Marie Walewska

« Marie Walewska C'est M.

de Talleyrand qui m'a présenté Mme Walewska.

Elle ne s'est pas défendue ! confiait Napoléon à ses derniersfidèles. Mais pourquoi Talleyrand a-t-il fait choix de Marie Walewska qui est l'amie d'une de ses propres maîtresses ? Parcequ'elle est jeune, douce, fraîche, blonde...

Exactement ce que Napoléon recherche.

Puis, c'est une exaltée.

Elleaime follement sa Pologne.

Si Napoléon réhabilite les Polonais, reconstitue la Pologne, que n'obtiendra-t-il pas d'elle? C'est la carte que joue Talleyrand et le “ chantage ” auquel va se livrer Napoléon.

Enfin, elle sait ce qui l'attend. Car Marie Walewska ne ressemble pas à sa légende : la jeune femme mariée par contrainte à un vieillard, et sesacrifiant pour le triomphe d'une grande cause. Entre plusieurs partis, Marie opte pour le plus riche, le comte Walewski, délicat, érudit, généreux.

Et point si âgé...Marie est bientôt mère.

Puis, assez vite, elle fait parler d'elle.

Napoléon savait qu'il n'était pas son premier amant. “ Elle ne s'est pas défendue...

” Certes, Napoléon, toujours pressé, ne “ soupire ” pas longtemps...

Talleyrand laproduit à la faveur d'un bal.

Napoléon l'aborde.

Timide, elle reste muette.

L'empereur s'étonne. Ce n'est pas l'accueil auquel j'avais le droit de m'attendre après... Quittant le bal, il lui fait passer ce billet : “ Je n'ai vu que vous.

Je n'ai admiré que vous.

Je ne désire que vous.

Uneréponse bien prompte pour calmer l'impatiente ardeur de N...

” A son réveil, Marie reçoit des bijoux et un autre billet : “ Vous ai-je déplu, Madame ? J'avais cependant le droitd'espérer le contraire...

” Le même jour, encore un message : “ Il y a des moments où trop d'élévation pèse...

oh ! venez, venez ! Tous vosdésirs seront remplis.

Votre patrie me sera plus chère quand vous aurez pitié de mon pauvre cœur...

” Le soir, Duroc l'introduit.

Napoléon la regarde, et dit encore à Duroc, en le congédiant : Elle est exquise ! Le gouvernement polonais a décidément toutes les gentillesses ! Il s'assoit près d'elle, la renverse, l'embrasse à pleine bouche. Alors elle “ succombe ”.

Dans ses notes intimes, deux versions.

L'une : “ Je ne pouvais plus reculer.

” L'autre : elles'est évanouie, et Napoléon en a profité pour abuser d'elle. Ils vivent ensemble sans souci du mari ! pendant une partie de l'hiver.

Napoléon la quitte pour guerroyer avec lesRusses, la retrouve à Paris, la mande près de lui en Autriche, en 1809.

Elle y devient grosse... Mais c'est la fin de leurs amours.

Napoléon l'installe et la traite princièrement.

Quatre millions de nos francs pour sesmenues dépenses mensuelles.

Ils se revoient de loin en loin.

A peine une amitié amoureuse...

D'ailleurs, le cœur deMarie est occupé.

Elle s'est éprise d'Ornano, un jeune cousin de Napoléon.

“ Mon beau général !...

” l'appelle-t-elle.Il a vingt-huit ans.

Walewski meurt.

Marie voudrait épouser Ornano. Néanmoins, elle accourt auprès de Napoléon vaincu, à Fontainebleau, puis à l'île d'Elbe.

Mais ses démarches sont, enpartie, dictées par le souci de sauver la fortune de son deuxième fils (celui de Napoléon), fort compromise. Au retour, elle se prépare à épouser Ornano, devenu royaliste.

Mais voici que Napoléon réapparaît.

On surseoit aumariage.

En moins de cent jours, tout est fini...

Waterloo...

Sainte-Hélène... Avant le départ définitif, elle lui dit adieu à Malmaison.

Et comme elle est déçue ! Le vaincu de Waterloo n'est plusBonaparte... A présent, elle peut épouser Ornano.

Las ! le bonheur n'est point pour eux.

L'image de Napoléon demeurait en tiersentre Marie et son beau général.

Pour lui, comme un fantôme agaçant.

Pour elle, comme un remords.

Elle meurt en1817.. »