MALLARMÉ Stéphane
Publié le 07/11/2020
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En schématisant, tel est donc l'itinéraire esthétique de Mallarmé : a) signification ; b) chant (expulsion, ou, dit-il, abolition du sens intelligible, au profit du son des mots, qui se bornent à suggérer par leur musique propre) ; c) incantation, c'est-à-dire retour à la signification, mais (du fait de l'initiative que le poète abandonne aux mots) multipliée, illimitée; hyperbolique, dit-il. Quant à ce troisième point, Mallarmé, si peu « chef d'école » et doctrinaire, s'est exceptionnellement soucié de préciser ses intentions : Les Parnassiens [... J traitent encore leurs sujets à la façon des vieux philosophes et des vieux rhéteurs (réponse à l'enquête de J. Huret, 1891). Or, l'oeuvre pure implique la disparition élocutoire du poète. Ainsi, par exemple, le vers qui de plusieurs vocables refait un mot total, neuf, étranger à la langue et comme incantatoire, achève cet isolement de la parole : niant d'un trait souverain, le hasard demeuré aux termes malgré l'artifice de leur retrempe alternée en le sens et la sonorité (Crise de vers). Cette retrempe alternée, c'est le traitement qu'il fait subir au sens : détruit, dans sa fonction représentative immédiate, puis transmué en sens « essentiel » - le passage de la parole immédiate à la parole essentielle est une des formules chères à l'auteur; ce que J.-P Richard, un de ses plus récents commentateurs, résume ainsi : « Pour Mallarmé, c'est dans l'au-delà que doit se ressaisir l'en-deçà ; il faut savoir se perdre pour mieux se retrouver. » L'au-delà, ou le saut au-delà, doit être ici compris dans l'acception mallarméenne d'« hyperbole » : délaissant la platitude de l'ici-bas, l'hyperbole est l'envol vers l'inintelligible, l'ouverture sur l'infini des possibles (La parole, dit encore Mallarmé, retrouve chez le poète sa virtualité). D'abord « amphibole » (au sens double que, très joliment, Valéry définit, chez Mallarmé : la « double réfraction ») puis « hyperbole », qui n'est que l'épanouissement normal de la première, le verbe poétique est donc à la mesure aussi des virtualités des divers lecteurs auxquels il faut laisser cette joie délicieuse de croire qu'ils créent (réponse à Huret, déjà citée). Non seulement l'interprétation d'un poème par tel ou tel exégète de Mallarmé sera acceptable, mais aussi telle autre qui la contredit, fût-elle d'un lecteur profane ; chaque lecteur, mais aussi chaque nouvelle lecture d'un même lecteur. Erreur, par suite, de traiter cette oeuvre
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