LITTERATURE & PSYCHANALYSE: Sarraute Nathalie - Enfance
Publié le 20/03/2022
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«
LITTERATURE & PSYCHANLYSE
Le XXe siècle est une époque profondément marquée par la guerre.
Dans un tel
contexte, un véritable questionnement s’opère chez tous, et notamment chez les artistes.
Le monde semble ne plus avoir de sens.
Il est temps d’en chercher un autre.
Chez les artistes,
cela se manifeste
par des mutations des pratiques de création.
Les écrivains n’échappent pas à la règle.
C’est
l’avènement du Nouveau Roman, qui cherche à remplacer le romanesque traditionnel par un
réalisme nouveau, souhaitant dire différemment.
Le Nouveau Roman sera au cœur des réflexions sur le statut de l’écrivain ainsi que le lien
entre ce dernier et son œuvre.
Et dans le cadre du Nouveau Roman naît ce qu’on appelle la
nouvelle autobiographie, qui s’interroge sur les dangers, les limites et les pièges que présente
la mémoire lors du récit de sa vie.
C’est dans ce contexte que Nathalie Sarraute écrit son autobiographie Enfance publiée en
1983.
Femme de lettres d’origine russe, elle a vécu, pour donner suite à la séparation de ses
parents, entre la France, la Russie et la Suisse.
Initialement avocate, elle est radiée du barreau
en vertu des lois promulguées contre les juifs en 1940, et décide alors de se consacrer à la
littérature.
Elle écrira ainsi des romans, des pièces de théâtre et des essais.
En 1983 elle se consacre pour la toute première fois à l’écriture d’une autobiographie qu’elle
intitule Enfance , œuvre autobiographique qui se présente comme un dialogue à deux voix,
entre l’auteur et son double, son autre Moi.
Elle expose ainsi au lecteur ses souvenirs
d’enfance des premières années de sa vie (jusqu’à ses 11 ans).
Dans cette œuvre profondément introspective, Sarraute a pour projet de se livrer dans toute sa
vérité.
Mais comment faire preuve de sincérité en parlant de soi sans tomber dans les pièges
de la mémoire ? Pour ce faire, Sarraute se livre à un véritable récit autobiographique
répondant aux codes du genre (tout en les déjouant), qui met en relief les enjeux de
l’entreprise autobiographique, mais également les difficultés de cette dernière .
Enfance de Nathalie Sarraute est indéniablement un récit autobiographique .
L’ouvrage présente en effet les caractéristiques de l’autobiographie .
L’autobiographie est un terme composé de trois mots qui sont : « graphein » qui signifie
« écrire » ou « peindre » en grec, « auto » qui signifie « soi-même » en grec et « bio » du grec
ancien et du latin dont les significations sont « vie » ou « existence ».
Selon Philippe Lejeune, le critère principal est celui de l’identité entre l’auteur, le narrateur et
le personnage principal.
C’est bien le cas ici avec le lien entre l’auteure Nathalie Sarraute, les
deux voix qui alternent pour prendre en charge la narration et celle de l’héroïne Natacha, qui
correspond en fait au nom russe de Nathalie Sarraute avant son mariage.
Le principal pronom utilisé est celui de la première personne, « je », comme on le voit dans
l’un des épisodes racontés dans Enfance , celui du Jardin du Luxembourg : « J’étais assise,
encore au Luxembourg, sur un banc du jardin anglais, entre mon père et la jeune femme qui
m’avait fait danser dans la grande chambre claire de la rue Boissonnade.
Il y avait, posé sur le
banc entre nous ou sur les genoux de l’un d’eux, un gros livre relié… Il me semble que
c’étaient les Contes d’Andersen.
» Le point de vue est interne, c’est bien celui qu’on s’attend
à trouver dans le cadre d’une introspection ; et le choix des temps indique bien qu’il s’agit
d’événements du passé, puisqu’elle nous raconte sa vie..
»
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