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Mallarmé: Parce que de la viande était à point rôtie. Commentaire

Publié le 19/12/2021

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« Mallarmé Parce que de la viande était à point rôtie Parce que le journal détaillait un viol Parce que sur sa gorge ignoble et mal bâtie La servante oublia de boutonner son col Parce que, d'un lit grand comme une sacristie, Il voit sur la pendule un couple antique et fol Et qu'il n'a pas sommeil et que sans modestie Sa jambe sous le drap frôle une jambe au vol Un niais met sous lui sa femme froide et sèche Contre son bonnet blanc frotte son casque à mèches Et travaille en soufflant inexorablement Et de ce qu'une nuit sans rage et sans tempête Ces deux êtres se sont accouplés en dormant O Shakespeare, et toi Dante ! il peut naître un poète Contexte et éléments pour l’introduction Ce poème de Mallarmé est une œuvre de jeunesse.

Mallarmé, poète réputé hermétique, offre ici une pièce pourtant largement narrative et relativement transparente, qui débouche sur une célébration du pouvoir de la poésie.

Il s’agit donc d’une des premières manifestations de la réflexion de Mallarmé sur la poésie elle-même, réflexion qui l’amènera à une refondation radicale de l’art poétique.

S’il ne faut donc pas lire ce sonnet de Mallarmé comme on pourra lire ses œuvres plus tardives, c’est-à-dire en s’interrogeant sur l’hermétisme du langage mis en œuvre et sur la signification de cet hermétisme pour la poésie, il faut cependant être attentif à ce qui, dans ce texte, relève de la recherche fondamentale de Mallarmé sur l’essence de l’art poétique et sur l’usage du langage qui lui est lié. Le poème se présente comme un tableau aboutissant, dans le dernier tercet, à une chute qui révèle son véritable objet : il s’agit là d’un usage traditionnel de la forme du sonnet (deux quatrains, puis deux tercets, le dernier tercet contenant une « pointe », c’est-à-dire une formule frappante éclairant l’ensemble du texte et lui donnant sa vraie signification). Il faudra étudier cette structure narrative du poème, qui progresse vers une fin inattendue.

Un autre axe important d’étude sera consacré au portrait pessimiste et cruel de l’humanité qui est ici fait : ce qui est décrit ici, d’une manière très explicite et qui semble refuser toute poétisation, est un acte sexuel sordide, sans amour ni désir, inspiré par des circonstances contingentes tout aussi sordides que l’acte sur lequel elles débouchent : il faudra mettre en valeur cette esthétique du sordide ainsi que la déshumanisation des personnages représentés, et notamment la manière dont leurs actes sont conditionnés par ce qui les entoure : le « niais » dont il est question ici est en effet totalement passif, mécanique, il correspond à une vision déshumanisée de l’humanité. A ce sordide, il faudra opposer la conception de la poésie qui se révèle à la fin du poème, et, à la relecture et par un système de contrastes : la poésie apparaît comme un moyen de transformer la réalité la plus crue en la sublimant.

L’étude de la structure narrative. »

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