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Méditerranée.

Publié le 08/12/2021

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Méditerranée. Déjà Ramsès II avait dû se garder de tentatives de la part des Chardanes en établissant une
haîne de forts vers l'ouest. Ces populations étaient arrivées depuis presque un siècle sur le territoire des
Tjéhénou avec d'autres, venues de la Méditerranée, poussées par les vagues indo-européennes vers le sud. Il
avait les Libou, futurs éponymes du pays, et les Mâchaouach, qui recevaient le renfort de certains de ces
euples indo-européens en quête de nouveaux territoires : Akaouach, Chakalach et Tourcha, venus des côtes
'Anatolie et des îles égéennes, et que les Égyptiens désignaient sous le nom générique de « Peuples de la
er ». Ces populations fédérées tentent un raid contre l'Égypte à la fin de l'an 5 de Mineptah. Leur attaque
surprend les Égyptiens qui ne réagissent qu'au bout d'un mois. Ils arrivent à les repousser, tuant 6 000 soldats
et faisant 9 000 prisonniers. Ces chiffres montrent l'importance de l'affrontement, qui n'est qu'une première
tentative. La seconde vague viendra vingt ans plus tard, sous le règne de Ramsès III.
Les quinze dernières années de la dynastie sont très confuses, et le récit qui en été donné après-coup sous
Sethnakht et Ramsès IV n'éclaire guère la situation par le tableau volontairement assombri qu'il en donne. À la
mort de Mineptah éclate la crise de succession prévisible du fait du trop long règne de Ramsès II : la disparition
successive des princes héritiers et l'attribution du pouvoir à Mineptah, qui ne venait qu'en treizième position,
amène, à la génération suivante, des conflits entre collatéraux. C'est l'un d'eux qui prend le pouvoir, un nommé
Amenmès, qui serait le fils d'une fille de Ramsès II inconnue par ailleurs, Takhâyt. Il épouse lui-même la reine
Tiâa, qui lui donne un fils, le futur Siptah. Ce roi aurait régné cinq ans, si l'on en croit le Papyrus Salt 124, mais,
dans la mesure où il a été considéré par la suite comme un usurpateur, il est assez difficile de suivre sa trace
sur les monuments. Il s'attribue en effet des constructions de ses prédécesseurs, mais son propre successeur y
fface à son tour son nom ! Sa tombe dans la Vallée des Rois (VdR 10) est inachevée et volontairement
détériorée. On possède pour cette période une source de renseignements assez fiable : les archives que l'on a
u reconstituer de la communauté des artisans de Deir el-Médineh. L'approvisionnement du village, assuré par
e gouvernement, est alors irrégulier, et des troubles éclatent en Thébaïde.
Les usurpations
Amenmès est remplacé au bout de cinq ans par Séthi II, héritier légitime de Mineptah, qui, lui, règne six ans et
semble maintenir le pays dans un calme relatif. Si l'on n'a pas de trace d'une politique extérieure, on doit
toutefois noter que les mines de Sérabit el-Khadim sont en activité. Il conduit un programme de constructions
plus énergique en paroles qu'en actes, mais qui a quand même laissé des traces à Hermopolis, où il termine la
écoration du temple de Ramsès II, et à Karnak, sous la forme d'un temple-reposoir dans la première cour du
emple d'Amon-Rê et de diverses adjonctions au temple de Moût.
l épouse trois reines, ce qui ne simplifie pas sa succession. La première est Takhat II. Elle ne paraît pas lui
avoir donné d'héritier. La deuxième, Taousert, lui donne un fils, appelé comme son père Séthi-Mérenptah.
Malheureusement, l'enfant meurt avant son père, et c'est le fils de la troisième reine, le prince Ramsès-Siptah
qui monte sur le trône. Comme il est trop jeune pour exercer le pouvoir, sa belle-mère Taousert prend la
égence du pays. La légitimité du jeune roi ne semble pas avoir été mise en doute par l'administration : les
raffiti laissés par des officiers égyptiens en Nubie se réclament de lui. Il règne sous la double tutelle de sa
elle-mère et du chancelier Bay, « qui a établi le roi sur le trône de son père ». Ce personnage a laissé un aussi
auvais souvenir que Taousert dans la mémoire des Égyptiens. Scribe royal de Séthi II, il séduit, si l'on en croit
a tradition, sa veuve qui fait de lui le Chef du Trésor tout entier. Sa position est suffisamment élevée à la Cour
our qu'il se fasse aménager une tombe dans la Vallée des Rois (VdR 13). On considère généralement qu'il
tait d'origine étrangère, et que c'est donc de lui que le Papyrus Harris I parle, en termes peu flatteurs, lorsqu'il
voque l'anarchie de son temps.
« L'Égypte était à la rue : chacun était à soi-même sa propre loi. Car il n'y avait pas eu de gouvernant de
nombreuses années durant, avant l'époque des " autres " : l'Égypte était divisée entre notables et maires
de villages, et chacun égorgeait son prochain, riches comme pauvres. Puis vint une autre lignée pendant
les années " vides ". larsou, un Syrien, y était associé comme notable. Il mit le pays tout entier, comme
administrateur sous sa coupe : l'un et l'autre s'étaient acoquinés pour voler les gens ! Et on faisait subir
aux dieux le même traitement qu'aux hommes : les offrandes n'étaient plus consacrées dans les
sanctuaires » (P. Harris I 75,2-6.)
Le nom de Iarsou, qui peut se comprendre en égyptien comme « celui qui s'est fait lui-même » : le « self-made
an », serait une façon dérisoire de désigner Bay tout en lui refusant l'existence posthume qu'accorde le simple
ait de prononcer le vrai nom de quelqu'un. Ce procédé est courant dans les textes politiques : nous le verrons
ors de la conspiration ourdie contre Ramsès III. Les années « vides » désignent le temps où le pouvoir est
onsidéré comme vacant, puisque occupé par une lignée usurpatrice.
u bout de trois ans, Siptah change le nom qu'il portait en montant sur le trône, Ramsès-Siptah, en Mineptahiptah (Drenkhahn : 1980, 15.) Il meurt trois ans plus tard, et est enterré lui aussi dans la Vallée des Rois (VdR
7), où son cartouche, d'abord enlevé, a été remis. Son temple funéraire, probablement inachevé, est perdu.
aousert règne alors peut-être deux années, et si son règne paraît moins riche que ne le suggère Théophile

Gautier, elle est présente dans le Sinaï et en Palestine et construit à Héliopolis et, bien sûr, Thèbes, où elle se
fait édifier un temple funéraire au sud du Ramesseum et une tombe dans la Vallée des Rois (VdR 14).
Cette dernière sera usurpée et terminée par Sethnakht, après que le creusement qu'il avait entrepris de la
tombe 11, qu'il se destinait à l'origine, avait fait déboucher accidentellement les travailleurs dans la tombe 10
voisine, celle d'Amenmès. Sethnakht déclare avoir chassé l'usurpateur (KRI V 671,10-672,14), et le Papyrus
Harris I le donne comme le réorganisateur du pays. Le changement de dynastie n'a pas dû se faire de façon
très brutale, puisque Sethnakht laisse en place le vice-roi de Kouch Hori fils de Kama, qui avait, il est vrai, été
nommé par Mineptah-Siptah et non par Taousert. Mais il conserve également son homonyme, le vizir Hori.
Sethnakht ne règne que deux ans. Le fils qu'il a de la reine Tiymérenaset, « Tiy aimée d'Isis », et qui va lui
succéder, sera le dernier grand roi du Nouvel Empire.
1295-1188

XIXe DYNASTIE

1295-1294

Ramsès Ier

1294-1279

Séthi Ier

1279-1212

Ramsès Il

1212-1202

Mineptah

1202-1199

Amenmès

1202-1196

SéthiII

1196-1190

Siptah

1196-1188

Taousert
1188-1069

XXe DYNASTIE

1188-1186

Sethnakht

1186-1154

Ramsès III

1154-1148

Ramsès IV

1148-1144

Ramsès V

1144-1136

Ramsès VI

1136-1128

Ramsès VII

1128-1125

Ramsès VIII

1125-1107

Ramsès IX

1107-1098

Ramsès X

1098-1069

Ramsès XI

Fig. 130
Tableau chronologique des XIXe et XXe dynasties.
Ramsès III
Dès le début, Ramsès III prend pour modèle Ramsès II. Ses successeurs l'imiteront en cela, mais il reste celui
qui a poussé la volonté d'assimilation le plus loin, du choix de sa titulature à l'édification d'un temple funéraire
construit sur le modèle du Ramesseum. S'il ne parvient pas à égaler vraiment son glorieux prédécesseur,
l'Égypte retrouve pour la dernière fois sous son autorité une puissance certaine au Proche-Orient. Comme
Ramsès II, il doit faire face à une situation extérieure délicate. Les Libyens, repoussés par Mineptah, reviennent
à la charge dans le Delta occidental. Ramsès III les vainc et intègre une partie de leurs troupes dans l'armée
égyptienne. Cette victoire est toute relative : une nouvelle vague déferle sur l'Égypte six ans plus tard, en l'an 11
de son règne. C'est une nouvelle victoire égyptienne, suivie de l'affectation des prisonniers comme mercenaires
dans le Fayoum et le Delta. Ces hommes conservent dans leur chair la trace de leur état servile, puisqu'ils sont
arqués au fer rouge. Ils perdent leurs biens, en particulier leurs troupeaux qui sont affectés au domaine

d'Amon, et sont emmenés en captivité avec femmes et enfants. Ils peuvent donc faire souche et perpétuer le
mécanisme qui a favorisé les invasions de la fin du Moyen Empire. Peu à peu des communautés libyennes se
constitueront dans le pays, formées partie par les descendants des vaincus, partie de colons venus plus ou
moins pacifiquement par le Delta occidental. Ces communautés, regroupées en chefferies égyptianisées,
prendront en main le pouvoir quand l'État sombrera à nouveau dans l'anarchie.
n l'an 8, entre les deux guerres libyennes, Ramsès III doit affronter une nouvelle invasion, celle des Peuples
e la Mer auxquels se sont joints les Philistins. Les garnisons de Palestine les arrêtent sur terre, mais ils entrent
ans le Delta par les bouches orientales du Nil. Ramsès III les rencontre dans une bataille navale qu'il relate,
insi que ses deux autres campagnes, sur les murs de son temple funéraire de Medinet Habou, au milieu de
cènes « de genre » où l'on voit les Égyptiens engager des batailles fictives contre Hittites, Syriens et Nubiens...
ui sont copiées des murs du Ramesseum.
amsès III a choisi pour y faire édifier son temple funéraire un emplacement situé à environ un kilomètre au sud
u Ramesseum. Le nom actuel du site, Medinet Habou, désigne en réalité la ville

Fig. 131
Les temples de Medinet Habou.

Fig. 132
Reconstitution-perspective de l'enceinte de Medinet Habou vue de l'est.

Fig. 133
Détail du quai et du portail.

Fig. 134
Élévation du migdol.
chrétienne qui s'était installée dans l'enceinte du temple, et qui déménagea pour Esna au moment de la
conquête arabe. Le lieu dépendait à la XVIIIe dynastie du temple de Louxor, dont il était « la butte de l'ouest » :
le souvenir s'en perpétuera à Basse Époque à travers la sépulture d'Amon Kematef et la procession
d'Imenemipet. À la XXIe dynastie, il était devenu le refuge des populations voisines qui y avaient constitué peu
à peu une ville, qui devint même à l'époque chrétienne un évêché, et dont le nom, Iat-tjamet, simplifié en
Djêmé, devint en grec Thêbai. Cette ville, qui offrait une stratigraphie continue de la XXIe dynastie à la
conquête arabe n'a malheureusement pas été l'objet de l'exploitation qu'elle méritait. Abandonnée depuis la
conquête, elle était encore à peu près intacte lorsque A. Mariette la découvrit vers 1860. Il en fit un premier
dégagement, poursuivi par E. Grébaut et G. Daressy, qui consistait simplement à évacuer le plus vite possible
les constructions urbaines en briques crues pour atteindre les niveaux anciens. En 1912, Th. Davis fouille le
palais de Ramsès III, puis, à partir de 1913, les constructions en briques sont livrées aux sebakhin pour
enrichir les terres cultivables. L'Oriental Institute de Chicago fit un relevé en six campagnes des temples, de
1927 à 1933.
Lorsque Ramsès III décida d'y implanter un temple funéraire, le site comprenait déjà un ensemble (
fig. 131
, 9-11), commencé par Amenhotep Ier et achevé par Hatchepsout et Thoutmosis III, et qui sera l'objet
d'agrandissements successifs jusqu'à l'époque romaine (7-2). Il l'inclut dans une enceinte qui délimite un large
périmètre, dégageant une esplanade entre le premier pylône et l'entrée monumentale qui donne accès au quaidébarcadère (1). Le tout donne encore aujourd'hui une idée de l'apparence extérieure d'un temple égyptien.
Le portail d'entrée est à 80 m en avant du temple. C'est en réalité un pavillon à deux étages, fait sur le modèle
d'un migdol, une forteresse syrienne. Ses deux tours, couronnées de créneaux, avaient à l'origine 22 m de
haut. Il en existait un pendant à la porte occidentale de l'enceinte (25), aujourd'hui disparu.
Le temple proprement dit, enfermé dans sa propre enceinte, suit le modèle du Ramesseum : les installations
cultuelles au centre, les magasins et dépendances rayonnent autour. Deux pylônes successifs (17 et 19),
donnant accès à deux cours. Puis c'est la même succession de trois hypostyles conduisant progressivement au
sanctuaire.
La première cour (18) donne accès au palais (27), qui comporte, outre les pièces d'apparat, des appartements
privés, équipés même d'une salle de bains.

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