Maupassant déclare à propos de son personnage : « J’ai soin de dire qu’il ne sait rien, qu’il est simplement affamé d’argent et privé de conscience. » Le personnage de Bel-Ami s’explique-t-il seulement de cette façon ?
Publié le 18/05/2020
Extrait du document
«
Le 19ème siècle, en France, est l’âge d’or du roman.
L’alphabétisation, le développement de la culture et les
nouveaux moyens de diffusions lui permettent de rencontrer un vaste succès.
Plusieurs grands mouvements
littéraires s’y rattachent, et notamment le Réalisme qui apporte de nouvelles perceptions du monde, propres à
chaque auteur, avec une vision plus réelle, parfois dénonciatrice.
Écrivain marquant de cette époque, Maupassant
s’inscrit dans ce mouvement-ci et donne, à travers ses œuvres, son opinion personnelle sur la société, la nature
humaine.
Ainsi, dans son roman Bel-Ami, Maupassant déclare à propos de son personnage : « J’ai soin de dire
qu’il ne sait rien, qu’il est simplement affamé d’argent et privé de conscience.
» Le personnage de Bel-Ami
s’explique-t -il seulement de cette façon ? Nous traiterons cette problématique en deux temps : en quoi peut -on
approuver la vision de Maupassant à propos de son personnage ? Cependant, cette vision négative est -elle
totalement juste ?
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Selon Maupassant, Bel-Ami est un personnage exclusivement négatif.
Il est opportuniste, il utilise de façon détestable les gens, surtout les femmes, et chaque situation qui pourrait servir
ses
intérêts.
Par exemple, lorsque son ami Charles Forestier meurt, Bel-Ami profite de cette occasion pour jeter son
dévolu sur Madeleine Forestier, femme intelligente au talent journalistique incontestable.
Duroy sait qu’elle lui sera
d’une grande aide pour se propulser dans sa carrière.
Il ne la demande donc pas en mariage par sentiment, mais
pour assurer la suite de son ascension professionnelle.
Cet opportunisme peut également se traduire par la
manipulation.
Les autres personnages ne sont que des pions dont il se sert sans aucun scrupule.
À la mort du
comte de Vaudrec, Madeleine se voit hériter d’une grosse somme d’argent et Duroy lui laisse entendre qu’accepter
cette fortune aurait un effet déplorable sur son image.
Il profite de cette situation, gênante pour Madeleine, pour
hériter lui aussi, et donc assouvir sa soif d’argent.
Il manipule sa femme par cupidité.
Bel-Ami, comme on peut le
constater, n’agit que par intérêt personnel.
Il n’a aucun mérite, il se propulse en s’appuyant sur les autres
personnages, en les utilisant à leur insu.
On constate aussi le caractère orgueilleux et démesuré du personnage.
En effet, celui-ci se voit beaucoup plus
qualifié qu’il ne l’est en réalité.
Par exemple, lorsqu’il comprend que son second article n’a pas été publié, il est très
vexé, il trouve cela injuste.
Pourtant, il ne mérite pas cette publication, étant donné qu’il n’a pas de talent d’écriture,
alors qu’il se lance dans une carrière journalistique.
Mais
son orgueil démesuré le rend aveugle.
Sa réaction démontre bien son égocentrisme.
Selon lui, un article écrit par
Georges Duroy ne peut qu’être publié.
Ce trait de caractère se retrouve aussi dans le dernier passage du livre,
lorsqu’il se marie avec Suzanne : « Lorsqu’il parvint sur le seuil, il aperçut la foule, amassée, une foule noire,
bruissante, venue là pour lui, pour lui Georges Du Roy.
Le peuple de Paris le contemplait et l’enviait.
» Il se tient
comme un prince et se voit déjà député : « il lui sembla qu’il allait faire un bond du portique de la Madeleine au
portique du Palais Bourbon.
» La démesure du personnage est ici poussée à l’extrême.
Bel-Ami est donc un
personnage qui se sent puissant, et qui ne se remet jamais en cause.
Il se voit au centre de toutes les attentions.
Duroy est également un homme dangereux.
Il est calculateur.
Il se met en scène, utilisant sa beauté comme une
arme pour duper les gens.
Dès l’incipit, cette facette du personnage est démontrée : « Il cambra sa taille » ; il se
redresse comme pour s’élever encore plus alors qu’il est déjà grand ; « jeta sur les dîneurs [...] un de ces regards
de jolis garçons qui s’étendent comme des coups d’éperviers.
» La comparaison avec le rapace est ici révélatrice
du côté prédateur du personnage.
Il regarde les dîneurs comme s’il choisissait sa proie avant de fondre sur elle par
surprise.
Un peu plus loin, le narrateur fait une description élogieuse de Duroy ; il semble
correspondre à l’idéal masculin de son époque : « une moustache retroussée qui semblait mousser sur la lèvre.
»
Mais la dernière phrase le discrédite : « il ressemblait bien au mauvais sujet des romans populaires.
» Cette
remarque piquante, subtilement glissée par le narrateur nous révèle que ce physique est un masque occultant une
personnalité redoutable.
En effet, le mauvais sujet est celui qui transgresse les règles et qui est donc un danger
pour la société.
À cela s’ajoute même une brutalité physique : « heurtant les épaules, poussant les gens » ; Plus
loin dans le roman, il ira jusqu’à se battre avec Mme de Marelle : « la frappa comme s’il tapait un homme ».
On
constate donc que c’est un homme violent.
Bel-Ami mise donc sur la superficialité pour tromper son entourage.
Derrière son visage de beau jeun homme se trouve en fait un prédateur.
Maupassant nous présente un personnage cupide, profiteur et amoral, qui ne recule devant aucun crime à la
personne pour se hisser au plus haut.
Seul le lecteur connait vraiment son caractère grâce aux interventions du.
»
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