Linéaire le gland et la citrouille
Publié le 22/04/2024
Extrait du document
«
Séquence 1 : l’argumentation du XVIème au XVIIIème siècle
Corpus : rire et savoir
Lecture linéaire 1 : Jean de La Fontaine, « le Gland et la Citrouille », 1678
Introduction de lecture linéaire :
-présenter l’auteur et son œuvre
-présenter le texte ou l’extrait
-lire le texte
-dégager la structure du texte et annoncer un projet de lecture
Jean de La Fontaine est un auteur classique du XVIIème siècle.
Il est surtout connu pour ses
fables, dans lesquelles, il analyse les moeurs de son temps et développe des morales, tout en
renouvelant ce genre ancien, grâce à ses récits vivants, variés, développées, et poétiques.
C’est en 1678 qu’il publie le second de ses trois recueils de fables : le texte que nous allons
étudier s’intitule « le gland et la citrouille », et appartient précisément au livre IX de ce second
recueil.
Cette fable nous conte les mésaventures d’un villageois trop présompteux
(=orgueilleux).
Lecture du texte
Structure :
Vers 1 à 3 : moralité et annonce de l’exemple qui va être développé
Vers 4 à 19 : premier acte : le villageois veut donner une leçon à Dieu (observation et premier
discours)
Vers 20 à 31 : deuxième acte : la nature donne une leçon au paysan (deuxième discours de
Garo)
Vers 32, 33 » : dénouement narratif et conclusion.
(Structure fondée sur un retournement de situation comique, et sur une dimension très
théâtrale (beaucoup de discours)
Projet de lecture (=problématique) : comment le fabuliste s’y prend-il pour traiter sur un mode
burlesque (=comique reposant sur un décalage) une réflexion à la fois morale et métaphysique ?
ETUDE LINEAIRE :
-le titre :
Titre de fable comportant comme souvent chez La Fontaine, deux substantifs reliés par la
conjonction « et » : ici les deux protagonistes annoncés appartiennent au monde végétal, ce qui
est rare.
Nous verrons que chacun de ces deux éléments correspondra à un des deux actes du récit, mais
le titre inverse leur ordre d’apparition dans le récit, puisque c’est d’abord la citrouille qui va être
observée par Garo, puis le gland qui va tomber.
1
Notons enfin que ce qui est mis en valeur dans le titre, ce n’est pas le villageois, mais la leçon
qui va lui être donnée par les éléments de la nature, ce qui suggère la supériorité de celle-ci.
Vers 1 à 3 : moralité et annonce de l’exemple qui va être développé :
Citations
procédés
interprétations
« Dieu fait bien ce qu’il fait » Premier mot du texte
Dieu mis en valeur, premier
mot de la fable : hommage
(mot repris dans le dernier
vers), La Fontaine prend ici
position dans un débat qui
opposait les adeptes de la
tradition
religieuse
aux
libertins.
Annonce de la thèse dès le
premier
hémistiche :
perspective créationniste (
Dieu a créé le monde) ; la
perfection du monde crée par
Dieu révèle son existence et
sa supériorité).
Déf : le libertinage apparaît
au17ème siècle : il désigne
alors
un
courant de pensée qui
rejette
les
croyances
religieuses.
« Dieu/ fait/ bien /ce/ qu’il/ Présent de vérité générale+ Le texte commence par une
fait.
»/
phrase très brève (6 syllabes, moralité : très brève, celle-ci
premier
annonce
de
manière
hémistiche)+modalité
catégorique la perfection de
assertive(=phrase
Dieu.
La dimension du texte
déclarative)+répétition
est
donc
d’abord
(« fait »)
métaphysique, avant d’être
morale (métaphysique =
réflexion
philosophique
portant sur Dieu, l’âme, la
mort..)
« Sans en chercher la Enjambement du vers 1 à 2 Tonalité
ironique :
des
preuve/En tout cet univers, et qui met en valeur le philosophes (Aristote, Saint
l’aller parcourant »
Complément de lieu, déjà Thomas d’Aquin) ont prouvé
hyperbolique
l’existence de Dieu par
-Participe
présent : l’argument
cosmologique
« parcourant »
(=science qui étudie l’univers)
2
/Dans / les/ ci/trou/illes/ je/ la -Passage à un vers court :
/trouve/
octosyllabe : effet de chute
-Inversion :
complément
(« Dans les citrouilles ») placé
en tête de vers : mise en
valeur de ce mot accentuée
également par le e tonique
(« citrouille »)
-opposition :
« sans
en
chercher »vers1/ »je
la
trouve »vers 3 (introduction
d’un narrateur fabuliste avec
le
pronom
première
personne)
Décalage
burlesque (=comique
qui
repose sur un décalage) : le
narrateur fabuliste résout un
problème métaphysique à
l’aide d’un cucurbitacée
(élément trivial =terre à
terre).
Annonce l’exemple et le récit
à venir et témoigne de
l’efficacité argumentative de
l’apologue.
Vers 4 à 19 : acte premier, le villageois donne une leçon à Dieu :
Un villageois
Article indéfini
Personnage
anonyme,
appartenant au peuple
Un/
vi/lla/geois/ -Octosyllabe et enjambement Rapidité dans la mise en place
con/si/dé/rant/Combien ce -Adjectif démonstratif : ce de l’histoire
fruit est gros
fruit
(reprend
« les
citrouilles » du vers 3)
Combien ce fruit est gros et sa Antithèse et parallélisme
Perception d’une incohérence
tige menue
apparente : tige inadaptée à
la lourdeur du fruit
A quoi songeait, dit-il, Discours direct
Passage au discours direct,
l’auteur de tout cela ?
texte vivant et théâtral, début
rapide
Périphrase (l’auteur de tout Question
moqueuse
du
cela= Dieu), verbe dépréciatif villageois
(« songeait »), et modalité
interrogative
IL a bien mal placé cette Modalité exclamative, et
citrouille-là !
adverbe
d’intensité(« bien
mal)
Hé parbleu !
interjection
Surprise du villageois devant
tant ce qu’il prend pour une
erreur divine
Ancien blasphème (parbleu se
disait pardieu) : familiarité du
ton
Sentiment de supériorité de
3eme Garo à l’égard du divin
Je l’aurais pendue (/il a placé Opposition entre :
vers 7)
-pronom 1ere et
A l’un des chênes que voilà.
personne
-conditionnel et indicatif
3
C’eût été justement l’affaire
subjonctif plus que parfait et
(=hypothèse) ; familiarité du
propos (« l’affaire » désigne
l’ordonnancement du monde)
Tel/ fruit/, tel/ ar/bre/pour/ Adverbe « bien » reprend
bien/ faire/
« justement »
du
vers
précédent, et s’oppose à
« mal » du vers 7(« il a bien
mal placé »)
Répétition (« tel ») et accent
tonique (« arbre....
»
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