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MARIVAUX Pierre Carlet de Chamblain de

Publié le 07/11/2020

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Cette intervention de la musique chantée et dansée fut entièrement supprimée au siècle romantique (qui la jugea trop frivole lorsqu'on la transporta sur la scène de la Comédie-Française). On peut le regretter, car elle apportait à ce théâtre de Marivaux une note de gratuité au sens fort du mot, c'est-à-dire de grâce, qui lui est, sans aucun doute, indispensable. Et n'est-ce pas en définitive dans ce registre, dans cet univers de poétique fantaisie que Marivaux dans toute la littérature européenne reste unique et irremplaçable ? Les philosophes de son temps le donnaient pour léger. Et l'on sait comme le mot est infamant de nos jours ; il l'était déjà un peu vers le milieu du XVIIIe siècle qui s'engoue de la « comédie larmoyante » d'un Nivelle de La Chaussée ou du « drame bourgeois » d'un Sedaine (et aussi, hélas, de Diderot, égaré par ses bons sentiments républicains). Voltaire en particulier reprochait avec hauteur à Marivaux de « peser des œufs de mouches sur des balances de toiles d'araignée ». Léger? soit ; et plus que léger encore. 11 est aérien. Au siècle suivant, qui voit s'installer solidement la gravité bourgeoise, Sainte-Beuve a sauvé Marivaux d'une perte certaine en l'annexant à titre posthume à l'équipe encyclopédiste : « C'est un théoricien et un philosophe, beaucoup plus perçant qu'on ne croit sous sa mine coquette. » (Notons d'ailleurs la restriction finale : écrivain véritable, mais femelle. Les peintres et les musiciens se défendent mieux ; qui oserait parler de la « mine coquette » de Watteau? ou de Rameau?) Notre siècle, qui est encore presque aussi grave que le précédent, s'est autorisé, pour admettre de nouveau cet écrivain futile parmi nous, de ses efforts louables dans le sens d'une « rethéâtralisation du théâtre » (Georg Fuchs) qui font de lui un précurseur du « pirandellisme ». Il est vrai que dans Les Acteurs de bonne foi, par exemple (1757), Biaise, Colette et quelques autres valets et villageois sont mis en demeure, à l'occasion du mariage de leurs maîtres, de jouer sur le thème de ce mariage une comédie improvisée. Et il y a donc là un cas de « théâtre dans le théâtre ». Qu'il y ait, entre tant, de telles préoccupations chez Marivaux, qui le nierait ? Mais ces subtilités sont-elles philosophiques ou simplement scéniques (comme dans L'Illusion du jeune Corneille) ? Au surplus, ce n'est pas là, par bonheur, tout Marivaux; et concluons que, pour l'essentiel, il est raffiné en tant que poète, bien plus que subtil en sa pensée.

« 1 / 2 MARIVAUX Pierre Carlet de Chamblain de 1688-1763 Poète dramatique et romancier, né à Paris.

Avec Rameau et Watteau, nés (à quelque cinq ans près) en même temps que lui, Marivaux com­ plète la trinité des grands poètes de ce siècle qui pour le reste en eut si peu.

Notons d'abord qu'il n'a pas, à proprement parler, de biographie : marié à trente ans avec une jeune fille prénommée Colombe, il la perd sept ans plus tard, et termine ses jours dans une demi-retraite (de cin­ quante-cinq à soixante-quinze ans), chez une vieille demoiselle pré­ nommée Angélique, dont il n'aura qu'à se louer.

Sa vie se confond avec sa carrière (sa triple carrière) d'écrivain; car il fut romancier, poète dra­ matique, et journaliste.

Romancier, il publie d'abord une parodie de Télémaque.

Puis sous l'influence des romanciers anglais et de l'abbé Prévost, dont les pre­ miers livres font sensation, Marivaux s'attache à l'observation de la vie réelle et à l'étude -quasi « philosophique » -des mœurs de l'époque.

Il donne dans ce genre, alors nouveau, deux œuvres qui furent jugées exemplaires: La Vie de Marianne (1731-1741), douze livres dont le der­ nier est de Mme Riccoboni; et Le Paysan parvenu (1735-1736), huit livres, dont seuls les cinq premiers sont de lui.

Journaliste, il s'inspire ici encore de la formule créée en Angleterre : le « Spectator » d'Addison.

Son Spectateur français (de 1722 à 1723), qu'il rédige pratiquement seul, n'a qu'une vie brève.

Il est bientôt suivi par L'Indigent philosophe (1728) et par Le Cabinet du philosophe (1734), plus éphémères encore.

Malgré ces titres surprenants, la philosophie, 2 / 2. »

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