitarisée serait placée sous contrôle - alors neutre - des Américains. Roosevelt, si favorable qu'il fut au maréchal Pétain, approuva l'opération de Mers-El-Kébir. De Gaulle, dans une situation impossible, ménagea de son mieux l'horreur française et la susceptibilité anglaise : " Il n'est pas un Français, déclare-t-il, qui n'ait appris avec douleur et avec colère que des navires de la flotte française avaient été coulés par nos alliés. Cette odieuse tragédie (...) n'est pas un combat glorieux. Eh bien, ces navires, je le dis sans ambages, il vaut mieux qu'ils aient été détruits. " Mais, pour l'opinion française, le choc fut terrible. Il faudra des années pour que beaucoup de partisans de la lutte pardonnent à nos anciens alliés le massacre des marins français. A Vichy, Pierre Laval usa aussitôt du deuil et de la fureur quasi généraux pour obtenir des parlementaires qu'ils votent les pleins pouvoirs à Pétain. JEAN PLANCHAIS Le Monde du 5 juillet 1990
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- III- Mers et océans : appropriation, rivalités et protection Pbq : Quels sont les enjeux de l’appropriation des espaces maritimes ?
- Chapitre 1 : Mers et océans : au cœur de la mondialisation Cours 2 : Entre appropriation, protection et liberté de circulation
- Chapitre 1 : Mers et océans : au cœur de la mondialisation Cours 1 : Mers et océans : vecteurs essentiels de la mondialisation
- Question problématisée : Pourquoi les mers et les océans sont-ils des vecteurs essentiels de la mondialisation ?
- P1-les mers et océans, vecteur essentiels de la mondialisation