Mémoire d'Hadrien: Yourcenar nous montre-t-elle une Grèce réelle historique ou un pays stylisé et fantasmé, modèle pour toute une civilisation à venir ?
Publié le 28/03/2022
Extrait du document
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Introduction : Cet extrait prend place au milieu du livre et relate le voyage d’Hadrien dans ce qui lui
reste de sa patrie de cœur : la Grèce.
Ce passage s’intègre bien dans la problématique soit même ou
les autres dans la mesure ou Yourcenar donne sa voix à un personnage, pour nous partager sa propre
fascination pour la culture grecque antique.
Problématique : Yourcenar nous montre-t-elle une Grèce réelle historique ou un pays stylisé et
fantasmé, modèle pour toute une civilisation à venir ?
Plan : Une Grèce ruinée par la force militaire de Rome
La peinture d’une Grèce idéale et parfaite
Un modèle culturel qui doit servir de référence pour l’avenir
Les romains sont un peuple de conquérants et de guerriers.
On le voit bien avec l’utilisation du « nos »
qui renvoie à la patrie romaine, à la force militaire de l’empire.
Hadrien s'attarde donc sur la conquête
de l'Achaie par Mummius (désigné ici comme un coupable), consul en 146 avant Jésus-Christ en
citant « Corinthe » qui place géographiquement l’attaque et qui permet de prendre conscience de la
proximité de l’attaque.
L’utilisation de l’adjectif « partout » est une hyperbole qui montre bien la gravité
de l’offense commise.
Le champ lexical utilisé est celui de la violence, de la destruction qui montre le
désaccord d’Hadrien et son désolément face à la conquête qui est presque une malédiction comme
l'indique une série de termes très négatifs : « crimes » ; « ruinés » ; « rapt des statues ».
« Rapt » et «
crimes ».
Ce sont par ailleurs des termes juridiques qui décrivent des actes illégaux accomplis par des
criminels.
Hadrien se lance donc dans une condamnation paradoxale de l'Empire qu'il dirige.
On
entend ici crier la conscience humaniste blessée de
Yourcenar.
La déferlante militaire romaine ne va laisser après elle qu'une Grèce « appauvrie », en tout cas
matériellement.
Hadrien ajoute que les dégâts causés par Rome sont aussi spirituels, comme le montre l'image
pathétique des « places laissées vides au fond des sanctuaires » (par le vol des statues).
Ceci pour
insister sur le fait que ce n'est pas juste un peu de marbre qui a été dérobé, c'est la spiritualité qui
hantait les temples sacrés qui a été bafouée.
Cependant, malgré cette destruction, on sent avec
l’antithèse du terme « appauvri » et des termes « … » que la Grèce a conservé son essence et
continue d’être ce qui la caractérise.
Il reste qu'en dépit des « dommages scandaleux » qui lui ont été infligés, la Grèce « continuait » d’être
éternelle.
Il en fait un éloge systématique, en insistant sur son caractère éternel avec l'anaphore «
Rien n'avait changé » / « rien en somme n'avait changé ».
Cela permet de plus de renforcer
l’intemporalité malgré la destruction.
On comprend qu’Hadrien chérit et porte dans son cœur la culture
grecque.
Le mélange de sensualité et d'intellectualité qui caractérise son « atmosphère », à travers
l'usage de trois oxymores, qui allient, pour le premier le concret à l'abstrait, et le sensuel au spirituel
pour les deux suivants ; « subtilité claire » ; « grâce pensive » ; « volupté sage ».
Pour compléter cette
description, l'empereur a recours à des images qui s'apparentent à des clichés touristiques depuis
plus d’une centaine d’années :« odeur de miel chaud de sel et de résine »
L’adverbe « toujours » marque une fois de plus, un sentiment d’éternité, comme si ce que raconte
Hadrien n’a pas de cadre temporel.
Il y a également une personnification du sable avec l’adjectif
« blond » qui peut faire écho avec la ligne suivante ou Hadrien évoque des hommes grecs célèbres.
Hadrien écrit donc à propos de noms propres et d’allusions évoquant la culture grecque prestigieuse
des Vème et IVème siècles av J-C ; avec « Phidias », le sculpteur apollinien, « Charmide » et enfin «
Socrate ».
Avec tous ces éléments, on comprend que la Grèce (ou du moins l’image qu’en a Hadrien)
est la même que la Grèce d’y a 600 ans.).
On a l’impression qu’Hadrien en utilisant constamment des
termes mélioratifs donne à la Grèce un côté chaleureux, fantasmé (qui contraste avec la première
partie).Si dans l'ensemble du texte la voix de Yourcenar se fait clairement entendre (l'éloge de la
Grèce est habilement délégué au personnage d'Hadrien qui exprime ici le point de vue de Yourcenar),
cela devient encore plus net lorsque « l'esprit grec » et le « génie » de cette civilisation sont évoqués
(les deux expressions presque synonymes, sont disposées suivant une gradation).
3) Comme dans notre troisième texte d'étude, Hadrien tourne alors son esprit vers l'avenir, affirmant
que le modèle culturel grec devra servir d'exemple pour les civilisations futures, qu'il est appelé à se
développer et à s'étendre : cette idée est métaphorisée par l'image des « moissons » et continuée par.
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