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L'inconscient peut il servir d'alibi a la conscience

Publié le 15/05/2020

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« Introduction Il est fréquent, en justice, de voir des prévenus et leurs défenseurs invoquer des motifs psychologiques ou mêmepsychanalytiques au titre de circonstances atténuantes.

Le libellé, qui demande si pareil recours peut aller jusqu'àl'excuse, n'échappe pas à cette tonalité judiciaire.

L'inconscient peut-il me disculper, m'ôter toute responsabilité ? Sila question se pose, c'est qu'en recourant à l'inconscient on recourt à une théorie déterministe, qui nie la liberté dela pensée et de l'action humaines.

Mais n'y a-t-il pas un peu trop de facilité à instrumentaliser ainsi la théorie, à enfaire le moyen magique d'échapper à nos responsabilités ? Même en prenant en compte une théorie « dure » del'inconscient, faut-il conclure que ma pensée et mon action perdent toute liberté ou est-ce que j'en demeure aucontraire irréductiblement responsable Lignes directrices. I.

Admettre l'hypothèse d'un inconscient psychique, c'est l'admettre d'avance comme déterminante. Dans sa formulation freudienne, l'hypothèse de l'inconscient fait système, etelle exprime très clairement un déterminisme.

Freud nie la liberté de l'esprit.L'inconscient fait donc destin, et il suffit d'invoquer cette théorie pour mettreen évidence que je ne suis pas l'auteur réel de mes pensées et de mes actes.L'inconscient semble donc pouvoir fonctionner comme une excuse, un alibi. Freud va être amené à concevoir que bon nombre de maladies, mais aussi d'actes quotidiens s'expliquent si l'on admet l'hypothèse del'inconscient.

Il y aurait en nous u « réservoir » de forces et de désirs (ou pulsions) dont nous n'aurions pas conscience, mais qui agiraient sur nous..Pour le dire brutalement, en ce sens, l'homme n'agirait pas (ne choisirait passes actes e toute connaissance de cause, dans la clarté), mais serait agi(c'est-à-dire subirait, malgré lui, des forces le contraignant à agir) : il neserait pas « maître dans sa propre maison », il ne serait pas maître de lui. Empruntons à Freud un exemple simple.

Un président de séance, à l'ouverture dit « Je déclare la séance fermée » au lieu de dire « Je déclare la séance ouverte ».

Personne ne peut se méprendre sur ses sentiments ; il préférerait ne pas être là.

Mais ce désir (ne pas assister au colloque) ne peut s'exprimerdirectement, car il heurterait la politesse, les obligations sociales,professionnelles, morales du sujet.

Notre président subit donc deux forcescontraires : l'une parfaitement en accord avec les obligations conscientes, l'autre qui ne l'est pas et qui ne peut s'exprimer directement, ouvertement.

Il y a donc conflit, au sein du mêmehomme, entre un désir conscient, conforme aux normes morales et un autre désir plus « gênant ».

Or, dans notre exemple, ce second désir, malgré la volonté de politesse du président, parvient à s'exprimer, mais de façondétournée, anodine : on dira que « sa langue a fourché ». Ici, l'exemple est simple dans la mesure où le président a sans doute parfaitement conscience qu'il ne veut pas êtrelà.

Mais dans bon nombre de cas, quand ma langue fourche, je ne sais pas pourquoi, c'est-à-dire que j'ignore moi-même ce qui me pousse à dire tel mot plutôt qu'un autre.

Or pour Freud le cas est exactement identique et s'interprète de même, comme le conflit entre deux désirs dont l'un est gênant et peut être ignoré par le sujet.

Il n'ya pas d'actes innocents ou anodins.

Tous sont révélateurs d'un affrontement en moi de deux forces. L'hypothèse Freud ienne de l'inconscient revient à dire que bon nombre d'actes « normaux » (oubli, actes manqués, rêves), mais aussi « maladifs », pathologiques (névroses, psychoses, obsessions) s'expliquent en gros selon le même schéma.

L'individu subirait un conflit psychique (dans son âme), conflit parfois extrêmement violent entre les normesconscientes (morales, esthétiques, sociales) et des désirs qui bousculent et négligent ces règles.

Ce second groupede désirs, le sujet les trouverait, s'il en avait conscience, tellement monstrueux, qu'ils ne peuvent parvenir à laconscience que sous une forme voilée, déformée, indirecte : le lapsus, le rêve, ou le symptôme maladif. Le symptôme est donc un compromis entre le désir inconscient et inavouable que je subis, et les normesconscientes et morales que j'accepte.

« Le moi n'est pas maître dans sa propre maison » signifie que je n'ai pas conscience et que je ne maîtrise pas, ne contrôle pas une bonne part de ce qui se passe en moi-même, ce conflit,ce symptôme. L'hypothèse de l'inconscient est donc qu'une bonne partie de ce qui se passe en moi (dans mon âme, ma psyché) nem'est pas connu, m'échappe, et cependant influe sur moi.

C'est ainsi qu'il faut comprendre notre passage : lapsychanalyse se propose de « montrer au moi qu'il n'est seulement pas maître dans sa propre maison, qu'il en est réduit à se contenter de renseignements vagues et fragmentaires sur ce qui se passe, en dehors de sa conscience,dans sa vie psychique ».

La plupart des choses qui se passent dans l'âme échappent à la conscience. Pour Freud , o a surestimé le rôle de la conscience dans la vie de l'âme, et ainsi on s'est privé des moyens : ¨ De comprendre bon nombre de phénomènes comme les lapsus et les rêves ;. »

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