L'Union européenne apparaît comme une tentative inédite de construction multinationale organisée par des États
Publié le 09/09/2020
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«
L’Union européenne apparaît comme une tentative inédite de construction
multinationale organisée par des États
Il y a cinquante-deux ans, six États européens décidaient de créer entre eux des
« solidarités matérielles et spirituelles » (déclaration de Robert Schuman le 9
mai 1950).
Il s’agissait de mettre fin à trente ans de « guerre civile
européenne ».
Il s’agissait aussi de dompter l’Allemagne, l’expérience ayant
démontré que l’on ne pouvait la démanteler, et de constituer, sous l’égide
américaine, un bloc européen occidental capable de résister aux pressions de
l’ensemble soviétique.
Quarante ans plus tard, le projet européen a connu une véritable refondation.
L’effondrement du Mur de Berlin et de l’empire soviétique a contraint la
Communautééconomique des Douze à repenser l’Europe.
La « menace communiste »
s’est évanouie et a laissé la place aux dangers d’un chaos international.
L’Allemagne aspirait à se réunifier, ravivant chez certains le spectre d’une
puissance incontrôlable ou d’une hégémonie sur le continent.
Les chefs d’État et
de gouvernement firent le choix historique d’un approfondissement de la
construction européenne susceptible de doter l’ensemble du continent d’une
architecture nouvelle.
Le traité de Maastricht, signé le 7 février 1992, se voulait un nouveau départ.
Négocié par les gouvernements des États membres, selon les préceptes de la
diplomatie classique, il témoigne à la fois des ambitions et des réticences des
dirigeants politiques européens.
Le choix d’abandonner le qualificatif
«économique» de la Communauté et de l’incorporer dans une Union dotée de
compétences politiques est en soi signe d’une volonté de refondation.
Les États
européens ont d’abord décidé de prolonger l’acquis des décennies précédentes :
l’Union économique et monétaire permit la construction par étapes d’une monnaie
commune, l’euro, complétant le Marché unique.
Ils se sont engagés aussi, mais
avec prudence, àétablir une Politique extérieure et de sécurité commune (PESC),
couplée ensuite à une politique de défense, et à coordonner leurs actions en
matière de justice et d’affaires intérieures (JAI).
L’Union européenne (UE)
repose ainsi sur trois piliers : la Communauté et ses compétences économiques et
monétaires, d’un côté, les deux piliers politiques, qui restent soumis à un mode
de fonctionnement diplomatique, de l’autre.
Au-delà de l’intégrat ion monétaire, une coordination économique balbutiante
Le tournant annoncé en 1992 n’aura été que partiel.
Douze des quinze États
membres sont parvenus, au terme d’un processus de convergence économique
contraignant, à entrer dans l’Union monétaire créée le 1er janvier 1999 [voir «
La création de l’euro modifie le fonctionnement du Système monétaire
international »].
Depuis le 1er janvier 2002, les citoyens de ces États
utilisent l’euro au quotidien, tandis qu’ont disparu leurs monnaies nationales.
Une Banque centrale européenne (BCE), jouissant d’une autonomie très large, gère
cette monnaie commune en collaboration avec les banques centrales des pays
membres de la zone euro.
La coordination des politiques économiques reste, quant à elle, balbutiante.
De
« sommet » en Conseil, certains déplorent l’absence d’un « gouvernement
économique » qui pourrait contribuer à une plus grande convergence de leurs
politiques budgétaires, sociales ou fiscales.
L’Union européenne ne s’est dotée,
avec le traité d’Amsterdam signé en 1997, que de compétences très parcellaires
en ces matières.
Les traditions nationales restent très éloignées dès lors qu’il
s’agit de mécanismes de solidarité et des affaires sociales.
Les limites de la construction européenne sont plus visibles encore dans sa
dimension extérieure.
Les guerres dans l’ancienne Yougoslavie ont révélé, tout
au long de la décennie, le poids des histoires nationales, empêchant l’émergence
de positions communes claires et fortes entre Européens.
À l’aube du XXIe.
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