Lucain (39-65): Né à Cordoue, il était le neveu de Sénèque le Philosophe.
Publié le 23/05/2020
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LUCAIN (Marcus Annaeus Lucanus). Poète latin. Né à Cordoue (aujourd’hui Andalousie, Espagne) le 3 novembre de l’an 39 ap. J.-C., mort le 30 avril 65 à Rome. Il était le neveu du philosophe Sénèque et le fils de Marcus Annaeus Melus et d’Âcilia, fille d’Acilius Lucanus, orateur et écrivain, elle aussi d’origine espagnole. Son père, procurateur du fisc impérial, avait, dans l’exercice de ses fonctions, augmenté d’une manière importante son patrimoine; il s’établit à Rome où se trouvaient déjà sa mère Elvia et son frère Sénèque, couvert d'honneurs et célèbre, mais qui n’allait pas tarder à être atteint par la haine de Messaline et condamné par Claude. Lucain était encore très jeune lorsqu’il composa ses poèmes Iliaca sur la guerre de Troie, et Catachtonion, où il chantait la descente aux enfers d’un héros (nous ne savons lequel). Il suivit selon l’usage un cours de perfectionnement à Athènes, en revint appelé par Néron qui l’introduisit dans le petit groupe de ses amis intimes. Amitié très vive mais de courte durée. C’était le début de la période sombre du règne de Néron, l’année où il tua sa mère (59), prélude à la proche disgrâce de Sénèque (62). Lucain était déjà un poète célèbre et, dans les joutes publiques d’éloquence et de Poésie, ces jeux quinquennaux institués en an 60 par Néron, il avait récité dans le théâtre de Pompée un poème à la louange de l’empereur, et avait été couronné par Néron lui-même. C’était l’époque où Néron faisait ses exhibitions solennelles et scandaleuses de joueur de cithare et de poète ; et le jeune Lucain déjà célèbre, neveu de Sénèque, désormais triste et gênant soutien de l’empire, ne pouvait plaire longtemps à un prince devenu cocher, histrion et chanteur en plus d’assassin et de débauché. Un jour Néron, qui assistait à une lecture publique de Lucain, se leva brusquement et s’éloigna sous prétexte d’une réunion sénatoriale ; affront inoubliable et à dater duquel Lucain montra envers le prince un violent ressentiment. Contraint, de par la jalousie de l’empereur, à renoncer aux lectures publiques, il se consacra par la suite, entre ses entretiens intimes avec ses amis et familiers, à la composition du grand poème qui devint une œuvre de vengeance personnelle et de protestation : la protestation étemelle du droit contre la force. En 62 la conjuration de Pison commençait déjà à prendre corps, cette conjuration qui devait entraîner à sa ruine la fleur des citoyens et des lettrés du temps. Lucain y participa, y apportant toute la flamme brûlante de sa haine. Mais en 65 l’imprudence d’un des conjurés, Scevinus, fit découvrir le projet. Tacite raconte qu’après la dénonciation de Natale, conjuré qui avait révélé les noms de Pison et de Sénèque, Scevinus, déjà arrêté, soit par faiblesse, soit croyant à ce moment toute la conjuration découverte, jugea inutile de garder le silence et nomma les membres les plus importants : parmi ceux-ci, Lucain, Quintianus et Senecion se turent d’abord longtemps, mais, corrompus par une promesse d'impunité, pour se faire pardonner leurs réticences ils accusèrent : Lucain, sa propre mère Acilia, et les deux autres, leurs deux meilleurs amis. Ce récit de Tacite concorde avec la Vie de Lucain écrite par Suétone. Certains écrivains modernes ont voulu blanchir le poète de cette affreuse marque d’abjection morale : ils ont pensé que cette dénonciation infâme avait été forgée, au cours de l’instruction secrète, par le prince lui-même, désireux de salir la mémoire du poète et de bien marquer sa magnanimité en s’abstenant — lui, l’assassin d’Agrippine — de persécuter une mère dénoncée par son propre fils; et ils font ressortir à l’appui de cette thèse qu’Acilia ne subit aucune condamnation. Il est possible qu’il en ait été ainsi; mais la nature humaine et ses innombrables faiblesses ne permettent pas d’exclure que la version de Tacite et de Suétone ne soit vraie. Lucain reçut de Néron l’ordre de mourir : il préféra le genre de mort alors pratiquée comme la plus douce ; il s’ouvrit les veines. Tacite raconte — Annales XV, 70 — qu’après une abondante hémorragie, sentant ses extrémités se refroidir mais conservant toute la lucidité et la force de son intelligence, le poète se mit à réciter quelques vers décrivant la mort toute semblable d’un soldat — peut-être les vers 635-647, III, de la Pharsale . Des nombreux essais et ouvrages poétiques de Lucain il ne reste que de faibles traces. Outre Iliaca et Catachtonion il a composé un Orpheus, dix livres de Silvae, une tragédie inachevée Medea, quatorze Fabulae salticae, sorte de livrets pour des pantomimes. Il nous est parvenu son célèbre poème Pharsale, en dix livres, interrompu par sa mort. L’auteur, une fois (IX, 985), nomme « Pharsalia nostra » son poème, désignant ainsi peut-être volontairement l’argument de l’action principale, mais les manuscrits portent la suscription de La Guerre civile [Bellum civile] qui en est peut-être le véritable titre, hypothèse confirmée par Pétrone — Satiricon , 118 — mais l’usage a consacré celui de Pharsale. Lucain voulait conserver intacts les souvenirs du passé et n’écarte aucun des faits importants ; il les choisit; il n’ajoute rien; il est la source unique de certains faits historiques; on peut donc le considérer en partie comme un historien. Il fut critiqué par ceux qui voulaient pour l’épopée l’ampleur fantastique d’un monde fabuleux, et non pas la rigueur d’un témoignage historique ; mais cette opposition ne parvint pas à empêcher le grand succès de cette œuvre qui offre le récit des hauts faits de César, sous une forme poétique riche de sentences morales et d’une grande éloquence.
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Lucain
39-65
Né à Cordoue, il était le neveu de Sénèque le Philosophe.
Il fit ses études à Rome et à
Athènes et obtint très jeune des succès comme poète.
Ayant subi les effets de la jalousie de
Néron, il conspira contre lui.
Dénoncé, condamné à mort, il se fit ouvrir les veines ; il
n'avait pas eu le temps d'achever la Pharsale , épopée en dix chants sur la guerre civile.
Comme Sénèque son oncle, c'est un “ moderne ”.
Il bannit le merveilleux conventionnel de
l'épopée qu'il charge d'intentions scientifiques et philosophiques.
Sa poésie a de grandes et
profondes qualités..
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