Mauriac: Thérèse Desqueyroux - Réminiscences (commentaire)
Publié le 07/09/2020
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Réminiscences
Thérèse Desqueyroux, la narratrice, a tenté d'empoisonner son mari Bernard ...
Après avoir bénéficié d'un non-lieu, elle se remémore ici, dans le train qui la
ramène au domicile conjugal, la période de sa grossesse.
Anne de La Trave est
sa belle-sœur et son amie d'enfance ; le fils Deguilhem est le parti raisonnable
auquel cette dernière va se résigner après avoir brûlé pour un certain Jean.
Jusqu'à la fin de décembre, il fallut vivre dans ces ténèbres.
Comme si ce n'eût pas été assez des pins innombrables, la pluie
ininterrompue multipliait autour de la sombre maison ses millions
de barreaux mouvants.
Lorsque l'unique route de Saint-Clair
5 menaça de devenir impraticable, je Jus ramenée au bourg, dans la
maison à peine moins ténébreuse que celle d'Argelouse.
Les vieux
platanes de la Place disputaient encore leurs feuilles au vent plu
vieux.
Incapable de vivre ailleurs qu'à Argelouse, tante Clara ne
voulut pas s'établir à mon chevet; mais elle faisait souvent la route,
10 par tous les temps, dans son cabriolet "à la voie"W; elle m'apportait
ces chatteries que j'avais tant aimées, petite fille, et qu'elle croyait
que j'aimais encore, ces boules grises de seigle et de miel, appelées
miques ; le gâteau dénommé fougasse ou roumadjade.
Je ne voyais
Anne qu'aux repas, et elle ne m'adressait plus la parole; résignée,
15 semblait-il, réduite, elle avait perdu d'un coup sa fraîcheur.
Ses
cheveux trop tirés découvraient de vilaines oreilles pâles.
On ne
prononçait pas le nom du fils Deguilhem, mais Mme de la Trave
affirmait que si Anne ne disait pas oui encore, elle ne disait plus
non.
Ah ! Jean l'avait bien jugée: il n'avait pas fallu longtemps
20 pour lui passer la bride et pour la mettre au pas.
Bernard allait
(1) -"A la voie" : cette expression signifie que l'écartement des roues de la voiture (à cheval) de la tante Clara est exactement adapté aux ornières des chemins..
»
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