Louis VALTAT:LE MANÈGE.

« Louis VALTAT LE MANÈGE Dans les années 1890, Valtat affectionne les scènes de rue qu'il découvre au cours de ses promenades à Paris ou à Gentilly.

Dans cette toile, il croque avec un mélange de détachement et de curiosité des badauds groupés autour d'un manège.

En 1888, Valtat fréquente l'Académie Julian, où il fait la connaissance de Vuillard, Bon­ nard et Albert André.

Lauréat du prix Jauvin d'Attainville, l'artiste commence à peindre sur le motif, après avoir été démobilisé à la fin de 1889.

Installé rue de la Glacière, dans le 1 3• arrondissement, il peint de nombreuses scènes de rue dans la capitale et se rend de temps à autre au village tout proche de Gen­ tilly.

De tempérament sociable, il fréquente régulièrement André, Georges d'Espagnat et Georges-Daniel de Monfreid, qui habitent dans le voisinage.

Il retrouve aussi ses amis nabis au café Volpini pour des discussions très animées.

Le peintre conserve pourtant son indépendance par rapport au groupe et pour­ suit la voie qu'il s'est tracée, sans se soucier de sa pl ace dans l'art de son époque.

L'Œ U VRE Ce manège de chevaux de bois est vraisem­ blablement situé près des fortifications de Gentilly.

A la fin du XIX• siècle, il suffit de quit­ ter la capitale pour se retrouver immédiate ­ ment à la campagne.

Le peintre a choisi de mettre une certaine distance entre lui-même et les badauds groupés autour du manège.

Les figures sont d'autant plus impersonnelles qu'elles ont toutes le dos tourné.

Traités sous forme de taches de couleur bariolées, les per­ sonnages sur la gauche et dans le centre de la toile se distinguent d'ailleurs malles uns des autres.

Quant aux chevaux du manège, ils LA COTE On trouve de nombreuses toiles de Valtat dans les ventes publiques.

Elles coûtent entre 14500 FF (2600 dollars) et 680000 FF (124 000 dollars).

Un tableau de la même époque, Amfreville la mi-voie , a changé de main pour 55 000 FF (10000 dollars) lors d'une vente aux enchères à Paris en 1993.

Louis VALTAT 1869-1952 .Le Manège • Huile sur toile 33 cm x 41 cm • Monogrammé en bas, à droite, ((L.V.» • Peint en 1893 · • Localisation : Bordeaux, musée des Beaux-Arts • Expositions: Paris, 1952, 1956 sont stylisés au maximum avec de larges touches de vermil lon qui contrastent nettement avec la toile bl eutée de la tenture et le sol gris ­ lilas.

Au lieu de correspondre aux tons rée ls que le peintre a sous les yeux, la couleur sem­ ble dotée ici d'une valeur symbolique.

A l'arrière-plan, quelques arbres et quelques mai­ sons sont esquissés tout aussi succincteme n t.

· Valtat représentera à plusieurs reprises ce manège coloré, situé sur un terrain vague.

LA CRITIQUE René Domergue a salué avant d'autres cri­ tiques le talent de Valtat.

Ses oeuvres consti­ tuent «un ens em b le d'une amp le ur féé riqu e ( .

..

), des symphonies d'où s'élève un chant à la fois sensuel et profond en leq uel se livre son âme tout entière» , écrit-i 1.

En se plaçant e nc ore u ne fois à bonne di stan ce de son m otif , Valtat no us offre une vision étrange d'une simple scène de rue.. »