Marcel Proust

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 « ...un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblent avoir été moulés dans la valve rainurée d'une coquille de Saint-Jacques. «
 Marcel Proust et la saveur mémorable d'une bouchée de petite madeleine que l'on a laissé s'amollir dans une cuillère de thé bien chaud. Comme un prélude à cette entreprise unique dans la littérature française : À la recherche du temps perdu.
 « Longtemps, je me suis couché de bonne heure. « Ainsi débute le livre. L'image grave et triste d'un enfant fragile. Poursuivi très tôt par cet asthme qui ne le quittera plus. Entouré des tendres inquiétudes d'une mère et d'une grand-mère douces et aimantes. Trop peut-être, tandis que chaque soir Marcel attend fiévreusement l'heure du baiser maternel et que le père, bon mais rude, tente d'atténuer ce qu'il appelle « des sensibleries «.
 Entre les cours au lycée Condorcet et les vacances familiales à Illiers près de Chartres, puis sur les plages normandes de Cabourg ou de Trouville, le jeune Marcel prend goût à la vie mondaine. Il fréquente les salons et lie connaissance avec des artistes et des membres de l'aristocratie : Mme Strauss, Robert de Montesquiou, Anatole France, Reynaldo Hahn et autres futurs personnages de l'œuvre en germe. Lui-même aborde la littérature en esthète dilettante.
 Ce n'est qu'après la disparition de ses parents
 (1903 et 1905) qu'il se retire dans un appartement du boulevard Haussmann. De cette réclusion naîtront successivement sept volumes pour cette vaste suite romanesque que Proust imaginait à l'instar d'une cathédrale. Si la première partie, Du côté de chez Swann passe quasiment inaperçue en 1913, la seconde, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, reçoit le prix Goncourt en 1919.
 Calfeutré dans sa chambre, Proust ne se contente pas d'égrener les souvenirs d'un temps révolu : la douceur de l'enfance, les affres de la passion, les désillusions du monde. Le passé n'est pas mort, mais simplement enfoui au plus profond de nous jusqu'à ce que le hasard d'une odeur ou d'une saveur ressuscite pour quelques instants ces sensations oubliées. À l'artiste ensuite d'en dégager l'essence et la vérité. Suggestions, relations et métaphores traduisent cet effort éperdu pour une victoire finale dont le titre du dernier ouvrage semble apporter la clé : le Temps retrouvé, paru après sa mort en 1922.