Lucien Laberthonnière1860-1932Le Père Laberthonnière, de l'Oratoire, est un des initiateurs de ce qu'on a appelépéjorativement la pensée " moderniste ".
Publié le 22/05/2020
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Lucien Laberthonnière
1860-1932
Le Père Laberthonnière, de l'Oratoire, est un des initiateurs de ce qu'on a appelé
péjorativement la pensée “ moderniste ”.
Outre les Annales de Philosophie chrétienne dont il
prit la direction en 1905 et où il collabora avec Edouard Le Roy et Maurice Blondel, il a
écrit de nombreux ouvrages, parmi lesquels on peut citer : Réalisme chrétien et Idéalisme grec
(1904) ; Dogme et théologie (1908) ; Etudes sur Descartes (1938) ; Esquisse d'une philosophie
personnaliste (1942).
Cette œ uvre, qui veut apporter une interprétation nouvelle de
l'expérience religieuse, s'inscrit d'abord en réaction contre l'objectivisme du XIXe siècle,
pour qui la religion se réduit à un fait historique, mais s'oppose non moins
vigoureusement au thomisme.
Saint Thomas, en effet, reconnaissait une double source à la
théologie : d'une part, les assertions de la foi, et d'autre part, une transcription
philosophique, donc rationnelle, de la vision du monde impliquée par les vérités de la foi.
Cette juxtaposition de l'autorité et d'une construction purement conceptuelle ne satisfait
pas Laberthonnière, l'autorité risque d'engendrer scepticisme et anarchie ; quant au
thomisme, en pensant les réalités surnaturelles par analogie avec les choses naturelles, il
est amené à utiliser des catégories forgées pour ces dernières, donc à dénaturer les
premières.
C'est pourquoi, au principe de la vie religieuse, Laberthonnière veut placer une
expérience directe, vivante, où Dieu est éprouve comme une personne concrète ;
l'expérience religieuse, c'est d'abord cette participation à un vaste courant d'amour qui
relie Dieu à l'homme, et, par l'intermédiaire de Dieu, tous les hommes entre eux.
Il est
alors clair que, pour Laberthonnière, Dieu est atteint, en premier lieu, par un
approfondissement de la vie intérieure : d'où son “ augustinisme ” et son souci de
combattre toute interprétation trop transcendante de Dieu ou de la Grâce.
Cette
restauration de l'expérience religieuse vécue, fort éloignée par ailleurs du mysticisme,
explique également l'attitude de Laberthonnière vis-à-vis des dogmes et de la hiérarchie :
tout en les acceptant pleinement, Laberthonnière tend à soumettre ces signes extérieurs de
la foi au primat de la charité, ou mieux encore, de “ l'intuition laborieuse de la charité ”,
voulant marquer par là que la foi, dans son expression et dans son développement, est liée
à l'action, au travail, à l'amour.
Ainsi le dogme de La Trinité n'est pas seulement une
Affirmation spéculative, mais doit être le modèle de l'union parfaite.
Il existe, en
définitive, pour Laberthonnière, deux attitudes fondamentales dans la philosophie
religieuse : l'intrinsécisme et l'extrinsécisme.
L'extrinsécisme, c'est la reconnaissance d'un
Dieu principe premier, dont Descartes offre un bon exemple ; à cette tradition héritée de
l'idéalisme abstrait des Grecs, Laberthonnière oppose le “ réalisme chrétien ”,
connaissance vivante et intrinsèque de Dieu, relation sans cesse en devenir, selon que les
hommes s'intègrent et collaborent davantage à ce grand courant de charité qui les réunit à
travers Dieu..
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