LUCRÈCE (v. -98 -55 av. J.-C.) De la nature, livre IV.
Publié le 17/09/2022
Extrait du document
«
LUCRÈCE (v.
-98 -55 av.
J.-C.)
De la nature, livre IV.
« Signalons un vice grave de raisonnement (.] Évite cette
erreur et garde-toi bien d'y tomber.
La clairvoyance des yeux
n'a pas été créée comme tu pourrais croire, pour nous per
mettre de voir au loin; ce n'est pas davantage pour nous per
mettre de marcher à grands pas que l'extrémité des jambes et
des cuisses s'appuie et s'articule sur les pieds; non plus que
les bras que nous avons attachés à de solides épaules, les
mains qui nous servent des deux côtés, ne nous ont été don
nés pour subvenir à nos besoins.
Interpréter les faits de cette façon, c'est faire un raisonne
ment qui renverse 1e rapport des choses, c'est mettre partout
la cause après !'.effet.
Aucun organe de notre corps, en effet,
n'a été créé pour notre usage : mais c'est l'organe qui crée
l'usage.
Ni la vision n'existait avant la naissance des yeux, ni
la parole avant la création de la langue : c'est bien plutôt la
naissance de la langue qui a précédé de loin celle de la parole;
les oreilles existaient bien avant l'audition du premier son;
bref, tous les organes à mon avis sont antérieurs à l'usage
qu'on en a pu faire, Ils n'ont donc pu être créés en vue de nos
besoins.»
(Japon,juin 1995, série.S)
Les connaissances philosophiques
Le candidat choisira plutôt de lire des textes scientifiques :
Le Hasard et la Nécessité de Monod.
La Logique du vivant de Jacob.
-
SUJETS
ET
• Commentaire du texte
PISTES
D'ETUDE
.
1
Le thème : La réfutation du finalisme .
La thèse : L'explication du vivant n'est pas finaliste, ce
n'est pas la fonction qui crée l'organe, c'est l'organe qui crée
la fonction.
L'explication du vivant doit être mécaniste.
Les enjeux : L'explication du vivant est au cœur du texte:
qu'est-ce qui distingue la vie de la matière?
Deux conceptions de l'Antiquité s'affrontent: mécanisme et
finalisme , Lucrèce contre Aristote .
Ce débat perdu rera à
l'époque moderne entre Descartes et Kant.
C'est de ces débats
dont il faut rendre compte.
La strncture : Le premier mouvement du texte (1.
1 à 10)
est une critique virulente du finalisme.
Le second mouvement
du texte (1.
11 à 17) défend l'idée d'un mécanisme.
Le développement s'organisera selon le plan 2, choix 2.
• Plan détaillé
1
Introduction
Lucrèce en référence à Épicure défend l'idée d'une compréhension mécaniste du vivant et s'en prend violemment aux
thèses du finalisme.
Dans un premier temps, le texte expose
cette critique, ensuite Lucrèce, par affirmations successives,
impose l'idée d'un mécanisme.
Comment comprendre le vivant ?
Nous analyserons les deux thèses et ensuite leurs enjeux.
Première partie
La conception finaliste du vivant
Comprendre le vivant de manière finaliste c'est accorder
que l'organisation des êtres vivants est faite en vue d'une finalité.
C'est la fonction qui crée l'organe.
Ainsi les êtres vivants
sont organisés, c'est-à-dire qu'il y a un ordre, un rapport entre
~
SUJETS ET PISTES D'ÉTUDE~
toutes les parties.
Les parties ne.
sont pas extérieures les unes
aux autres comme pour la matière.
Les êtres vivants,-sont
organisés car ils sont à eux-mêmes leur principe de mouvement.
La génération, la croissance ne sont pas extérieures à la
plante, ou à l'animal.
L'animal se meut lui-même sans cause
extérieure.
Son action comme son développement sont principes de mouvement.
On peut dire que les êtres sont organisés parce qu'ils ont
une finalité.
Une rose reste tout' le temps de sa vie une rose,
elle conserve la même forme, le même ordre, les mêmes rapports.
La matière n'a que des relations causales, le vivant
possède un ordre.
Pourquoi? .On peut dire que l'organisation
des êtres vivants est due au has ard, ce que disaient les physiologues de !'Antiquité (Empédocle).
Mais Aristote se
demande comment expliquer la remarquable finalité des
êtres vivants.
Tout processus de' croissance montre un mouvement vers un terme final.
La rose devient rose et pas autre
chose.
De plus la reproduction èst une spécificité du monde
des vivants.
Une espèce ne reproduit pas une autre espèce
mais elle se reproduit elle-même.
Dans chaque être il y a
donc pour Aristote une forme organisée qui guide le développement, la croissance et la génération.
La finalité distingue
ainsi la matière et le vivant.
C'est la fin qui donne sens.
C'est
ce raisonnement finaliste qui constitue pour LUCJ:'.èCe un
« vice de raisonnement » car penser ainsi c'est renverser la
cause et l'effet.
L'auteur s'oppose donc à toute explication
par les causes finales.
1
Transition·: La conception finaliste accorde une différence
, entre la matière et le vivant, donne une explication par les
causes finales, comprend le vivant à partir de sa fonction.
C'est' tout cela que Lucrèce réfute en défendant une conception mécaniste du vivant.
:
Deuxième partie
La conception....
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