Databac

Maurois : « Les écrivains français ont toujours eu le goût des écoles. Toujours ils ont aimé à se regrouper autour d'un terme abstrait : classicisme, romantisme, réalisme, naturalisme, symbolisme, existentialisme. À la vérité, les frontières de ces concepts sont confuses. Les grands écrivains ne sont jamais les prisonniers d'une doctrine, même lorsqu'ils en sont les parrains. Leur puissance de création fait éclater les cadres. »

Publié le 19/12/2021

Extrait du document

Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Maurois : « Les écrivains français ont toujours eu le goût des écoles. Toujours ils ont aimé à se regrouper autour d'un terme abstrait : classicisme, romantisme, réalisme, naturalisme, symbolisme, existentialisme. À la vérité, les frontières de ces concepts sont confuses. Les grands écrivains ne sont jamais les prisonniers d'une doctrine, même lorsqu'ils en sont les parrains. Leur puissance de création fait éclater les cadres. ». Ce document contient 1387 mots soit 3 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format PDF sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en: Français / Littérature.


« Introduction. — (Placer tout de suite le débat sur le terrain historique.) Qui étudie l'histoire de notre littérature est à la fois aidé et déconcerté par la présence un peu voyante d'étiquettes sous lesquelles on groupe les auteurs : aidé, parce que l'écrivain français, sauf exceptions assez rares, n'est pas un isolé, qu'il prend volontiers sa force dans ou contre des courants littéraires par rapport auxquels il entend se définir; déconcerté aussi, parce que, dans la pratique, une fois qu'on s'est appliqué à définir très soigneusement une école, on s'aperçoit qu'il n'y a pour ainsi dire aucun écrivain qui réponde totalement à cette définition.

Cette apparente antinomie (la nécessité de distinguer des écoles et l'impossibilité d'y réduire les écrivains) fait écrire à Maurois : « Les écrivains français ont toujours eu le goût des écoles.

Toujours ils ont aimé à se regrouper autour d'un terme abstrait : classicisme, romantisme, réalisme, naturalisme, symbolisme, existentialisme.

À la vérité, les frontières de ces concepts sont confuses.

Les grands écrivains ne sont jamais les prisonniers d'une doctrine, même lorsqu'ils en sont les parrains.

Leur puissance de création fait éclater les cadres.

» Ainsi le problème nous apparaît dans toute sa difficulté symétrique : impossibilité de nous passer de ces termes abstraits (et un peu barbares on sent que Maurois s'amuse de l'énumération volontairement comique de tous ces mots en -isme) et pourtant impossibilité de leur faire confiance quand on étudie les écrivains, puisque ceux-ci, après les avoir créés, très souvent les refusent.

Sans prétendre trancher le débat, saisissons du moins l'occasion d'une féconde réflexion sur notre littérature. I.

Le goût des écoles.

— (En distinguer quelques raisons dans la littérature française.) 1.

Raison sociale.

Les écrivains français sont volontiers mondains et sociables. Même lorsqu'on ne peut parler d'école, il y a des groupes, des « ronds », comme on disait au XVIIe siècle.

A ces groupes correspond en général un esprit littéraire et, dans les cas privilégiés, cet esprit crée une école.

On peut prendre des exemples dans toute la littérature, depuis le Moyen Age (autour d'Eléonore d'Aquitaine se forme l'école courtoise) jusqu'aux réunions de cafés de la fin du XIXe siècle où Verlaine, puis Moréas élaborent l'idéal symboliste; et, pour ne citer que quelques « centres d'esprit », entre ces dates extrêmes, la Pléiade, l'hôtel de Rambouillet, la cour de Louis XIV, les salons du XVIIIe siècle, l'Arsenal et le Cénacle sont autant de témoignages de ce caractère volontiers sociable des écrivains français.

Au fond, dans notre littérature, l'isolé n'a pas tellement bonne presse.

Même aux yeux de la postérité beaucoup d'écrivains paient leur solitude, subissent encore le fardeau de leur isolement.

Un Th.

de Viau, un Saint- Évremond, un Saint-Simon, un Mérimée, etc., malgré tout leur talent, nous paraissent garder quelque chose d'un peu incomplet et les manuels les classent volontiers sous la rubrique « attardés », « isolés », etc., tant il semble naturel qu'ils auraient dû faire partie d'un groupe, d'une école. 2.

Raison intellectuelle : goût des idées critiques lié à renseignement humaniste. Toutefois ce caractère volontiers mondain de nos écrivains n'aurait sans doute pas suffi à fonder des écoles, car la question est alors : pourquoi les groupes amènent-ils l'écrivain à formuler ses idées en un corps de doctrines qui devient le programme d'une école? Peut- être faut-il aller chercher l'explication profonde dans la culture traditionnellement reçue par cet écrivain, culture qui lui est commune avec son public.

La plupart du temps, nos auteurs formés par une culture humaniste et critique, une culture dont les grands noms sont Cicéron, Quintilien, Boileau (à partir du xviie siècle), etc., aiment à préciser la place exacte qu'ils entendent occuper dans l'évolution des idées critiques et, pour cela, posent volontiers en portique de leur œuvre des déclarations de principes, déclarations qui ont l'ambition, non seulement de justifier leur production future, mais aussi toute une descendance éventuelle dont ils espèrent être la source : Défense et Illustration, premières Satires de Boileau, Temple du Goût de Voltaire, manifeste symboliste de Moréas (1886), Manifeste de l'école romane (1891), etc..

Bref, Maurois n'a pas tort de. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles