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Madagascar (2002-2003)

Publié le 19/09/2020

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État insulaire de l'océan Indien, séparée du continent africain par le canal de Mozambique ; capitale Tananarive (auj. Antananarivo). • L'époque précoloniale • La colonisation française • La République malgache L'époque précoloniale La population de Madagascar est sans doute issue d'un métissage entre Indonésiens et Africains. Les Arabes y ont établi des comptoirs vers l'an mille, et c'est dans la relation de Marco Polo qu'on trouve, pour la première fois, son nom de Madagascar (XIIIe s.). Le premier Européen qui découvrit Madagascar fut le Portugais Diego Dias, qui la nomme « île de Saint-Laurent ». Au XVIIe s., navigateurs et missionnaires de diverses nationalités y abordèrent. En 1643, les Français fondèrent Fort-Dauphin, à la pointe sud-est de l'île qu'ils baptisèrent « île Dauphine ». Mais devant l'hostilité des populations indigènes, Fort-Dauphin dut être abandonné en 1674. Pendant près d'un siècle, les seuls Européens à se hasarder dans les rades malgaches furent des pirates. Pourtant, la France, établie à la Réunion et à l'île Maurice, ne renonçait pas à ses vues sur Madagascar. Différentes tentatives furent de nouveaux échecs et le comptoir fondé en 1803 à Tamatave par Sylvain Roux fut pris par les Anglais en 1811. Au moment de la découverte européenne, Madagascar était divisée en royaumes féodaux. L'hégémonie des royaumes sakalaves passa à la fin du XVIIIe s. au royaume mérina (hova), constitué par Andrianampoinimérina (1787/1810). Son fils Radama Ier (1810/28) réussit à se rendre maître de la plus grande partie de l'île avec l'aide du gouverneur britannique de l'île Maurice. Des missionnaires anglicans commencèrent à évangéliser les Malgaches, et Madagascar devenait progressivement un protectorat anglais. Mais la reine Ranavalona Ire (1828 à 1861) chassa les missionnaires anglais et déclara le christianisme illégal (1835) par une réaction antieuropéenne qu'approuvaient les hovas, c'est-à-dire la classe supérieure du royaume mérina. Le Premier ministre, Rainilaiarivony confisqua le pouvoir et réussit à le conserver en épousant successivement les trois reines Rasoherina (1863/68), Ranavalona II (1868/83) et Ranavalona III (1883/97). Sous Rasoherina, la politique malgache pencha en faveur de l'Angleterre et le presbytérianisme fut déclaré religion d'État en 1869. La colonisation française Cependant, les Français avaient repris pied, dans les années 1838/41, en divers points de la côte nord-ouest, notamment à Nossi-Bé, en s'appuyant sur les chefs sakalaves, opposés aux Mérinas. Le bombardement et l'occupation de Tamatave, en 1883, aboutirent au traité du 17 déc. 1885 par lequel la France annexait Diégo-Suarez, obtenait l'installation d'un résident à Tananarive et le contrôle de la politique étrangère malgache. Pour vaincre la résistance de la reine Ranavalona III, la France envoya un corps expéditionnaire. Débarqué à Majunga, le général Duchesne s'empara de Tananarive (1er oct. 1895) et, le même jour, imposa à la reine un traité confirmant le protectorat. L'insurrection de l'île amena le gouvernement français à proclamer son annexion (6 août 1896). Nommé gouverneur de Madagascar (1896/1905), Gallieni déposa la reine Ranavalona III (28 févr. 1897), qui fut déportée à la Réunion, puis à Alger, et pacifia l'île en moins de dix ans.  Pendant la période de colonisation française, les revendications malgaches en faveur de l'assimilation ne furent pas satisfaites. En 1940, Madagascar se déclara fidèle au maréchal Pétain, et des troupes anglaises l'occupèrent temporairement. La guerre avait provoqué à Madagascar une grave crise économique qui favorisa les progrès des mouvements nationalistes. Ils obtinrent la majorité aux élections de 1946 et le Mouvement démocratique de la rénovation malgache (MDRM) réclama l'indépendance au sein de l'Union française. Mais les troubles sanglants qui éclatèrent furent l'occasion d'une violente répression et l'état de siège ne fut levé qu'en 1956. En 1956, l'application de la loi-cadre, dite loi Defferre (v. COLONIES) assura l'autonomie interne au sein de l'Union française. La République malgache La majorité des Malgaches s'étant prononcés pour le oui au référendum de sept. 1958 (v. FRANCE), c'est le 14 oct. 1958 que fut proclamée la République malgache, État autonome au sein de la Communauté. L'ancien instituteur Philibert Tsiranana fut élu président de la République. Le 26 juin 1960, Madagascar obtint sa pleine indépendance, tout en restant dans la Communauté. Doté d'un régime présidentiel, le pays connut pendant une dizaine d'années une grande stabilité politique et le président Tsiranana fut réélu en mars 1965 et en janv. 1972. Il fonda sa politique sur une étroite coopération économique avec la France, qui conservait des bases militaires dans l'île. Il fut le promoteur, en sept. 1961, de l'Union africaine et malgache, plus tard Organisation commune africaine et malgache (OCAM), laquelle se donna pour base la Charte de Tananarive (27 juin 1966). À partir de 1970, Tsiranana dut faire face à une opposition grandissante, qui lui reprochait aussi bien sa politique intérieure, jugée trop autoritaire, que sa politique étrangère, trop systématiquement alignée sur celle de la France et trop favorable à la République sud-africaine, avec laquelle des accords économiques avaient été conclus à partir de nov. 1970. Après de violentes émeutes, le gouvernement fut confié à l'armée pour une période de cinq ans. Le nouveau régime décida de quitter la zone franc, et choisit une politique étrangère « non alignée », en développant les relations de Madagascar aussi bien avec les États-Unis qu'avec l'URSS et la Chine populaire. Mais les rivalités ethniques entre les Mérinas des hauts plateaux et les habitants des régions côtières posaient de graves problèmes. En juin 1975, Didier Ratsiraka, responsable de la politique étrangère depuis 1972, fut nommé chef de l'État par les militaires et proclama que Madagascar choisissait une voie socialiste qui se traduisit par une série de nationalisations et l'organisation d'associations politiques villageoises. L'orientation marxiste de l'économie, la réduction de l'aide occidentale et les cyclones de 1981 et 1982 entraînèrent l'appauvrissement de l'île. Aussi D. Ratsiraka passa, en 1982, un accord avec le FMI, dont il dut accepter les principes de rigueur et amorça une libéralisation économique. Cependant, Madagascar restait très dépendante des cours de la vanille, du girofle (premier et deuxième rang mondial) et du café dans un pays où les richesses naturelles sont peu abondantes.  Déjà réélu à la présidence en 1982, D. Ratsiraka le fut encore en 1989 avec 62 % des suffrages. Face à la montée des troubles sociaux, il fut contraint d'amorcer une démocratisation de la vie politique. En août 1992, une nouvelle Constitution, instituant une démocratie semi-présidentielle, fut adoptée par référendum et, en févr. 1993, une élection présidentielle libre se solda par la victoire, avec 67 % des voix, d'Albert Zafy, un des principaux dirigeants de l'opposition. Mais les luttes d'influence entre les différents pouvoirs, le président de la République, le Premier ministre et le président de l'Assemblée nationale déçurent les Malgaches qui confièrent à nouveau le pouvoir à D. Ratsiraka lors de l'élection présidentielle de déc. 1996. Après les législatives de mai 1998, qui avaient accordé la majorité au parti du Président, la vie du pays se trouva handicapée par la lenteur de la libéralisation économique et de la réforme administrative des provinces. En décembre 2001, les résultats officiels des élections donnaient Ratsiraka vainqueur contre son rival Marc Ravalomanana. Coup de théâtre : ce dernier refusa les résultats officiels et, en février 2002, se proclama lui-même président. Dans un climat de guerre civile, la Haute Cour constitutionnelle reconnut sa légitimité et, en juillet, Ratsiraka partit pour l'exil.

« Madagascar (2002-2003) Timide relance La crise politique consécutive à l'élection présidentielle de décembre 2001 a plongé le pays dans le marasme.

En 2002, son taux de croissance a été négatif (– 11,9 %).

À compter de juillet 2002, le président Marc Ravalomanana a néanmoins réussi à imposer son pouvoir à toute l'île, les dignitaires de l'ancien régime ayant fui ou ayant été emprisonnés.

Les élections législatives de décembre 2002 ont conforté la mainmise du Tiako i Madagasiraka (TIM, parti présidentiel) sur l'Assemblée nationale, où il dispose de 102 élus sur 160. Dans un premier temps, cette centralisation politique devait permettre d'accélérer la mise en œuvre de la relance économique.

De ce point de vue, le gouvernement a fait preuve d'une réelle volonté de réformer l'administration. Les premiers efforts ont porté sur l'assainissement de la justice et du fonctionnement du port de Toamasina, mais surtout sur la réhabilitation des infrastructures.

Le programme des privatisations a également repris, avec le recours à une société de consultants allemande pour redresser la compagnie aérienne nationale Air Madagascar, la mise en concession de la gestion du réseau nord des chemins de fer à la société privée Madarail (filiale de Comazar, société de transport ferroviaire au sein de laquelle le groupe français Bolloré est majoritaire), la réception de plusieurs offres internationales pour la privatisation de la gestion de la société sucrière Sirama.

Les bailleurs de fonds, réunis en juillet 2002 à Paris, ont remis en chantier leurs projets de financements.

La Banque mondiale devait approuver divers crédits pour les mines, le secteur privé, etc.

au premier semestre 2003. Selon les indicateurs de mars 2003 de la Mission économique française à Antananarivo, l'activité économique de décembre 2003 devait retrouver le niveau de celle de décembre 2001.

Les entreprises du textile et du tourisme allaient cependant avoir encore besoin d'une année supplémentaire pour se redresser et devront attendre fin 2004 pour assainir leur situation financière.

Alors que la zone franche industrielle comptait plus de 160 entreprises avant la crise, seule une quarantaine avaient redémarré leurs activités au printemps 2003.

Mais des freins structurels au développement économique de l'île demeuraient : corruption et lourdeurs bureaucratiques de l'administration, manque de fiabilité de la justice, problème de la législation foncière, etc.

Sur ce point, après discussions avec le gouvernement, diverses formules ont été envisagées pour permettre aux investisseurs étrangers d'accéder à la propriété de la terre, ce qui leur était jusqu'alors interdit, sauf sous forme de bail emphytéotique. Au plan politique, l'hégémonie politique des partisans de M.

Ravalomanana a posé quelques problèmes.

Une certaine attitude revancharde contre les dirigeants de l'ancien régime a commencé à indisposer une partie de l'élite côtière qui vit mal la nomination des Merina, habitants des hauts plateaux du Centre soutenant M.

Ravalomanana.

En outre, une partie des dirigeants des ONG (organisations non gouvernementales) et des organisations professionnelles ont été aspirés au sein du nouveau pouvoir à diverses fonctions, diminuant d'autant la capacité d'action autonome de la société civile.

Enfin, des laissés-pour-compte du nouveau régime ont commencé au printemps 2003 à mobiliser des mécontents dans plusieurs régions. »

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