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Louis XV

Publié le 16/05/2020

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« Louis XV Louis consacra beaucoup de son temps et de son énergie à préserver son intimité et comme il s'abstint de susciteret d'organiser la moindre propagande autour de sa personne, il fut longtemps un des hommes d'État les plus malconnus et les plus décriés.

Ce mauvais renom ne s'attacha à lui qu'après sa mort, sous un double effet.

D'une part,la haute magistrature, matée par lui en 1771, le prit en exécration et déversa sur lui un flot de calomnies.

D'autrepart, les pamphlétaires de la fin du régime et de la Révolution, incapables de trouver dans les mœurs de Louis XVI dequoi éclabousser la monarchie et la dynastie, se rabattirent sur la vie privée de Louis XV et, non contents derappeler ses fautes, inventèrent à son sujet des récits abjects.

Les historiens romantiques se régalèrent de ceslégendes graveleuses et de ces rancœurs parlementaires.

Depuis, les progrès de la recherche, en histoire comme enpsychologie, ont permis d'approcher le vrai Louis XV. Né à Versailles le 15 février 1710, il perdit sa mère le 12 février 1712, son père le 18 et son frère aîné le 8 marssuivant : à l'âge de deux ans, il n'avait plus ni parents ni frère ou sœur.

Son grand-père, le Grand Dauphin, veufdepuis 1690, était décédé en 1711.

Parmi ses oncles, l'un était roi d'Espagne, éloigné à jamais ; l'autre, le duc deBerry, mourut en 1714.

A la mort de Louis XIV, Louis XV n'avait d'autre famille proche que le Régent et deux grands-oncles légitimés, et tous étaient des hommes mûrs.

Quel effrayant poids de tristesse et de solitude représententson enfance et son adolescence ! Jamais Louis XV n'a connu les douceurs de l'amour filial.

Son père et sa mèredisparurent trop tôt pour que le moindre souvenir d'eux se pût graver dans sa mémoire.

"J'ai le malheur, confia-t-ilun jour, de n'avoir jamais su ce que c'est que de perdre une mère." Pendant ses premières années, la seule affectionqu'il rencontra fut celle du vieux Roi-Soleil, mais c'était là un aïeul bien imposant et austère.

A cinq ans, l'enfantdevient roi.

Si le Régent gouverne, le souverain mineur, cependant, est déjà à la tête de l'État le plus puissant et dela cour la plus brillante d'Europe.

La constitution et l'étiquette aggravent l'isolement né de sa condition d'orphelin.

Ausein de la foule et du faste de la cour, il grandit seul, sevré de tendresse et même de simple chaleur humaine.

Dansde telles conditions, il ne pouvait qu'être porté à l'introversion, à la dissimulation, à la neurasthénie. Très attaché à sa gouvernante, qu'il appelait "maman", il en fut séparé à sept ans, pour être confié à ungouverneur, le duc de Villeroy.

Celui-ci fut un admirable professeur de maintien, et rien d'autre : s'il donna à sonélève cet air royal et cette majestueuse prestance que les contemporains admiraient, il l'accabla de corvéesprotocolaires et lui inspira l'horreur de la foule et des visages inconnus.

Il favorisa ainsi, sous les apparences d'uneaisance et d'une supériorité parfaites de manières, le développement d'une timidité redoutable.

Villeroy ennuyait lejeune roi.

Celui qui, finalement, sut gagner son cœur fut son précepteur, Fleury ancien évêque de Fréjus.

En 1726, ilen fit son Premier ministre et lui accorda une confiance absolue.

Certes, après sa majorité légale à quatorze ans, lesouverain avait encore besoin d'être guidé, mais la longévité du prélat fit trop durer cette situation : habitué às'incliner devant lui comme devant le dépositaire de toute science, le roi demeura pratiquement en tutelle jusqu'àl'âge de trente-deux ans. Quand mourut Fleury au début de 1743, Louis XV était dans la force de l'âge.

Délicate dans l'enfance, sa complexions'était fortifiée.

Le sport était indispensable à l'équilibre de cette robuste santé : plusieurs fois par semaine, Louispartait à la chasse et galopait pendant des heures.

Le roi était beau : un visage fin et régulier par de grands yeux,une allure imposante et vraiment souveraine lui donnaient un charme très racé.

Il avait une belle intelligence, serviepar beaucoup de clairvoyance, de lucidité et de jugement, par une mémoire sûre et par une excellente connaissancede l'Europe.

Il était animé d'un désir très sincère de bien faire.

Patient de nature, il était aussi d'une modestiefoncière, qui l'empêcha de provoquer ou de rechercher les manifestations de flagornerie publicitaire dont tant deprinces se montrèrent friands. Ces heureuses dispositions étaient contrecarrées par sa neurasthénie, par sa timidité, par sa modestie exagérée,par une défiance excessive à l'égard de soi, par la crainte de faire prévaloir ses vues et de rejeter les avis qu'iln'approuvait pas.

Il avait peine à contredire ses ministres et à leur imposer sa volonté, généralement plus éclairéeque la leur ; il ne se sentait pas sûr de soi en face de ceux qui lui devaient obéissance et attendaient ses paroles.Aussi, n'était-il pas facile à servir, non par la qualité de son accueil, car il était bienveillant et d'une extrêmepolitesse, mais par l'excès de sa timidité.

Il ressentait une insurmontable difficulté à s'habituer aux gens et ensuite àleur dire les mots qu'il fallait, en particulier à les féliciter et à les encourager s'il était satisfait d'eux, apparenced'indifférence qui pouvait rebuter ou lasser les talents et les dévouements les plus sûrs.

Louis XV a éprouvé à unhaut degré ce qu'aujourd'hui nous appelons difficulté d'être et difficulté de communication avec autrui. La timidité le poussait à fuir le contact des autres, en même temps qu'il éprouvait un impérieux besoin de confianceet d'intimité.

Le mariage ne lui apporta pas ce qu'il en espérait.

Très amoureuse et respectueuse de son époux,Marie Leszczynska ne sut pas créer autour de lui le refuge à la fois gai et intime où il se serait senti à l'aise et enconfiance, dans une compagnie agréable qui l'eût délassé du travail politique et des devoirs de représentation.

Cefut chez ses maîtresses que Louis XV rencontra cette atmosphère de détente et, si l'on ose dire, son "foyer".Encore ce plaisir ne fut-il jamais pour lui sans amertume, car les remords le tourmenteront beaucoup. Hardi en esprit, habile à saisir la suite des événements et à en prévoir les conséquences, mais doutant de sespropres lumières, Louis XV était souvent paralysé dans l'action.

Il conserva cependant un ressort intact, qui luipermit des redressements : il avait une foi sans faille dans la monarchie et dans les vérités chrétiennes.

Louis XVétait un homme religieux, très attaché à l'Église : c'est un trait essentiel de son caractère, que ses péchésd'adultère ne doivent pas oblitérer.

Il était très attentif aux pratiques extérieures, observant l'abstinence du. »

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