Marivaux, Le paysan parvenu, commentaire corrigé
Publié le 13/11/2021
Extrait du document
«
Marivaux, Le paysan parvenu, commentaire corrigé
PROBLÉMATIQUE : Comment, par-delà leur différences sociales, la maîtresse va initier Jacob à des valeurs
typiques des Lumières ?
I) La rencontre positive de deux milieux sociaux différents
a) Deux personnages de niveaux sociaux différents
b) Un personnage admiratif de sa maîtresse
II) La relativisation de la morale chrétienne traditionnelle
a) Une vie désordonnée
b) Des personnages amoraux
c) Un narrateur qui contribue à la banalisation de cette amoralité
III) La possibilité d'une ascension sociale
a) Sa maîtresse révèle à Jacob la possibilité d'une ascension sociale
b) L'expérience toute récente de Jacob vient confirmer cette révélation
c) Le texte annonce que c'est par les femmes que Jacob va pouvoir progresser socialement
REDACTION
Marivaux est surtout connu pour ses pièces de théâtre.
Mais il a aussi écrit deux romans-mémoires, tous deux
inachevés, qui décrivent à chaque fois une ascension sociale : La vie de Marianne et Le paysan parvenu .
C'est
cette dernière œuvre dont nous allons commenter ici un extrait.
Le texte que nous allons étudier se situe au
début du roman, alors que le narrateur, Jacob, arrive à Paris.
Nous allons voir dans ce texte comment, par-delà
leur différences sociales, la maîtresse va initier Jacob à des valeurs typiques des Lumières.
Nous allons d'abord
constater que cette initiation est rendue possible par la rencontre positive entre ces deux personnages, de
milieux sociaux pourtant très différents.
Nous allons ensuite voir que le personnage de la maîtresse remet en
cause par son attitude la morale chrétienne traditionnelle.
Enfin, elle va également sensibiliser Jacob au fait qu'il
peut gravir les échelons de la société.
Les deux personnages du textes appartiennent à deux milieux sociaux bien distincts.
Jacob est un
paysan : le champ lexical de la ruralité jalonne : le texte « rustique » (l.
2), « villageois » (l.
7), « paysan » (l.
34), « village » (l.
35).
À l'inverse, la maîtresse fait partie de l'aristocratie, ainsi que l'indique le vocabulaire
de l'aristocratie , également présent : c'est la femme du « seigneur » (l.
5), elle fait partie du « grand monde »
(l.4 ; l.
10).
C'est une femme qui a de nombreux serviteurs , comme l'attestent les pluriels qui reviennent au
long du texte : « les domestiques » (l.
5), « ses domestiques » (l.
25).
« ses femmes » (l.
9, l.
34) ; l'adjectif
possessif montre bien le fait que de nombreuses personnes lui appartiennent.
De plus , Jacob et la
maîtresse ne sont pas sur un pied d'égalité.
En effet , on ne connaît pas le nom de la dame , que Jacob
désigne constamment par des périphrases : « Madame » (l.
15), « notre maîtresse » (l.
19).
Même quand il
s'adresse à elle, Jacob l'appelle « Madame » (l.
35) À l'inverse, elle le tutoie et l'appelle « mon garçon » (l.
33),
avec un adjectif possessif qui marque une certaine condescendance .
Ces apostrophes mettent en valeur leur
différence de statut.
Jacob, face au compliment que lui fait la maîtresse, marque son infériorité en faisant
preuve de modestie : « Bon! madame, lui répondis-je, je suis le plus mal fait de notre village.
» (l.
35).
Ici, le
superlatif fait bien ressortir cette modestie.
Le dialogue lui-même marque donc très bien que sur un plan
social, un personnage est supérieur à l'autre.
Malgré la distance sociale qui les sépare, Jacob éprouve une véritable admiration pour sa maîtresse ,
comme le montre l'hyperbole de la ligne 23 : « je n'ai jamais vu une meilleure femme ».
Cette affirmation est
bientôt suivie par une énumération de ce qu'il apprécie chez elle : « Elle était bonne, généreuse, ne se
formalisait de rien, familière avec ses domestiques, abrégeant les respects des uns, les révérences des autres ; la
franchise avec elle tenait lieu de politesse » (l.
25-26).
Pour bien insister sur cette gentillesse, Jacob, après
avoir énuméré les bontés de sa maîtresse pour ses domestiques, dresse la liste des sévérités qu'elle n'a
pas : « Avec elle, on ne faisait point de fautes capitales, il n’y avait point de réprimandes à essuyer » (l.
27-28).
Ici, la répétition de la négation « point » met l'accent sur le fait qu'elle ne veut punir personne.
Ce refus de
1 / 4.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Henri Coulet écrit, dans Le Roman jusqu'à la révolution : « Le réel n'intéresse les romanciers que s'il est vécu par l'homme : ils peignent les passions bien plus que les objets, ils s'attachent beaucoup plus à reconstituer les émotions et les réflexions d'un personnage qu'à construire une intrigue parfaitement cohérente et à en inventer des circonstances rigoureusement possibles ; l'équilibre de l'imagination et de l'observation, qui s'entraident pour obtenir du lecteur l'adhésion lu
- Je fus de retour à la maison au moment qu'on allait se mettre à table: Le Paysan parvenu de Marivaux
- Commentaire de texte - De l'Allemagne, Madame de Staël Proposition de corrigé
- Corrigé commentaire Hobbes: Léviathan, chapitre XIII, Trad. François Tricaud, Sirey (© Dalloz), 1971, pp. 126-127.
- Marivaux, Le père prudent et équitable, commentaire littéraire