L'ile des esclaves I,1
Publié le 31/05/2024
Extrait du document
«
MARIVAUX, L’ÎLE DES ESCLAVES I,1
Marivaux écrit sa dixième pièce L’île aux esclaves » en 1725 il s’agit de la première d’un
genre nouveau, la comédie philosophique qui naît durant le siècle des Lumières.
Arlequin et Iphicrate viennent d’échouer, dans cette première scène, sur une île utopique où
sous l’autorité de Trivelin, un ancien esclave, les maîtres deviennent esclaves et les esclaves
deviennent maîtres.
Une dispute éclate entre le maître : Iphicrate et l’esclave : Arlequin En
effet, le premier comprend que cette île menace son pouvoir tandis que le deuxième, célèbre
personnage de la commedia dell’arte, savoure, par avance, la liberté qui va être la sienne sur
cette île idéale.
Comment Marivaux met-il en scène dès le début de la pièce une inversion des rôles
maître/valet qui lui permet de mener de façon divertissante une réflexion sociale et
morale ?
Nous verrons dans un premier mouvement la critique d’Arlequin, puis le nouveau contrat
social et enfin la réaction d’Iphicrate
I/ La critique d’Arlequin de « Mon cher patron » jusqu’à » n’es-tu plus mon esclave ? »
*La réplique d’Arlequin s’ouvre sur l’apostrophe : « mon cher patron » (l 1) Il s’adresse à
Iphicrate avec énormément d’ironie en témoigne l’antiphrase : « vos compliments me
charment ».
La suite de la phrase dénonce la maltraitance que lui a fait subir son maître : «
vous avez coutume de m’en faire à coups de gourdin » (l 2).
Toutefois, la conjonction de
coordination « et » montre que les rapports de force sont désormais inversés : « et le gourdin
est dans la chaloupe » (l 2) autrement dit Iphicrate ne peut plus rien contre son esclave,
puisque « le gourdin » symbole de l’autorité du maître se trouve dans la chaloupe, symbole de
l’ancien monde..
*Le maître se défend en évoquant leur amitié via une interrogation totale : « ne sais-tu pas que
je t’aime ? » (l 3).
Arlequin est obligé de répondre « oui » mais il s’oppose immédiatement de
façon beaucoup plus forte avec le lien d’opposition « mais » : Arlequin s’affranchit du lien
qui existait entre eux et fait, à nouveau, référence aux mauvais traitements reçus lorsqu’il était
au service d’Iphicrate grâce à un euphémisme : « les marques de votre amitié tombent
toujours sur mes épaules «.
Dans une métaphore filée, les coups de gourdin sont tout d’abord
assimilés à des compliments : Arlequin joue sur la polysémie du mot « marques » puisque les
« marques d’amitié » sont comparées aux bleus qu’il a sur l’épaule à force d’être frappé.
Ces
marques ne sont pas bonnes à recevoir ! Arlequin se montre particulièrement insensible, ce
qui note le basculement des rôles : il va presque jusqu’à souhaiter la mort des autres serviteurs
de la maison par le parallélisme « s’ils sont morts…s’ils sont envie ..
; » Grâce au verbe «
goberger » (s’en moquer), Arlequin affiche le mépris le plus total pour l’avenir d’Iphicrate.
*Ce dernier s’apitoie sur son sort ce qui est mis en évidence par le pronom personnel : « moi »
: « Mais j’ai besoin d’eux, moi.
» mais il a face à lui un esclave qui affiche son désintérêt
comme le révèle l’adverbe « indifféremment »
*L’insulte : « Esclave insolent ! » accentuée par le point d’exclamation montre qu’Iphicrate
perd son calme face à la révolte d’Arlequin, révolte qu’il ne peut empêcher.
La didascalie «
riant » et l’interjection : « ah ! ah » indiquent qu’Arlequin se moque de la colère de son maître
car il sait que sur l’île des esclaves il ne peut rien contre lui.
Il est vrai qu’il présente le
langage des maîtres comme une langue qu’il ne parle désormais plus, comme une langue
étrangère : « vous parlez la langue d’Athènes; mauvais jargon que je n’entends plus.
» : à
travers le mot « jargon », Marivaux dénonce le langage manipulateur et trompeur
*L’interrogation totale d’Iphicrate : « Méconnais-tu ton maître, et n’es-tu plus mon esclave ?
» permet à Arlequin de mettre en place un nouveau contrat social.
C’est que nous allons
étudier dans un deuxième mouvement.
II/ Un nouveau contrat social : une visée morale : de « je l’ai été » jusqu’à « prends-y
garde"
Nous pouvons remarquer que la didascalie : « se reculant d’un air sérieux » révèle que la
longue prise de parole qui va suivre n’est plus dite sur le ton de l’ironie, sur le ton de la
comédie comme précédemment.
Arlequin emploie le....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- analyse de l'ile des esclaves, scène XI
- Analyse de la scène 1 de l'Ile des Esclaves
- Dom juan, l'ile des esclaves, ubu roi, la cantatrice chauve, andromaque, phedre, antigone, les bonnes.
- En vous appuyant sur Huis Clos de Sartre, L'Ile des Esclaves de Marivaux et Phèdre de Racine, vous vous demanderez de quelles ressources dispose le théâtre pour représenter les débats, les affrontements et les conflits qui peuvent exister.
- Ile des esclaves Marivaux analyse: La thématique maitre/valet au théâtre