Malgré ses évolutions, le financement du développement reste inadapté aux besoins des pays pauvres
Publié le 09/09/2020
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«
Malgré ses évolutions, le financement du développement reste inadapté aux
besoins des pays pauvres
Le financement extérieur du développement est constitué d’une grande variété de
flux publics et privés allant du don aux prêts à taux de marché.
La combinaison
de ces divers flux s’est modifiée sans cesse en fonction de deux grandes
tendances : la place grandissante des marchés financiers internationaux - la
globalisation financière [voir « La globalisation financière a profondément
modifié le fonctionnement de l’économie mondiale »]- et la différenciation de
plus en plus marquée des pays en développement.
Jusqu’en 1929, le financement du développement était assuré par des petits
épargnants qui souscrivaient directement des titres émis par les collectivités
publiques ou des entreprises privées, notamment pour la réalisation de grands
travaux d’infrastructure.
Les guerres, puis la crise de 1929 ont provoqué
l’insolvabilité de beaucoup des ces collectivités.
Malgré des négociations
complexes et longues (elles se termineront dans le milieu des années 1950), une
partie de l’épargne ainsi investie sera perdue.
En 1944, après le New Deal, la foi dans les vertus de l’intervention publique
était à son sommet.
Des institutions internationales furent créées à Bretton
Woods pour gérer le Système monétaire international (Fonds monétaire
international, FMI) et financer le développement sur une base multilatérale
(Banque internationale pour la reconstruction et le développement, plus connue
sous le nom de Banque mondiale).
À ces institutions s’ajoutèrent des banques
régionales de développement et des institutions nationales de financement du
développement (financement bilatéral).
La réussite du plan Marshall, en 1947,
devint le mythe fondateur de cette approche du financement du développement,
selon laquelle un apport massif de capital public extérieur peut accélérer la
croissance.
Par la suite, lors de chaque choc économique, il se trouvera
toujours quelqu’un pour réclamer « un plan Marshall »- même si la reconstruction
européenne et le décollage des jeunes nations sont deux choses bien différentes.
Montée en puissance du financement privé bancaire
Les organismes publics monopolisèrent alors le financement du développement,
sous forme de financement de projets.
La quasi-immobilité des capitaux à
l’époque, notamment en raison d’un système de changes fixes, ne laissait guère
d’alternative.
Les financements fournis étaient censés combler les déficits
d’épargne et de devises, levant ainsi les blocages au développement.
Les années 1970 virent la montée en puissance du financement privé par les
banques.
L’abondance de liquidités, encore accrue par l’expansion des
pétrodollars après 1973, contraignait les banques à rechercher des placements
rémunérateurs et fiscalement avantageux.
Les pays en développement recherchaient
pour leur part des financements moins contraignants, même s’ils étaient plus
coûteux.
Le crédit bancaire accordé aux États devint progressivement la forme
dominante du financement du développement.
Il en résulta une croissance rapide
de l’endettement des pays du Sud, dans un contexte de croissance assez vive de
la plupart de ces économies et de taux d’intérêt réels négatifs.
L’augmentation brutale des taux d’intérêt, due à la modification de la politique
monétaire des États-Unis en 1980, et la récession qui s’ensuivit firent éclater
cette bulle financière.
La crise de l’endettement se déclencha en 1982 quand le
Mexique se retrouva au bord de la faillite.
Les organismes publics (le FMI, la
Banque mondiale, avec l’appui déterminant du Trésor des États-Unis) ne purent
combler que très partiellement le reflux du financement bancaire.
En l’absence
de prêts nouveaux, les pays très endettés durent faire face à des transferts
financiers négatifs, leur service de la dette étant supérieur aux nouveaux
emprunts.
Crise de la dette et politiques d’ajustement structurel.
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