Loin d'avoir disparu, la « nouvelle économie » a muté, transformant l'activité et l'organisation des entreprises
Publié le 09/09/2020
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«
Loin d’avoir disparu, la « nouvelle économie » a muté, transformant l’activité
et l’organisation des entreprises
C’est le 6 décembre 1996 que s’est imposé le concept de « nouvelle économie ».
L’hebdomadaire américain Business Week saluait à sa « une » l’« émergence d’une
nouvelle économie fondée sur les marchés globaux et la révolution informatique.
Depuis le début des années 1980, et de manière accélérée dans la seconde moitié
des années 1990, l’économie américaine a engagé une mutation fondamentale.
Les
investissements dans les ordinateurs et les télécommunications pèsent pour un
tiers de la croissance.
D’Internet à la télévision, de nouvelles entreprises
apparaissent presque du jour au lendemain pour tirer profit des technologies
d’avant-garde ».
Au-delà de la montée en puissance des nouvelles technologies de l’information et
de la communication (NTIC), le vocable définissait une économie des temps
nouveaux censée permettre d’en finir avec l’alternance des cycles de croissance
et de récession.
Grâce à une productivité soutenue, un réel potentiel de
croissance, combinant faible inflation et faible chômage avec des taux
d’investissement records, devait provoquer l’enchaînement vertueux d’une
«hypercroissance» sans aucun précédent dans l’histoire.
Une « troisième révolution industrielle »
Cette « nouvelle économie » sans inflation allait voir la croissance remplacer
le profit comme concept central des entreprises.
Le client y détiendrait
désormais tout le pouvoir, au détriment du fournisseur.
La concurrence y
deviendrait universelle, notamment sur Internet.
Informatique, mondialisation et
flexibilitéétaient donc réputées être au c œur d’une troisième révolution
industrielle.
Les systèmes en réseau, devenant capables de produire en fonction
des exigences particulières de chaque client, démultiplieraient le marché
potentiel.
Pour Manuel Castells [voir référence bibliographique], l’un de ses « gourous »,
la « nouvelle économie » restructurait le capitalisme, et représentait
l’aboutissement d’un mouvement lancé vingt ans auparavant.
Les nouvelles
technologies favoriseraient notamment l’expansion du commerce électronique,
l’automatisation des ordres de production et d’approvisionnement et le recours
massif à la sous-traitance.
Cette évolution de fond s’accompagnerait d’une
restructuration du marché du travail et serait une manière de donner vie à plus
d’initiative individuelle.
De 1997 à 2000, une multitude de sociétés travaillant dans le champ des
nouvelles technologies, loin d’être rentables et affichant même parfois des
pertes records, atteignaient des niveaux de valorisation extraordinaires en
Bourse.
Une véritable bulle spéculative enflait démesurément.
Les analyses
critiques du phénomène étaient alors bien rares, et inaudibles.
L’économiste
français Anton Brender soulignait pourtant magistralement dès 1999, dans Le
Nouvel Âge de l’économie américaine, que l’expansion de l’économie des
États-Unis dans la dernière décennie découlait avant tout d’une habile stratégie
microéconomique, qui se déployait dans un environnement exceptionnellement
libéral, de plus en plus flexible et déréglementé.
Les classes moyennes américaines n’épargnaient plus et consommaient sur la base
de leurs gains en Bourse.
Que ceux-ci viennent brutalement à chuter et la
fantastique progression de la consommation américaine serait dès lors rapidement
entravée, pénalisant du même coup les économies du reste du monde industrialisé.
Cette hypothèque pesait de plus en plus lourdement dès le début de l’année 2000
sur des marchés et des places financières fragilisés et déstabilisés par les
incertitudes qui menaçaient l’avenir et la fiabilité des valeurs phares de la «
nouvelle économie ».
L’éclatement de la bulle spéculative.
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