Living Theatre

« 1 / 2 21 juin 1967 Série C-34 Fiche N• 1836 Living Theatre 1.

En 1961, le Living Theatre de New York a reçu à Paris le Prix du Cercle de la critique pour la meilleure compagnie d'art dramatique.

Mais sa participation à la saison du Théâtre des Nations en 1966 fut jugée déconcertante.

Ce théâtre d'essai, dont personne ne conteste l'authenticité de l'effort et la perfection de la formation des acteurs, qui jouit d'une réputation mondiale, surtout parmi les comédiens, choisit son répertoire parmi les pièces susceptibles d'amener le contact le plus étroit entre la scène et la salle.

Pourtant, il provoqua des manières d'émeutes à Rome, des bagarres à Venise et la fermeture de la salle par la police à Vienne et à Trieste.

2.

Fondé en 1951 par Judith Malina et Julian Beek, qui le dirigent toujours, le Living Theatre se veut (c'est la traduction de son nom) un théâtre vivant.

Son auteur favori, .Jack Gelber, fonde ses pièces («The Connection .....

The Apple») sur un réalisme exacerbé.

Elles apparaissent comme des documents, documents sur les beatniks drogués dans ..

The Connection ...

documents sur les comédiens du Living Theatre dans ..

The Apple ...

3.

Ce réalisme, qu'il ne faut pas confondre avec le naturalisme (les décors de Judith Malina ne visent nullement à créer l'illusion théâtrale), consiste en la « re­ création ..

spontanée d'une réalité sous les yeux des spectateurs, création qui se refuse à une organisation ou une progression de l'action.

Le théâtre ainsi conçu devient une sorte de " happening », mais sans gratuité complaisante.

Dans ..

Mysie­ ries "• un acte du Living Theatre, le texte est à peu près inexistant.

J.

Beek s'assied en tailleur sur la scène et lance au public une série de pseudo-chants liturgiques de colère dénonçant les préjugés raciaux, la guerre du Vietnam, la police ...

et le public reprend invariablement en chœur.

4.

J.

Beek pense 'que les acteurs du Living Theatre ont le sentiment d'accomplir un véritable devoir " parce qu'ils participent en partie à la révolution de notre temps "· Ces acteurs sont formés avec la plus grande rigueur, selon la tradition de Stani­ slavski, à s'identifier de façon hallucinante à leurs personnages.

Les mises en scène de Judith Malina, pleines d'audace, participent à la fois des théories de Brecht inci­ tant les spectateurs à une attitude critique et de la.magie théâtrale d'Artaud par la participation très poussée du public.

5.

Depuis 1964, le Living Theatre (32 personnes dont 12 survivants du groupe origi­ nel) est ambulant et se produit en Europe (il a joué dans 80 villes de 12 pays).

En 1963 il a été expulsé de son foyer new-yorkais parce qu'il ne pouvait pas payer ses impôts et ses deux fondateurs.

ont fait deux mois de prison pour offense à la Cour.

Depuis lors la vie de la compagnie a été souvent difficile.

Elle n'a subsisté que grâce au désintéressement de ses membres, à leur union et à leur amour passionné du théâtre.

Cette troupe américaine, avec son répertoire de gauche (Gelber, Brown, Genet, Brecht), paraît avoir trouvé son meilleur public dans les provinces euro­ péennes.

Beek déclare: ..

Nous disons tous ..

non » aux choses telles qu'elles sont et les gens simples des petites villes de Yougoslavie et d'Italie ont l'air de nous comprendre "· 2 / 2. »