Livre premier, chapitre IV « Un père et un fils », Le Rouge et Le Noir, Stendhal (1830)
Publié le 03/05/2022
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Livre premier, chapitre IV « Un père et un fils », Le Rouge et Le Noir, Stendhal (1830)
Stendhal (1783-1842), de son vrai nom Henri Beyle, est un romancier de la 1ère partie du XIXème siècle.
Grand
amoureux, mal à l'aise avec son époque, de tempérament timide et romanesque, souffrant de l'hypocrisie de la société de
son temps, il invente pour lui-même une "méthode pratique du bonheur", le beylisme.
Dans ses romans, au style économe et resserré, Stendhal cherche "la vérité, l'âpre vérité" dans le domaine psychologique,
et campe essentiellement des jeunes gens aux aspirations romantiques de vitalité, de force du sentiment et de rêve de
gloire.
Le Rouge et le Noir est le deuxième roman publié par Stendhal en 1830.
Roman de formation (ou d’initiation), il fait le
récit de l’apprentissage de la vie d’un jeune homme, Julien Sorel, pur produit de son époque, le héros d'une France
révoltée et révolutionnaire.
Ivre d’ambition à cause de la lecture des Mémoires de Napoléon Bonaparte, il rêve de devenir
lui-même un nouveau héros, à une époque, la Restauration, qui ne permet pas à un fils de charpentier de gravir les
échelons de la société.
Comme le suggère le sous-titre du roman « Chronique de1830 », Stendhal s’inspire d’un fait
divers de 1827, au cours duquel un jeune séminariste tue sa bienfaitrice.
Au moment où se déroule cet extrait, Julien Sorel n’a pas encore été présenté.
Nous savons seulement qu’il est le fils du
charpentier et qu’il étudie le latin pour entrer au séminaire.
Mias, M.
de Rênal souhaite l’embaucher comme précepteur et le père Sorel vient le lui annoncer ; mais Julien est en train
de lire, perché sur une poutre.
Problématique : comment ce portrait en situation complète le portrait traditionnel afin de mettre en évidence les
rapports conflictuels qu’entretiennent Julien et sa famille ?
Mvt 1 : Le père Sorel à la recherche de Julien
En approchant de son usine, le père Sorel appela Julien de
sa voix de stentor1 ; personne ne répondit.
Il ne vit que ses
fils aînés, espèces de géants qui, armés de lourdes haches,
équarrissaient2 les troncs de sapin, qu'ils allaient porter à
la scie.
Tout occupés à suivre exactement la marque noire
tracée sur la pièce de bois, chaque coup de leur hache en
séparait des copeaux énormes.
Ils n'entendirent pas la
voix de leur père.
Celui-ci se dirigea vers le hangar ; en y
entrant, il chercha vainement Julien à la place qu'il aurait
dû occuper, à côté de la scie.
Il l'aperçut à cinq ou six
pieds3 plus haut, à cheval sur l'une des pièces de la
toiture.
Au lieu de surveiller attentivement l'action de
tout le mécanisme, Julien lisait.
Rien n'était plus
antipathique au vieux Sorel ;
il eût peut-être pardonné à Julien sa taille mince, peu
propre aux travaux de force, et si différente de celle de ses
aînés ; mais cette manie de lecture lui était odieuse, il ne
savait pas lire lui-même.
Ce fut en vain qu'il appela Julien deux ou trois fois.
L'attention que le jeune homme donnait à son livre, bien
plus que le bruit de la scie, l'empêcha d'entendre la
terrible voix de son père.
1 voix puissante, qui porte loin.
2 taillaient.
3 entre 1,5 et 1,8 mètre.
Mvt 2 : Une altercation violente
Enfin, malgré son âge, celui-ci sauta lestement4 sur
l'arbre soumis à l'action de la scie, et de là sur la poutre
transversale qui soutenait le toit.
Un coup violent fit voler
dans le ruisseau le livre que tenait Julien ; un second coup
aussi violent, donné sur la tête, en forme de calotte5, lui fit
perdre l'équilibre.
Il allait tomber à douze ou quinze pieds
plus bas, au milieu des leviers de la machine en action,
qui l'eussent brisé, mais son père le retint de la main
Puissance du père (paysan) associée aux fils aînés :
> détails : PSR x2
> hyperboles associés à violence (CL)
> proche du genre du conte
> occupés à travailler (« répondre » + « entendre » a/
négation)
Désobéissance Julien (opposition a/ obéissance frères) >
cf.
volonté Julien = sortir de sa voie tracée
Position symbolique Julien : hauteur (intellectuel et
rêveur) et isolement de sa famille
Proposition infinitive souligne colère du père
Superlatif et adverbe intensité > mépris pour lecture (CL
dédain) < analphabète
Irréel du passé > reproches : physique
: association lecture à
féminité et bourgeoisie
CCM
Miroir inversé entre fils aînés et Julien :
> parallèle ligne noire (« marque noire » / « livre »)
> « entendre » x2
> « la voix de leur père »/ « la terrible voix de son père »
> colère a/ hyperbole
Père en mouvement : double action (homologie entre
père et machine tjs en mouvement)
Brutalité père (répétition)
Chute livre dans eau = symbolise et annonce déchéance
sociale future de Julien
Chute fatale retardée de main gauche (sinistra) =.
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