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Mais les ouvrages les plus courts sont toujours les meilleurs dit La Fontaine. Pensez-vous de cette affirmation ? En quoi éclaire-t-elle l'art poétique de La Fontaine ?

Publié le 09/12/2021

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« [Introduction] Les qualités littéraires prônées par Jean de La Fontaine sont représentatives de certains théoriciens de son siècle :la clarté, la légèreté, et surtout la brièveté.

Les formes courtes des portraits, réflexions et maximes ont étéillustrées par le duc de La Rochefoucauld, à qui est dédié le discours dont voici un passage (fable 14 du livre X) : «Les ouvrages les plus courts / sont toujours les meilleurs.

» Cette formule éclaire bien certains des choix poétiquesde l'auteur des Fables ; nous verrons en quoi cette volonté de brièveté se manifeste dans l'écriture morcelée dulivre XI des Fables, dans son style vivant et percutant, et dans le caractère allusif, sans gravité excessive, du sensqui s'en dégage. [Brièveté et morcellement en unités] L'écriture des Fables choisit de privilégier la brièveté, et son corollaire : le morcellement, la fragmentation desunités.

La première unité qui morcelle les Fables, c'est la division en livres.

Le livre XI regroupe dix fables, et il est undes plus courts.

Il fait partie de la seconde partie du recueil, que La Fontaine annonce plus inspirée par le sageindien Pilpay que par Ésope (Avertissement du livre VII).

Mais la véritable unité de sens commence à la division enfables.

Chacune correspond à une anecdote ou deux, et à un développement moral plus ou moins long, explicite ouimplicite.

L'une des caractéristiques des morales de ce livre est d'ailleurs leur brièveté inhabituelle, même pour lesFables.La dernière unité de sens est la phrase, souvent relayée par le vers ; en effet, de nombreux vers, même courts,comme les octosyllabes, présents dans toutes les fables du livre XI, correspondent aux limites des phrases ; on peutrelever dans la fable 8 le vers 1 : « Un octogénaire plantait », ou au vers 4 : « Assurément il radotait.

»On comprend donc, à travers l'analyse du morcellement du livre XI, que la brièveté est un élément structurant del'écriture des Fables. [Un style vivant et percutant] La recherche de la brièveté permet également au livre XI des Fables de gagner un style vivant et percutant, dans lanarration, comme dans les discours et les morales.

En effet, la narration se fait d'autant plus vive que l'on yrencontre de fréquentes ellipses temporelles.

Dans la fable 8, « Le Vieillard et les Trois Jeunes Hommes », le vieillardfait un discours aux jeunes gens pour leur rappeler l'ignorance où sont les hommes du jour de leur mort ; la fableenchaîne aussitôt la narration sur ces vers : « Le Vieillard eut raison ; l'un des trois jouvenceaux / Se noya dès leport allant à l'Amérique ;/ [...] Le troisième tomba d'un arbre / [...] Et pleures du Vieillard, il grava sur leur marbre ceque je viens de raconter.

» L'ellipse temporelle et l'énumération rapide des actions sont encore Soulignées par lechoix de vers brefs et l'expression de la dernière phrase dans une anacoluthe.

Le style bref sert aussi à donner uneallure de sentence, de maxime ou de proverbe à certains passages argumentatifs.

On peut citer le premier vers de lafable 7, « Le Paysan du Danube » : « Il ne faut point juger des gens sur l'apparence.

» D'autres sont des discoursadressés au lecteur sous forme de conseil à l'impératif, ou de question rhétorique ; citons la fin de la fable 2 : « dequoi ne vient à bout/L'esprit joint au désir de plaire ? » ou la fin de la fable 3, qui adopte le tutoiement : « Que siquelque affaire t'importe, / Ne la fais point par procureur.

» Le caractère bref et percutant des phrases de morale ades points communs avec les discours de personnages qui émaillent les fables ; malgré leur caractère oratoire,ceux-ci refusent en effet toute emphase.

Dans la fable 5, le Singe doit donner une leçon au Lion, son roi, et fait unlong discours sur l'amour-propre ; mais, d'une part, il remarque lui-même : « J'en dis peut-être plus qu'il ne faut » ;d'autre part, il utilise un style simple et clair : « L'amour-propre, au rebours, fait qu'au degré suprême / On porte sespareils ; car c'est un bon moyen / De s'élever aussi soi-même ».

Les liens logiques, le vocabulaire courant montrentla recherche de l'efficacité, au détriment de l'emphase. [Un sens meilleur, ou le meilleur du sens] On le voit, cette brièveté, loin d'être un handicap pour la compréhension du sens, lui donne un relief supplémentaire.Un des procédés récurrents qui soulignent le sens, tout en respectant la brièveté, est le recours aux allusions.

La finde la fable 5 est parlante à ce titre : « Ainsi parla ce Singe.

On ne m'a pas su dire/S'il traita l'autre point ; car il estdélicat ; / Et notre maître ès arts, qui n'était pas un fat, / Regardait ce Lion comme un terrible sire ».

Cet autrepoint, c'est, après le « ridicule », l'« injuste » ; l'allusion renvoie donc ici au risque qu'il peut y avoir à démontrer lecaractère de l'injustice à un prince qui la pratique en « terrible sire ».

Le deuxième procédé est encore plus implicite,et pourtant très lisible. Dans la première fable du livre, le parallèle entre le règne animal et les humains n'est pas précisé dans la morale ; leroi reste le « Lion » : « Proposez-vous d'avoir le Lion pour ami, / Si vous voulez le laisser craître.

» Enfin, la brièvetédu style des fables sauvegarde le plaisir de la légèreté.

En effet, le caractère moraliste, par définition, de la fablepourrait donner un tour grave et lourd aux poèmes.

Pourtant, les fables du livre XI l'évitent.

C'est pourquoi le Singede la fable 5 choisit d'instruire le roi par la courte histoire des deux ânes, comme La Fontaine choisit d'instruire sonlecteur grâce aux anecdotes de ses Fables. [Conclusion] L'art poétique de Jean de La Fontaine privilégie donc la brièveté, sans pour autant sacrifier la clarté et l'éloquence.Ses Fables y gagnent en efficacité et en grâce.

Il se montre en cela l'égal des plus grands mora-listes de son siècle,en se plaçant toutefois sur le terrain original de la sobriété.. »

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