L'ONU de Kofi Annan
Publié le 09/12/2022
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«
Annan, Kofi – biographie.
1 PRÉSENTATION
Kofi Annan (1938-2018), diplomate et homme politique ghanéen a été
secrétaire général de l'Organisation des Nations unies (ONU) de 1997 à 2006.
Successeur de Boutros Boutros Ghali, dont le mandat n'avait pas été renouvelé
en raison de l'opposition des États-Unis, Kofi Annan est le premier secrétaire
général à avoir effectué l'ensemble de sa carrière au sein des Nations unies.
Réélu en juin 2001, il s'est vu décerner la même année le prix Nobel de la
paix, conjointement à l'ONU.
2 UNE CARRIÈRE AU SEIN DE L'ONU
Né à Koumassi, Kofi Annan est le fils d'un ancien gouverneur de la province
Ashanti, alors partie intégrante de la colonie britannique de la Côte-de-l'Or.
Boursier de la Fondation Ford, il commence ses études supérieures aux ÉtatsUnis, où il obtient un diplôme d'économie, il les poursuit à l'Institut
universitaire des hautes études internationales de Genève et les achève au
Massachusetts Institute of Technology, à Cambridge.
Entré comme fonctionnaire international à l'Organisation mondiale de la santé
(OMS), il occupe ensuite divers postes de direction au sein de l'Organisation
des Nations unies, notamment dans les divisions du budget et des ressources
humaines.
Après avoir été nommé directeur de l'administration et du personnel
du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR), il accède au poste de soussecrétaire général de l'ONU (1992-1993), puis de secrétaire général adjoint
pour les opérations de maintien de la paix (1993-1996).
3 L'ACCESSION AU SECRÉTARIAT GÉNÉRAL
En 1996, la candidature de Boutros Boutros Ghali à sa réélection se heurte à
l'opposition des Américains.
La France souhaite, de son côté, l'élection d'un
francophone originaire d'Afrique noire.
Le retrait de Boutros Boutros Ghali, sur les instances de l'Organisation de
l'unité africaine (OUA), qui craint que le poste ne revienne finalement à un
ressortissant d'un autre continent, et l'assouplissement de la position
française, permettent l'élection de Kofi Annan, le 17 décembre 1996.
Dès
janvier 1997, le nouveau secrétaire général se lance dans ce qui va constituer
l'une des principales réussites de son mandat: la réforme de l'ONU, qui passe
notamment par l' établissement d'alliances plus étroites avec la société civile.
Il parvient ainsi à obtenir des États-Unis un début de règlement de leur dette
d'un 1,4 milliard de dollars qui entrave l'accomplissement de ses missions
traditionnelles.
Confronté dès les premiers mois de 1997 à la question des réfugiés du Zaire, il
tente à plusieurs reprises de maintenir l'engagement de la communauté
internationale en faveur du continent africain.
La stature du nouveau secrétaire
général s'affirme et se renforce à l'occasion de la crise qui oppose, de
décembre 1997 à février 1998, l'Irak au Conseil de sécurité, et plus
spécifiquement aux États-Unis, à propos de la mission de désarmement
(Unscom) et des conditions de son exercice.
Usant à la fois de diplomatie,
grâce à ses capacités d'écoute et de compréhension, et de fermeté quant au
maintien des principes, il réussit à désamorcer la crise et à signer un accord
avec Saddam Hussein.
L'usage dynamique qu'il fait de « ses bons offices »
favorise l'apaisement des violences dans plusieurs autres conflits, notamment
au Timor-Oriental et au Proche-Orient, et lui vaut la reconnaissance de la
communauté internationale.
4 UNE RÉÉLECTION PAR ACCLAMATION
Alors que le mandat de Kofi Annan ne s'achève que le 31 décembre 2001,
l'élection du secrétaire général de l'ONU est avancée de plusieurs mois en
signe de reconnaissance pour l'excellence de son action.
Le 25 juin 2001, il est
reconduit dans ses fonctions à l'unanimité par les cinq membres permanents
du Conseil de sécurité (Chine, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie), et
le 27 juin, il est réélu avec acclamation par les 189 États membres de
l'Assemblée pour un second mandat de cing ans.
L 'une des images fortes de
l'année 1998 restera celle d'un Africain au sourire discret parcourant les
couloirs du siège new-yorkais s de l'ONU, le 23 février, sous les
applaudissements des fonctionnaires de l'organisation.
Le secrétaire général
des Nations unies rentrait tout juste d'Irak avec, en poche, un texte qui a
permis d'éviter un nouveau conflit avec les États-Unis et certains de leurs
alliés.
Ses priorités pour l'avenir sont la réduction de la pauvreté, le respect de
l'environnement, l'éducation des filles et l'amélioration des opérations de
maintien de la paix.
En outre, Kofi Annan entend poursuivre son combat dans
la lutte contre le sida, qu'il a engagé dès la fin de son premier mandat et qu'il
décrit comme une priorité personnelle.
5 LE SORCIER GHANÉEN LAURÉAT DU PRIX NOBEL DE LA PAIX
En octobre 2001, Kofi Annan se voit décerner le prix Nobel de la paix,
conjointement à l'Organisation des Nations unies, pour leur travail en faveur
d'un monde mieux organisé et plus pacifique.
Cette distinction, qui
récompense l'intégrité, le sens moral et la compétence du secrétaire général,
apparait, dans un contexte de guerre, comme un message de paix, salué par le
monde entier, à l'exception d'associations du Rwanda et de Bosnie.
Mais, s'il
est en effet reproché à Kofi Annan de ne pas avoir réussi à empêcher le
génocide rwandais et le massacre de Srebrenica, alors qu'il était en charge des
opérations de maintien de la paix, c'est en assumant publiquement l'échec «
honteux » de l'ONU dans les deux cas qu'il a en partie gagné l'autorité morale
dont il jouit et dont bénéficie l'image des Nations unies auprès de l'opinion
publique.
Celles-ci sont cependant considérablement altérés dans les années
qui suivent.
Dans un environnement international durablement marqué par les attentats du
11 septembre 2001 contre les États-Unis, Kofi Annan condamne fermement le
terrorisme tout en exhortant les puissances occidentales à ne pas utiliser « la
rhétorique de la guerre contre le terrorisme » développée par l'administration
de George W.
Bush comme une justification pour violer les droits de l'homme
et les libertés publiques.
En septembre 2004, il déclare comme contrevenant à
la Charte des Nations unies l’illégale l'invasion de l'Irak menée par les ÉtatsUnis pour renverser le régime de Saddam Hussein.
Ses relations avec
l'administration américaine ne cessent de se détériorer et, critiquant
sévèrement l'unilatéralisme américain, Kofi Annan adopte cette pensée de
l'ancien président américain Harry Truman : « la responsabilité des grands
États est de servir et non de dominer les peuples du monde ».
Au cours de son second mandat, il devient la cible des conservateurs
américains, qui réclament sa démission après les révélations sur un scandale
de corruption dans le cadre du programme humanitaire en Irak Pétrole contre
nourriture (1996-2003).
Confronté à la montée des critiques et aux conclusions
d'une enquête indépendante l'accusant de mauvaise gestion et appelant à une
vaste réforme de l'ONU, Kofi Annan s'emploie en 2005 à réformer le
fonctionnement des institutions onusiennes.
Lors de la soixantième assemblée
générale de l'ONU, en septembre 2005, il ne parvient cependant pas à faire
adopter la mesure-phare de son projet, l'extension du Conseil de sécurité de
15 à 24 membres.
Kofi Annan, qui s'est considérablement mobilisé dans la
crise du Darfour, obtient cependant que soient renforcées les obligations et les
responsabilités de la communauté internationale dans la prévention des
génocides et des nettoyages ethniques.
Au terme de son mandat, alors que la
communauté internationale semble incapable de surmonter ses divisions, il
met surtout l'accent sur la nécessité de régler le conflit israélo-palestinien, sur
la défense des droits de l'homme, sur la lutte contre la prolifération des armes
de destruction massive, sur l'accompagnement de la mondialisation et la
protection de l'environnement.
L'ONU de Kofi Annan
Pour sa deuxième année à la tête de l'Organisation des Nations unies, Kofi
Annan est parvenu à faire taire ses détracteurs en réussissant de main de
maître à empêcher un nouveau conflit en Irak, début 1998.
Mais le secrétaire
général de l'ONU a eu du mal à faire avancer la réforme de l'organisation et,
surtout, il n'est pas parvenu à sortir d'une crise financière largement due au
non-paiement de leur dette par les États-Unis.
L 'une des images fortes de l'année 1998 restera celle d'un Africain au sourire
discret parcourant les couloirs du siège new-yorkais s de l'ONU, le 23 février,
sous les applaudissements des fonctionnaires de l'organisation.
Le secrétaire
général des Nations unies rentrait tout juste d'Irak avec, en poche, un texte
qui a permis d'éviter un nouveau conflit avec les États-Unis et certains de leurs
alliés.
La veille, le 22 février, après plusieurs heures de tête-à-tête à Bagdad
avec le président Saddam Hussein, il avait obtenu de celui-ci l'engagement
écrit de lais ser les inspecteurs des Nations unies contrôler le désarmement de
son pays en visitant huit sites présidentiels suspectés d'abriter des armes
prohibées.
Jusque-là, le chef de l'État irakien avait refusé obstinément d'ouvrir
les sites en questions aux enquêteurs, provoquant l'ire des États-Unis qui
brandissaient la menace d'une nouvelle épreuve militaire, huit ans après la
guerre du Golfe.
Pour Kofi Annan, ce fut une victoire à plus d'un titre.
Outre le fait qu'il a
démontré d'ex cellents talents de négociateur, le diplomate ghanéen a prouvé
l'utilité de son organisation, au moment où
Un bilan celle-ci était forte ment contestée, et plus flatteur il s'est forgé une
sur la scène stature d'homme d'État.
Il a prouvé internationale aussi qu'il
n'était qu'au sein même pas, comme cer tains l'affirmaient, de l'organisation
États-Unis», lors «l'homme des de son élection fin 1996 avec la bénédiction de
Washington, contre le candidat de Paris, son prédécesseur Boutros BoutrosGhali.
Pour mettre sur pied sa mission de bons offices, Kofi Annan a en effet
vaincu la résistance de l'administration américaine, initialement hostile à sa
média tion, et s'est rapproché de la France, opposée à une solution de force en
Irak.
Du même coup, il a offert un gage d'indépendance.
sacres se perpétrer.
Et en refusant sa main ten due, les dirigeants rwandais ont
rappelé au secrétaire général qu'il était, à l'époque, direc tement concerné par
ces événements drama tiques en tant que responsable du département de
maintien de la paix.
Il reste que Kofi Annan a été plus actif que son
prédécesseur sur le continent noir.
Outre sa tournée du mois de mai, le
secrétaire général a accompagné les premiers pas de la démocratisation au
Nigeria en se rendant, en juillet, auprès du nouveau président, le général
Abdulsalam Abubakar, successeur de Sani Abacha, décédé en juin.
Il a, d'autre
part, appuyé les initiatives africaines de règlement de la guerre civile
survenue, début août, en République démocratique du Congo menaçant
d'embraser l'ensemble de la région.
Plutôt efficace sur la scène diplomatique, domaine dans lequel il a réussi à faire
ses preuves, le septième secrétaire général de l'ONU l'a été beaucoup moins en
ce qui concerne la résolution de la crise que traverse l'organisation.
Les
réformes qu'il avait annon cées en 1997 pour revitaliser la machine onu sienne
n'ont guère progressé, largement à cause de l'hostilité de nombreux pays en
déve loppement qui craignent de faire les frais d'une restructuration.
Et celles
qui ont pu être réalisées étaient de son seul ressort : création d'un poste de
secrétaire général adjoint, réduc tion de personnel et réorganisation du dépar
tement du désarmement.
Enfin, Kofi Annan dirige une organisation dont la
situation finan cière est de plus en plus alarmante, principale ment en raison
du non-paiement de leur dette par les États-Unis.
Ce qui ne peut que limiter
ses ambitions.
Christophe CHAMPIN
LES ÉTATS-UNIS: PRINCIPAUX RESPONSABLES DE LA CRISE FINANCIÈRE DE
L'ONU
Kofi Annan, l'Africain anglophone aura su s'imposer aux francophones.
Jason
Scenes/Sygma
L'Afrique, continent troublé dont Kofi Annan a fait une priorité, a également
beau coup mobilisé le secrétaire général de l'ONU, en 1998.
Au mois de mai,
quelques semaines seulement après son coup irakien », il a effec tué une
difficile tournée dans plusieurs pays d'Afrique de l'Est et de la région des
Grands Lacs.
C'est le Rwanda qui constituait l'étape la plus sensible.
Trois ans
après le génocide d'avril 1994, qui a coûté la vie à 800 000 Tutsis et Hutus
modérés, Kofi Annan n'a pas réussi à faire oublier que l'ONU avait alors retiré
ses soldats, en laissant les mas
À la fois premier contributeur et premier débiteur de l'ONU, les États-Unis
détiennent la clef de la crise financière que traverse l'organi sation.
Washington
est dans l'incapacité de payer une dette (environ 1,5 milliard de dollars) qui
représente bien plus que le budget annuel des Nations unies (environ un
milliard).
Résultat: l'ONU est en cessation de paiements et obligée de revoir
son rôle à la baisse, notam ment en matière de maintien de la paix.
Ainsi, le
nombre de Casques bleus déployés dans le monde est passé de plus de 70000,
en 1993, à environ 15000 en 1998.
À l'origine de la crise: l'opposition du
Congrès américain, à majorité républicaine, qui a refusé obstinément de voter
le règlement des arriérés américains.
Menés par le le très conservateur
sénateur Jesse Helms, grand pourfendeur de l'organisation onusienne, les
républicains contestent le montant même de cette dette qu'ils ramènent à
moins d'un million de dollars.
Pour Kofi Annan, qui voulait récon cilier les États-
Unis avec l'ONU», c'est un sérieux camouflet.
Certes, la Maison-Blanche a, de
son côté, affirmé à plusieurs reprises sa volonté d'en finir avec une situation
qui pourrait lui coûter son droit de vote à l'Assemblée géné rale.
Mais
Washington n'en exige pas moins une rédaction de sa quote-part, de 25 %
actuelle ment à 20% dans un délai....
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