Luxemburg, Rosa

Luxemburg, Rosa (1871-1919), socialiste révolutionnaire allemande qui a pris part aux côtés de Karl Liebknecht et de Clara Zetkin à la fondation du mouvement spartakiste.

Née à Zamość en Pologne, alors sous tutelle russe, issue d’une famille de commerçants juifs, Rosa Luxemburg étudie à Varsovie mais doit fuir son pays dès 1889 en raison de ses liens avec le parti révolutionnaire socialiste « Prolétariat «. Elle s'installe en Suisse et s'inscrit à l'université de Zurich où elle prépare une thèse de doctorat d'économie politique sur le développement industriel de la Pologne (1898). Dirigeante du parti social-démocrate du royaume de Pologne, en compagnie de Leo Jogiches, elle s'oppose aux socialistes polonais qui font de la restauration d'une Pologne indépendante l'un des principaux thèmes de leur combat politique. Hostile à tout ce qui peut diviser le mouvement ouvrier, elle prône en effet l'union des travailleurs polonais avec leurs camarades russes afin de renverser le tsarisme.

Elle émigre alors en Allemagne, se fait naturaliser et adhère au Parti social-démocrate allemand (Sozialdemokratische Partei Deutschlands, SPD). Elle devient très vite l'un des principaux dirigeants de l'aile gauche et mène avec Karl Liebknecht l'opposition aux thèses d'Eduard Bernstein, qui est partisan d'un abandon de la doctrine marxiste et de l'évolution du SPD vers un socialisme réformiste. Pendant la révolution russe de 1905, elle se rend à Varsovie pour soutenir la propagande contre le régime tsariste et est arrêtée. Après sa libération, elle enseigne à l'École de la social-démocratie à Berlin (1907-1914) où, tirant les leçons de la Révolution russe, elle défend l'idée d'une grève de masse comme principal moyen d'action révolutionnaire. Elle s'oppose ainsi fortement à Lénine, qui à la « spontanéité « des masses préfère un parti de « révolutionnaires professionnels « très organisé et discipliné. Luxemburg voit au contraire dans le parti bolchevik un danger pour l'avenir du mouvement révolutionnaire. Durant cette période, elle écrit également l'Accumulation du capital (1913), où elle tente de montrer que l'évolution de l'impérialisme capitaliste conduit à terme à un renforcement de la lutte des classes et de l'action révolutionnaire.

Au début de la Première Guerre mondiale, alors que les députés sociaux-démocrates ont voté les crédits de guerre, elle mène une active campagne pacifiste, qui la conduit en prison. En 1916, elle fonde avec les socialistes allemands Karl Liebknecht, Franz Mehring et Clara Zetkin le mouvement spartakiste, qui se distingue du SPD par ses options résolument révolutionnaires et antimilitaristes. Son combat au sein de ce mouvement la ramène en prison où elle passe tout le reste de la guerre. En prison, elle continue à rédiger, sous le pseudonyme de Junius, des brochures qui serviront de base au programme des spartakistes. Dans plusieurs articles, rassemblés en 1922 sous le titre la Révolution russe, elle proclame son enthousiasme pour le bolchevisme tout en faisant part d'importantes critiques, portant notamment sur l'autoritarisme et le manque de liberté du régime mis en place par Lénine. Libérée en novembre 1918, elle participe à la fondation, le mois suivant, du Parti communiste allemand (Kommunistische Partei Deutschlands, KPD), qui devait rallier la III^e Internationale.

Bien qu’opposée à l'insurrection spartakiste à Berlin lancée en janvier 1919, estimant le rapport de forces défavorables aux révolutionnaires, elle y prend part. Arrêtée, elle est assassinée avec Liebknecht le 15 janvier par des soldats allemands.