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MARIVAUX : L'ILE DES ESCLAVES : SCENE 6

Publié le 17/05/2020

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« MARIVAUX : L'ILE DES ESCLAVES : SCENE 6Introduction :Le théâtre de Marivaux manifeste son goût pour le travestissement (déguisement) qui a pour but de permettre à des jeunes gens que l'on fait marier d'observer leursprétendants à leur insu ("Le jeu de l'amour et du hasard").

Dans L'île des esclaves, Marivaux exploite à nouveau ce déguisement pour l'associer à une réflexionphilosophique et politique.

Les valets prennent le rôle des maîtres.La scène 6 que nous allons étudier est une scène de parodie de scène d'amour (connotationcomique).Analyse :I) Le théâtre dans le théâtre (première thèse)A.

Le jeu en abîme (1er argument)(Exemple) Les premières répliques et didascalies présentent l'oeuvre scénique : il y a un dégagement de l'espace pour le jeu théâtral.

Il y a une création d'un secondespace pour les valets.

Arlequin est le metteur en scène.

En dégageant l'espace scénique, Arlequin précise le rôle d'acteurs et de spectateurs => fonctionne par deux(en couple) (parallélisme grammatical avec "et" qui coordonne deux éléments de même nature).

Ce parallélisme sert à comparer, et soutient une opposition entre lesmaîtres et les valets.

Tous ces parallélismes montrent que les maîtres sont les spectateurs de leur propre jeu, joué par leur valet.(Conclusion de l'exemple) Noussommes dans un moment de théâtre dans le théâtre, et ce sont les didascalies qui guident la représentation.(Autre exemple) "Se promenant sur le théâtre" = un mouvement mécanique, le jeu est amplifié, déformé, caricatural.

"L'arrêtant par le bras, et se mettant à genoux" :un jeu comique, une caricature qui prête à rire.La mise en scène soutient la mise en abîme.

Les maîtres jouent pour présenter à leur maître leurs défauts.

Les didascalies des personnages sont plus présentes quecelles de l'auteur lui-même.B.

Des spectateurs à l'intérieur même de la représentation (2nd argument)Il y a deux sortes de spectateurs : les maîtres et nous (le public).

La présence d'Euphrosine et d'Iphicrate est sensible au début, et est désignée au début et à la fin :"patron".Cet extrait est encadré par ces spectateurs pour souligner le jeu du regard.Le but est de corriger les maîtres de leur caractère superflu.

Marivaux espère fairejaillir ici la vérité du théâtre.Les maîtres réalisent la vérité de leur comportement.

Iphicrate et Euphrosine qui s'éloignent montrent l'inversion des rôles, ils obéissent ;alors qu'Arlequin et Cléanthis, sujets, les regardent s'en aller.

Ils ne sont plus sujets mais objets (compléments d'objet) et subissent le même sort que celui qu'ilsimpriment à leur sujet."Etonnement et de douleur" = conséquence psychologique de cette inversion des rôles."Nous sommes aussi bouffons que nos patrons" =comparative des qualités = ils sont au même niveau, déprécient les maîtres par la réalité bouffone.Transition : on comprend que les valets entrent dans un jeu où ils vont mimer voire caricaturer leur maître.

La présence de ces dernier est importante car il faut qu'ilsassistent à cette représentation.II) Nous sommes dans une parodie (2nde thèse)Imitation des maîtres par leur valet avec un décalage qui nous amène dans le grotesque (parodie).

Décalage entre Arlequin et Cléanthis.A.

Nous sommes dans une situation très codifiée (1er argument)La situation obéit à un rituel (facile à mimer).C'est une parodie qui va prendre corps parce que tout est en place pour une imitation.B.

Un code qui s'exerce à travers un thème traditionnel (2nd argument)Un thème traditionnel de la rencontre = déclaration d'amour.

Celle-ci se passe avec le lexique, avec les mots : "jour", "clarté", des termes lumineux, parlant du temps(façon polie d'entrer en conversation)."Le plus beau temps du monde" = hyperbole, précieuse = déclaration d'amour.Le vocabulaire est galant : "grâce", "douceur","galant", "compliments" et le vocabulaire de l'amour va s'y joindre : "aimer", "flamme".La dominante des sentiments se voit par la ponctuation.Tous ces élémentssont habituels d'une recette de séduction.C.

Une scène caricaturaleArlequin est en rupture avec le discours des maîtres.

La pièce est caricaturale car Arlequin et Cléanthis s'appliquent.

Arlequin s'applaudit, il trouve qu'il joue bien (àla fois acteur et spectateur).

Les répliques par leurs didascalies montrent qu'il y a un décalage entre Arlequin et ce qu'il joue.Quand Arlequin s'exclame "Ah ! Ah !" :il s'esclaffe et rit alors qu'il est à genoux.

L'univers des maîtres est représenté par l'action "à genoux", mais "riant" introduit le décalage.=> Ces didascalies nousmontrent que l'effet de caricature est en opposition avec le registre lyrique, avec l'expression des sentiments.D.

Caractère comiqueArlequin est le personnage de la farce.

Le comique vient de l'exagération d'Arlequin et Cléanthis.On est dans l'univers de la farce quand Arlequin saute de joie(gestion de la didascalie : "tire Cléanthis par le bras").

On est dans une mécanique imitative, dans un comique de geste et de langage.Transition : Arlequin et Cléanthis font de cette scène une parodie entre imitation et décalage.III) Corriger les moeurs par le rire (3ème thèse)A.

Une leçon pour les maîtresLes maîtres sont des spectateurs impuissants d'un jeu dont la cruauté vient de la caricature.

Derrière celle-ci il y a un projet de leur montrer (et non seulement àIphicrate et Euphrosine) leur comportement afin qu'ils se corrigent.Les maîtres sont brutaux : la brutalité avec laquelle Arlequin traite Iphicrate est identique à la brutalité des maîtres à l'égard de leur valet.La scène d'amour est parodiée, Marivaux demande davantage de sincérité dans les sentiments.

Elle montre que les maîtres sont bouffons dans leur comportement.C'est une leçon douloureuse pour eux, le rire d'Arlequin montrant le ridicule.

Toutefois, le message est non agressif grâce au pesonnage d'Arlequin.

Un public quiassiste, se sent concerné, n'est pas agressé par la bonne humeur d'Arlequin.B.

Une leçon rassurante pour les maîtresEn effet, on comprend que la brutalité d'Arlequin montre qu'il 'nest pas à sa place dans le rôle de maître.

Il joue un jeu un peu facile.

Marivaux nous dit ici que lasociété est acceptable mais qu'il faut l'améliorer, qu'il tient en quelque sorte à conserver la société telle qu'elle est.Conclusion :C'est une leçon cruelle pour ces maître : il s'agit pour eux de se voir imiter, singer, ridiculiser devant leur intimité.

Le jeu est relativement bon enfant, pas méchant, etArlequin n'est pas à la hauteur de son rôle de maître.Ce n'est pas une scène de déguisement.

Il y a ici de réelles questions de société qui sont soulevées.

C'est une remise en cause qui prend corps.. »

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